François Gouyette quitte son poste à Alger une main devant une main derrière
Par Karim B. – L’ambassadeur de France à Alger a fait ses adieux à ses collaborateurs lors de la célébration de la fête nationale française, a-t-on appris de sources concordantes. François Gouyette achève ainsi sa mission à Alger sans avoir réussi à aplanir les différends qui opposent l’Algérie et la France, en dépit des discours lénifiants de part et d’autre de la Méditerranée. Le bilan du successeur de Xavier Driencourt demeure mitigé en raison des nombreux litiges qui restent en suspens, notamment la tendance des autorités françaises à adopter une attitude paternaliste à l’égard de l’ancienne colonie française qu’elles confondent dans leur comportement avec leur protectorat marocain.
Aucun contentieux n’a été réglé à ce jour, et la France, en dépit de quelques contrats signés çà et là, dont le dernier en date entre les géants pétroliers Sonatrach et TotalEnergies, a perdu son statut de premier partenaire commercial de l’Algérie au profit de la Chine, de la Turquie et de la Russie qui commence à se positionner sur le marché algérien hors armements, après des blocages inexpliqués sous le règne de feu Abdelaziz Bouteflika et de son ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, actuellement en fuite pour corruption. La commission mémorielle mise en place par les présidents Tebboune et Macron n’a pas fait avancer le dossier en dépit du rapport remis par l’historien français natif de Constantine, Benjamin Stora, perçu par son équivalent algérien, Abdelmadjid Chikhi, comme un «récit franco-français» qui n’engage que son auteur et son pays.
Récemment encore, la Première ministre française, Elisabeth Borne, s’exprimant au Sénat, a tenu un discours paternaliste à l’égard de l’Algérie, après avoir essayé de noyer son propos dans des formules encomiastiques, en évoquant un «dialogue exigeant», traduire une fermeté envers les dirigeants algériens auxquels il est reproché de ne pas «faire d’efforts» sur la question des laisser-passer consulaires qui permettraient l’extradition des sans-papiers. Et, à propos du déplacement des personnes, la baisse de l’octroi des visas à un niveau quasi nul au profit des demandeurs algériens a été maintenue malgré les assurances des ministres français des Affaires étrangères, Catherine Colonna, et de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dont les annonces ne sont guère plus que des déclarations oiseuses dénuées de toute substance.
François Gouyette repart à Paris comme tous les ambassadeurs de France qui l’ont précédé : une main devant, une autre derrière sur le plan des réalisations diplomatiques. L’annulation ou le report sine die de la visite officielle du président Tebboune, annoncée de façon unilatérale par l’Elysée suite à un échange téléphonique entre les deux chefs d’Etat, a enfoncé le dernier clou dans le cercueil des relations algéro-françaises qui se trouvent toujours au point mort.
K. B.
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