Les consuls d’Algérie en France non agréés trois mois après leur nomination
Par Abdelkader S. – Nous avons appris de sources informées que les consuls et consuls généraux nommés en France n’ont toujours pas obtenu leur agrément, trois mois après leur désignation par le ministère des Affaires étrangères. Nos sources précisent que leurs collègues affectés dans d’autres pays ont tous eu le leur dès leur prise de fonctions. Cet atermoiement qui en dit long sur la nature des relations que Paris entretient avec notre pays se greffe à une multiplication des appels à dénoncer l’accord de 1968, devenu une véritable obsession pour la classe politique française. Ce mardi même, des députés de droite ont fait pression sur la ministre des Affaires étrangères à l’Assemblée française pour mettre fin à ce document qui accorde des droits «spécifiques» à la communauté algérienne établie en France.
Ainsi, nos sources précisent que les consulats de Nanterre, de Montpellier, de Nice, de Metz, ainsi que ceux de Melun et de Rouen, récemment ouverts, sont dépourvus de consuls, tandis que, poussant l’aberration jusqu’au bout, le Quai d’Orsay a accordé l’agrément à celui de Marseille mais ce dernier attend toujours d’obtenir son visa.
Cette campagne acharnée contre l’accord de 1968 cache mal une tendance de la France officielle à vouloir exercer une pression insidieuse sur son ancienne colonie, qui répugne à se faire dicter sa politique étrangère et refuse toute ingérence dans ses affaires intérieures. Une campagne confirmée du reste par les refus de visas aux Algériens qui atteignent jusqu’à 95% et concernent même des catégories de citoyens qui, normalement, y ouvrent droit dans le cadre de leur travail ou de leur statut et, plus grave, par une frénésie collective au sujet de l’hymne national algérien et plus précisément sur un couplet qui tance la France coloniale et lui promet de la chasser d’Algérie par les armes.
Ces événements qui se télescopent montrent, en tout cas, que les rapports entre les deux pays ne sont pas au beau fixe, contrairement aux discours officiels lénifiants et éminemment diplomatiques. Dans les faits, il n’y a aucune évolution dans la position des dirigeants français et algériens qui pourraient faire entrevoir quelque rapprochement ou apaisement. Le récent voyage du président Tebboune en Russie, où il a été reçu en grande pompe par Vladimir Poutine et les plus hauts dirigeants de ce pays ami, a achevé de contrarier l’Elysée et le Quai d’Orsay qui ont actionné leurs leviers habituels pour lancer des attaques biaisées par le truchement de voix officieuses, à l’instar de Xavier Driencourt et Bernard-Henri Lévy, entre autres.
Ce brouhaha contraste étrangement avec le silence de cathédrale de l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, peu enclin à s’exprimer sur ces dossiers sensibles alors qu’il est censé en avoir la compétence et la réactivité puisque ceux qui l’ont désigné à ce poste névralgique ont jugé qu’il était le diplomate le plus exercé pour occuper le 50, rue de Lisbonne, nonobstant son échec en Espagne où le gouvernement socialiste a surpris l’Algérie par son revirement dans le dossier sahraoui manigancé avec le Makhzen sans qu’il ait été en mesure d’anticiper et de prévenir la traîtrise de Pedro Sanchez.
Y a-t-il eu une erreur de casting ? Nous le saurons bien assez tôt, lors du prochain mouvement diplomatique.
A. S.
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