Hymne national : Ahmed Attaf remet les pendules à l’heure à partir de Rome
De Rome, Mourad Rouighi – Entamant son tour européen à Rome, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté à l’étranger, Ahmed Attaf, s’est longuement entretenu hier avec son homologue italien, Antonio Tajani, abordant avec lui tous les thèmes d’intérêt commun et convenant de devoir à l’avenir multiplier de telles occasions de concertation et d’échange de vues. Un tour qui le conduira par la suite à Belgrade et à Berlin.
Profitant de ce bref séjour romain, le chef de la diplomatie algérienne a voulu, à travers un média italien, revenir sur les déclarations faites par la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, au sujet d’un couplet de l’hymne algérien Kassaman, cher à tous les Algériens, veillant par la même occasion à remettre les pendules à l’heure.
Tout d’abord, Ahmed Attaf n’a pu cacher sa stupeur devant l’ingérence flagrante de son homologue française qui «s’est arrogé le droit d’exprimer son opinion sur l’hymne national algérien», enfreignant ainsi les règles de base de la bienséance diplomatique.
«Peut-être voudrait-elle aussi critiquer la musique de l’hymne national. Peut-être que la musique ne lui convient pas non plus.»
Et le ministre algérien des Affaires étrangères de poursuivre : «Il semble que certains partis ou hommes politiques français pensent que le nom Algérie est devenu facile à utiliser à des fins politiques.
Attaf a ajouté : «Ils parlent maintenant d’accords concernant la résidence des Algériens en France. Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi il devrait y avoir autant de bruit. Comme je l’ai mentionné plus tôt, certaines personnes adoptent ce genre de positions à des fins clairement politiques.» Un ton, celui du chef de la diplomatie nationale, qui a le mérite d’être clair et sans fioritures !
D’ailleurs, cette ingérence inacceptable a également été commentée à Rome par nombre de diplomates chevronnés. L’un d’eux, passé par Alger et par Paris, nous avait confié, la semaine dernière, que, de toute évidence, le nouveau cours français est en mal de cohérence et gagnerait à mettre à jour son logiciel de paramètres de valeurs.
La France, nous a-t-il dit, cultive avec engouement certaines mémoires (même celles hors son sol) mais en bafoue la plus importante ! De 1830 à 1962, huit millions d’Algériens ont péri pour avoir voulu vivre libres sur leur terre. Un génocide a même été tenté, échouant face à l’esprit de résistance et de l’héroïsme de tout un peuple.
«Un peu de retenue aurait grandi Madame Colonna, d’ailleurs je lui souhaite de mieux puiser l’histoire pour que justice abreuve les sillons de sa mémoire et celle de la France.»
M. R.
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