Sahel : la juste voie
Par Mourad Rouighi – Le Sahel est devenu pour l’Italie, et au fil des années, l’un des enjeux primordiaux de l’action diplomatique en Afrique, engageant une présence opérationnelle de plus en plus importante. Cette attention pour la région du Sahel, un espace situé entre le Mali, le Tchad, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso, est renforcée année après année. Elle fait partie, nous dit un expert, d’un recalibrage plus large de la politique étrangère italienne, en phase avec celle de l’Union européenne. De sorte que cet élan «sahélien» actuel de l’Italie puisse rester fortement ancré aux obligations européennes et en puiser sa véritable raison d’être.
Pour preuve, les troupes italiennes opèrent au Sahel, en participant à cinq missions de l’Union européenne, dans le cadre de la stratégie de sécurité et de défense commune et notamment en Somalie, au Niger et au Mali (qui a pris fin tout récemment) et associe désormais tout effort à la politique globale de l’Union européenne.
Le Niger est, et reste, au centre de ce dispositif, d’où une sollicitude toute particulière à l’égard du président nigérien, Mohamed Bazoum. «Certifié» pays de transit des flux migratoires en provenance d’Afrique subsaharienne, le Niger représente à Rome et à Bruxelles la clé de toute solution du phénomène et de ses implications multiples sur les plans stratégiques et sécuritaires. Mais, poursuit l’expert, cette ouverture vis-à-vis des pays du Sahel est fortement tributaire de la participation active des pays d’Afrique du Nord.
Or, le conflit prolongé en Libye et la crise économique qui secoue la Tunisie, sans oublier l’exode de milliers d’Egyptiens à destination des côtes grecques et italiennes, sont autant de facteurs qui risquent d’annuler tous les résultats engrangés ici et là dans la région du Sahel. D’où une certaine incompréhension pour les tergiversations de Bruxelles à l’endroit de Tunis et le maintien, voire le conditionnement de toute avancée sur ce dossier à des chapitres qui sont du domaine de tout Etat souverain.
L’Algérie, selon nombre d’observateurs, est appelée à jouer un rôle de raccord entre les diverses approches, mais elle ne voudra en aucun cas cautionner l’équation migrants-coopération-sécurité. Car il est temps de rappeler les responsabilités de ceux qui ont bravé le droit international, ont contribué à la déstabilisation de la région, jouant sciemment la carte du chaos créatif au détriment de millions de vies et freinant le développement de tout un continent, en humiliant au passage l’institution fédératrice qu’est l’Union africaine.
Tout effort doit partir de ce constat pour espérer engager finalement la juste voie.
M. R.
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