Le discours paternaliste et colonialiste d’Elisabeth Borne à l’égard de l’Algérie
Par Karim B. – La Première ministre française, Elisabeth Borne, s’est exprimée au Sénat sur les relations entre l’Algérie et la France. Enveloppant le début de son discours dans des formules dithyrambiques, le naturel est vite revenu au galop à la fin de celui-ci lorsqu’elle a expliqué aux sénateurs que son pays faisait part de ses «exigences» dictées aux autorités algériennes, dans ce qu’elle a appelé «dialogue». Des exigences qui rappellent celle du président François Mitterrand lorsque le processus électoral biaisé avait été interrompu en janvier 1992 pour sauver la République et éviter qu’un califat s’installe en Algérie avec la bénédiction du pouvoir socialiste français. Des exigences qui rappellent aussi l’arrogance avec laquelle Edouard Balladur qui pérorait sur une chaîne de télévision française, se targuait d’avoir «intimé l’ordre» au «général Zeroual» – alors président de l’Etat – de permettre à l’Airbus d’Air France détourné en décembre 1994 de quitter le tarmac de l’aéroport Houari-Boumediene et de s’envoler en direction de Marseille.
«Nous restons bien évidemment vigilants, notamment dans le domaine migratoire. Nous avons sur ce sujet un dialogue exigeant, en particulier sur la réadmission des ressortissants algériens en situation irrégulière», a, en effet, affirmé la responsable politique française, qui a édulcoré son intervention en soulignant que la France «a une relation très riche, une histoire partagée et des liens humains particulièrement étroits avec l’Algérie». «Une histoire de cette intensité n’est jamais dépassionnée. Et je veux le redire, nous avons un objectif clair : développer et approfondir nos liens dans le respect mutuel», a-t-elle ajouté.
«Avec l’Algérie, a encore déclaré la Première ministre dont les heures seraient comptées à la tête du gouvernement, nous continuons à travailler dans l’esprit de la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie.» «Je me suis moi-même rendu à Alger en octobre 2022, quelques semaines après la visite du président de la République, pour coprésider le Comité intergouvernemental de haut niveau», a-t-elle rappelé, en précisant que «les deux présidents de la République échangent de façon très régulière».
«Nous souhaitons aller de l’avant», a ajouté la pensionnaire de Matignon, en admettant qu’«il y a bien sûr des obstacles». «Mais surtout, a-t-elle atténué, il y a une volonté, une volonté commune partagée par le président Macron et le président Tebboune de regarder vers l’avenir et de construire au bénéfice de nos deux peuples.»
L’Elysée avait annoncé une visite d’Etat d’Abdelmadjid Tebboune à Paris. Une visite qui, comme prédit par Algeriepatriotique dans plusieurs articles, avait peu de chance d’avoir lieu au regard de l’attitude inamicale de la France qui continue – on le voit avec ce discours paternaliste de Borne – de se croire à l’ère des grandes conquêtes coloniales françaises, faites de crimes contre l’humanité restés impunis à ce jour.
K. B.
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