Ce que les activités d’espionnage de l’israélien NSO impliquent pour l’Algérie
Par Abderrahmane Mebtoul – Les récentes révélations d’espionnage du programme Pegasus posent la problématique de la sécurité nationale et de la maîtrise des nouvelles technologies reposant sur le savoir. Mais si les experts militaires s’accordent sur le fait que l’espionnage a existé depuis que le monde est monde, aujourd’hui, avec des méthodes de plus en plus sophistiquées, avec l’avènement des cyberattaques, il appartient à chaque nation d’utiliser des moyens encore plus sophistiqués pour se protéger.
Le programme phare de NSO nommé Pegasus, un logiciel d’origine israélienne surnommé «cheval de Troie», a permis de fouiller dans les données (calendriers, photos, contacts, messageries, appels enregistrés, coordonnées GPS, etc.) des smartphones et iPhone infectés, mais aussi de contrôler à distance la caméra et les micros intégrés à l’appareil. Cela donne la possibilité d’écouter des conversations dans une pièce alors que le téléphone apparaît inactif, ce logiciel en étant à sa troisième version.
Cependant, les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilotes commencent à remplacer l’aviation militaire classique pouvant cibler avec précision toute cible à partir de centres informatiques à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète.
Par ailleurs, le contrôle de l’information grâce à l’informatisation permet le développement des sites d’information, impliquant une adaptation des journaux papier, une nouvelle organisation des entreprises et administrations en réseaux, loin de l’organisation hiérarchique dépassée, l’interconnexion bancaire et éclectique pouvant bloquer tout pays dans ses transactions financières et la panne des réseaux peut plonger tout pays dans les ténèbres.
L’utilisation de Facebook et Twitter par la diffusion d’informations parfois infondées où faute de transparence, la rumeur dévastatrice supplante l’information officielle déficiente. C’est dans ce cadre que s’impose la maîtrise de l’Intelligence économique dont la gestion stratégique est devenue pour toute nation et toute entreprise l’un des moteurs essentiels de la performance globale et de la sécurité.
L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l’information. Pour faire de l’intelligence économique un véritable avantage concurrentiel, il est indispensable de l’intégrer aux fonctions de l’administration et de l’entreprise. L’approche processus permet une meilleure coordination des étapes pour profiter au maximum du gisement informationnel en vue d’actions efficaces sur l’administration ou l’entreprise ou son environnement du fait d’interactions complexes.
Une nation ou une entreprise sera meilleure que ses concurrents si elle possède, avant les autres, les bonnes informations au bon moment, qu’il s’agisse de connaissance des marchés, d’informations juridiques, technologiques, normatives ou autres, créant une asymétrie d’information à son avantage. D’où l’appui aux entreprises pour l’accès aux volumes importants d’informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les services de renseignement et de contre-espionnage, mettant en place un service d’information économique au profit des entreprises engagées dans le commerce extérieur.
Depuis l’apparition des Intranet et Extranet, l’information se diffuse plus rapidement et plus largement hors des frontières, acquérant ainsi une telle valeur stratégique que l’enjeu est désormais de se l’approprier.
K. M.
Comment (12)