Quand le Français considérait l’Algérien assimilable à la nation française
Une contribution de Khider Mesloub – Ce sont les mêmes énergumènes appartenant à la même obédience politique nationaliste française qui, hier, se battaient contre les Algériens pour les maintenir dans le giron de la France, en dépit de leurs particularismes culturels et religieux radicalement différents, qui, aujourd’hui, proclament leur in-assimilation foncière à la société française du fait de leurs supposés mœurs «étranges et étrangères».
En effet, paradoxalement, c’est cette même France qui avait mobilisé 2 millions de soldats pour entraver par la force armée 10 millions d’Algériens de prendre leur indépendance, qui les déclare aujourd’hui indésirables, car impossible de les intégrer dans la République française du fait de leur culture dissemblable et de leur religion musulmane, incompatibles avec la société gauloise.
Huit ans durant, les Français ont livré une guerre exterminatrice pour contraindre les Algériens à vivre au sein de la France. La France ne voyait aucun inconvénient ni contradiction d’imposer au peuple algérien le «vivre ensemble» avec le peuple français. Mieux, la France enseignait le plus naturellement du monde aux écoliers algériens Nos ancêtres les Gaulois.
Tous les Français plaidaient la cause de l’Algérie française, estimant que les Algériens, en dépit de leurs particularismes ethniques, linguistiques, culturels et religieux distincts, faisaient partie intégrante du socle commun national français.
De Paris à Tamanrasset, en passant par Marseille et Alger, pour les Français, les habitants de ces villes ne formaient «qu’un seul et unique peuple». Malgré les protestations des Algériens qui réclamaient leur droit à l’autodétermination, leur aspiration de s’émanciper du joug colonial de la France, les Français leur déniaient cette perspective d’indépendance au nom du maintien de «l’unité nationale». C’est-à-dire qu’ils considéraient les Algériens, en dépit de leurs «particularismes», comme des «citoyens français».
Aujourd’hui, les mêmes Français déclarent en résumé : «Nous ne voulons pas vivre avec les Algériens qui arrivent en France car ils gangrènent l’intégrité et l’intégralité de notre société française. Nous ne voulons pas de ce vivre ensemble avec les Algériens car nous voulons permettre à nos enfants de vivre seulement avec leurs semblables, les Blancs, ceux qui partagent nos valeurs ancestrales européennes et chrétiennes.»
Curieusement, hier, à une époque où l’Algérien était pourtant pétri encore d’archaïsmes, le Français le considérait, certes, tardivement (à partir seulement des années 1940-1950) comme assimilable à la nation et la culture françaises. Donc digne d’être élevé au rang de citoyen français, quoique d’ethnie arabe ou berbère et de religion musulmane. Aujourd’hui, à notre ère où les Algériens sont majoritairement diplômés, éduqués et ancrés dans la modernité, ils sont devenus, aux yeux de ces mêmes Français, inassimilables. Vecteurs de conflits culturels.
Les Algériens, hier combattus par la France pour les maintenir de force dans l’espace national et culturel français, sont considérés aujourd’hui comme des envahisseurs qui menacent l’identité française, la sécurité du pays.
Hier, 10 millions d’Algériens – qui seraient aujourd’hui au moins au nombre de 40 millions de «Français musulmans» – du fait de leur forte natalité, qui plus est circulant librement entre les deux territoires), demeurés au sein de la France, ne constituaient aucune menace pour la culture française, ni un danger pour la survie de l’identité de la France. Aujourd’hui, ces mêmes Algériens menaceraient la culture française. L’identité gauloise. La nation française.
Comment expliquer cette posture à géométrie variable des Français à l’égard des Algériens, sinon par la mentalité française empreinte d’imposture ?
K. M.
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