Le Makhzen s’apprête-t-il à reconnaître Al-Qods comme capitale d’Israël ?
Par Kamel M. – Si Israël a attendu près de trois ans pour reconnaître la prétendue marocanité du Sahara Occidental, c’est que Tel-Aviv a exigé plus de concessions à son vassal marocain. Benyamin Netanyahou les a-t-il obtenues de la part de Mohammed VI à qui il a adressé un message lui annonçant la «bonne nouvelle» répercutée illico presto par les médias officiels marocains ? Le contraire serait un affront à la logique qui fonde la géopolitique. Or, qu’est-ce que peut le Makhzen peut offrir de plus qu’il n’a offert jusqu’à présent, ouvrant son territoire à une agriculture israélienne qui pompe tout l’eau déjà chiche du royaume, aux bases militaires et aux entreprises spécialisées dans les télécommunications, synonyme d’espionnage, et aux touristes avides des nuits torrides de Marrakech le lupanar à ciel ouvert ?
Si la prochaine étape sera marquée par l’ouverture d’un consulat israélien à Dakhla, cette dernière sera suivie par l’ouverture d’une représentation diplomatique marocaine à Al-Qods occupé que le régime soumis de Mohammed VI reconnaîtra comme capitale de l’Etat hébreu. Bien sûr, cela ne se fera pas du jour au lendemain et procédera d’une stratégie à moyen terme, les dirigeants israéliens étant pertinemment conscients que les Accords d’Abraham, qui ont scellé la normalisation de quelques pays arabes, ne sont pas la conséquence d’une volonté populaire mais le résultat de calculs étroits de responsables politiques qui y voient leur propre salut. Israël conseillera à notre voisin de l’Ouest d’attendre encore avant d’achever le dernier palier de sa trahison de la question palestinienne pour ne pas provoquer des manifestations qui pourraient signer le glas d’une monarchie vomie par les Marocains.
Dans son communiqué officiel annonçant la décision de Netanyahou, le Makhzen indique, par ailleurs, que celle-ci sera «transmise aux Nations unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu’à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques». Mohammed VI croit ainsi avoir gagné une voie supplémentaire qui ferait basculer le dossier sahraoui en sa faveur, alors que tous ses hôtes, fussent-ils ses plus proches alliés, réaffirment leur soutien aux efforts de l’ONU visant à trouver une solution au conflit qui soit acceptée par les deux parties.
La reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental par Israël – dont l’armée vient de nommer son premier attaché militaire à Rabat – est un coup d’épée dans l’eau. Non seulement elle ne changera rien à la donne, mais elle poussera le régime de Rabat à plus de renoncement et de compromission qui finira par faire réagir le peuple marocain lassé par une monarchie prédatrice qui ne sert ses intérêts ni à l’intérieur ni à l’extérieur du pays.
K. M.
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