Messages codés du Russe Poutine au Français Macron via l’Algérien Tebboune
Par Karim B. – On se souvient de cette image humiliante du président russe tenant son homologue français à distance lors de sa dernière visite à Moscou dans le but, affirmait-il faussement, d’éviter la guerre en Ukraine. Vladimir Poutine avait tous les éléments d’information en main. Il savait d’avance que la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et avec eux d’autres pays de l’Union européenne n’avaient aucunement l’intention de convaincre le régime de Kiev de ne pas s’aviser de jouer avec le feu en rapprochant l’OTAN au plus près des frontières de la Fédération de Russie pour le compte des Etats-Unis. L’accueil froid que le locataire du Kremlin avait réservé au président français «stagiaire» en matière de géopolitique tranche totalement avec celui auquel a eu droit le chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, ce vendredi, reçu avec les honneurs.
Ce contraste criant est en lui-même un premier message à la France officielle. Vladimir Poutine a voulu montrer toute l’amitié qu’il voue à l’ancienne colonie française et, pour cela, il n’a pas manqué de rappeler le soutien précieux apportée par l’ex-URSS à l’Algérie combattante entre 1954 et 1962, épaulée diplomatiquement et militairement dans sa guerre contre la France et, derrière elle, l’OTAN complice. Si le président russe a tenu à aborder cette période de l’histoire contemporaine de l’Algérie, c’est bien aux Français qu’il s’adresse pour les mettre devant leur responsabilité historique dans les crimes contre l’humanité et les atrocités que la France coloniale a commises durant l’occupation et la Guerre de libération nationale.
Le président russe a également rappelé les essais nucléaires dans le Grand Sud algérien pour lesquels elle devra bien être jugée un jour ou l’autre. Ces rappels utiles faits par Vladimir Poutine sont un clin d’œil à la guerre en Ukraine où la France s’est, dès le début de l’opération militaire russe, fait le porte-voix zélé du régime de Kiev avec lequel elle partage les abominations commises dans le Donbass par l’armée de Volodymyr Zelenski, sans que l’Occident bouge le petit doigt pour venir en aide aux populations victimes des mêmes crimes de guerre que ceux dont l’ancienne puissance coloniale s’est rendu coupable en Algérie de 1830 jusqu’à 1962.
L’ombre de la guerre que se livrent la Russie et les Etats-Unis en Ukraine a plané sur le débat qui a clôturé la visite d’Etat de trois jours effectuée par le président Tebboune en Russie. Le président russe a voulu démontrer à l’Occident qu’au travers d’un pays jaloux de sa souveraineté et de sa liberté de décision comme l’Algérie, un nouveau monde est en train de naître, dans lequel d’autres Etats, jusque-là timorés, en prendront de la graine et s’armeront de courage pour dire non au diktat de l’OTAN et de son chef de file, les Etats-Unis, un pays en déclin face à un monde qui se réveille enfin de sa longue léthargie et qui voit le vrai visage de cette fausse puissance qui a reçu une raclée au Vietnam et ne remporte ses guerres que dans les fictions hollywoodiennes.
K. B.
Comment (23)