Un sénateur français atteste que Rabat espionne l’Algérie au profit de la France
Par Abdelkader S. – «Le Maroc qui est un pays ami, historiquement, depuis longtemps, où nous avons beaucoup d’intérêts et qui constitue nos yeux et nos oreilles dans cette région, est en difficulté dans sa relation avec la France», s’est répandu en lamentations le sénateur français Hervé Marseille, qui s’adressait à la Première ministre Elisabeth Borne, fin juin dernier. Dans sa récrimination à l’endroit du gouvernement de son pays, il reproche à ce dernier de laisser les relations de la France avec le Makhzen «se dégrader», lui qui rentre d’une tournée au Maroc où il affirme avoir reçu un accueil «chaleureux» partout où il a été avec la délégation qui l’accompagnait.
Le président du groupe Union-centriste a-t-il trop dit ou sait-il que l’espionnage de l’Algérie – puisque c’est l’Algérie qui est clairement ciblée – est un secret de Polichinelle et qu’il n’y a donc pas lieu de s’embarrasser de mots détournés pour éviter d’appeler un chat un chat ? Hervé Marseille ne fait que confirmer, en réalité, ce que tout le monde sait. Notamment ces anciens éléments du Mossad qui ont révélé comment le père de l’actuel monarque espionnait le monde arabe au profit de l’Etat hébreu. Hassan II comme son successeur sont effectivement «les yeux et les oreilles» de la France et d’Israël au Maghreb, où l’armée israélienne a déployé des drones espions tout le long de la frontière avec l’Algérie et vont implanter des usines pour fabriquer leur matériel militaire dans un Maroc asservi et dont le peuple a pris conscience, dès la signature des Accords d’Abraham par l’islamiste Saâd-Eddine El-Othmani, qu’il ne tirera aucun bénéfice de cette normalisation à sens unique.
Quatre anciens hauts responsables des services secrets israéliens révélaient, en juin 2020, le secret des relations qui lient le royaume du Maroc et l’entité sioniste. Des relations «très intimes» qui remontent aux années 1960. «Je crois que je suis le premier Israélien à m’être assis aux côtés du roi du Maroc, c’est moi qui ai entamé les contacts entre Israël et le Maroc», affirmait Rafi Eitan, chef des opérations au Mossad entre 1950 et 1981.
«Les Marocains, avait-il révélé, avaient reçu un renseignement selon lequel [le président égyptien] Jamal Abdennasser estimait qu’il fallait changer le roi du Maroc et qu’il fomentait un plan pour l’assassiner. Le roi du Maroc s’est alors demandé qui pouvait l’aider, et des juifs marocains lui ont répondu que les Israéliens en étaient capables. Nous les avons rencontrés et avons élaboré une stratégie pour protéger le roi.» «Evidemment, si Israël entretient des relations avec un Etat arabe, membre de la Ligue arabe, qui accueille parfois des sommets et des rencontres de la Ligue arabe, cette relation ne peut qu’être excellente», avait-il confié.
Son collègue Efraim Halevy, directeur du Mossad entre 1998 et 2002, qui estime que «c’est cela l’art de la diplomatie secrète», avait révélé, de son côté, que les services israéliens sentaient que le roi du Maroc «voulait [parrainer] un dialogue direct entre les Egyptiens et nous». «Le directeur du Mossad à l’époque, Yitzhak Hofi, entretenait des relations exceptionnelles avec le roi du Maroc. Moshe Dayan fut envoyé au Maroc pour y rencontrer le vice-président du Conseil des ministres égyptien», avait-il indiqué.
Yossi Alpher, officier du Mossad entre 1969 et 1981, avait, quant à lui, affirmé que le Mossad «a coordonné les discussions de bout en bout», en soulignant que «c’est le Mossad qui a tissé ces relations politiques stratégiques» avec le Makhzen, lesquelles «ont commencé dans les années 1960» et confirment que «le rôle central joué par le Mossad au Maroc est un cas classique».
Le régime de Rabat s’inscrit dans la continuité des fondements sur lesquels ses prédécesseurs ont construit la politique étrangère du Maroc : la prostitution politique, la servilité et la sous-traitance des sales besognes pour le compte de «clients» partenaires prêts – en théorie – à payer le prix fort pour déstabiliser l’Algérie mais qui ni ne payent en retour ni ont réussi à faire tomber l’inexpugnable citadelle algérienne.
A. S.
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