Réforme urgente
Par Abderrahmane Mebtoul – L’investissement hors hydrocarbures en Algérie, porteur de croissance et créateur d’emplois, est victime de nombreux freins dont les principaux restent l’omniprésence du terrorisme bureaucratique qui représente, à lui seul, plus de 50% des freins à l’investissement. Enjeu politique majeur, la réforme du système financier s’impose pour attirer l’investisseur, les banques publiques continuant à accaparer plus de 85% des crédits octroyés, avec la dominance de la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach.
Sans de profondes réformes institutionnelles, une véritable décentralisation autour de grands pôles régionaux, il est utopique d’aller vers un développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. Les petites et moyennes entreprises (PME) jouant un rôle vital dans le développement économique sont souvent confrontées à plusieurs défis en matière de croissance, le plus grand obstacle demeurant leurs capacités limitées à avoir accès aux services financiers. Les financements bancaires à long terme habituels sont généralement inaccessibles pour les PME, faute de garanties, ce qui rend les actifs mobiliers peu sûrs pour l’accès au crédit.
Cette situation, ajoutée au niveau élevé des coûts de transaction liés à l’obligation de vigilance, amène les banques commerciales à continuer de privilégier les prêts aux entreprises bien établies. Dès lors, le crédit-bail pourrait être un complément comme moyen de financement pour certains biens d’équipements, en particulier pour les entreprises qui n’ont pas une tradition de crédit ou qui ne disposent pas des garanties requises. Mais le plus grand obstacle, c’est la bureaucratie centrale et locale néfaste renvoyant au climat des affaires en Algérie où le pouvoir bureaucratique décourage les véritables investisseurs.
Aussi, outre les réformes institutionnelles dans le cadre d’une vision claire et datée des réformes structurelles, renvoyant à la refonte de l’Etat pour de nouvelles missions adaptées des relations dialectiques Etat-marché, pour l’Algérie enjeu énorme de pouvoir, les grand défis du gouvernement sont la réforme de Sonatrach lieu de la production de la rente et le système financier dans son ensemble (douanes, fiscalité, domaines, banques) lieu de distribution de la rente, afin de s’autonomiser et l’affranchir des sphères de clientèles. Il est nécessaire de s’attaquer à l’essence du blocage du développement et non à des actions conjoncturelles où, demain, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
La réforme urgente doit toucher toutes les structures du ministère des Finances, les banques, les directions et sous-directions de crédit, les caisses de garanties octroyant parfois des garanties de complaisance comme cela a été constaté récemment, la direction générale de la fiscalité avec des non-recouvrements faramineux inexplicables, les domaines incapables d’avoir un registre cadastre transparent.
Cette réforme est nécessaire pour éviter le bradage du patrimoine national.
A. M.
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