Bayrou répond à Driencourt : «Focaliser sur les Algériens est une erreur !»
Par Nabil D. – L’ancien ministre français de l’Education a estimé que ceux qui se braquent sur la communauté algérienne pour dénoncer les problèmes d’immigration font fausse route. «Je veux dire tout simplement que si vous focalisez la totalité du problème sur cette question, sur la question de l’Algérie, à mon avis, vous vous trompez», a soutenu François Bayrou sur le plateau de CNews, qui enchaîne les débats sur l’accord algéro-français de 1968, en écho aux sorties de l’ancien ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt, qui en fait un abcès de fixation.
«Il y a des responsables algériens qui pensent que ces accords [l’accord de 1968, ndlr] ne sont pas bons, y compris parfois des responsables de premier plan», a assuré le patron du MoDem, un parti du centre qui a participé au gouvernement d’Edouard Philippe durant le premier mandat d’Emmanuel Macron. «Il y a entre deux millions et deux millions et demi d’Algériens en France qui sont des ressortissants qui y travaillent et qui y vivent, et l’idée qu’on focalise sur l’Algérie pour les problèmes que nous avons est une idée à discuter», a-t-il insisté.
Une campagne pour dénoncer l’accord de 1968 qui accorde un certain nombre de droits aux Algériens en France a été lancée par le diplomate à la retraite qui s’acharne sur cette question, si bien qu’il est malaisé de croire qu’il ne s’agit que d’un avis personnel exprimé à travers les médias. Ce n’est, d’ailleurs, pas un hasard si la sortie de Xavier Driencourt a été suivie par celles de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et de l’actuel président du Sénat, Gérard Larcher, qui abondent dans le même sens que l’ex-ambassadeur. Il semble, en effet, que ce brouhaha participe d’une préparation de l’opinion française mais également des autorités algériennes à une demande, sinon d’une résiliation pure et simple du moins d’une révision en profondeur de ce texte dont on estime, du côté français, qu’il serait anachronique.
Comme l’a affirmé François Bayrou sur CNews ce dimanche matin, même en Algérie on pense que l’accord de 1968 nécessite une mise à jour, de sorte à garantir davantage les droits des Algériens vivant en France ou voulant s’y installer, ceux-ci [les droits] étant rarement respectés, notamment en matière de délivrance de visas qui est maintenue à son niveau le plus bas malgré l’annonce du président français et de son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui avaient déclaré que la décision de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens était levée et que tout était désormais rentré dans l’ordre. Une annonce démentie dans les faits par le nombre de refus toujours aussi élevé – qui atteint jusqu’à 90% –, poussant les demandeurs à se tourner vers l’Espagne malgré le gel du Traité d’amitié avec ce pays par l’Algérie.
N. D.
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