Ce qu’il s’est passé le 5 Juillet à Paris : les exclus, les ignorés et l’intrus
Par Abdelkader S. – Il s’en est passé des choses le 5 Juillet à l’hôtel Intercontinental, situé dans le quartier huppé de l’Opéra, à Paris, lors de la réception organisée à l’occasion de la Fête de l’Indépendance. Non seulement la liste des invités était amputée de personnalités nationales et binationales habituellement conviées à cette célébration chère à leur cœur mais, pire, parmi les invités, il s’en trouvait au moins un qui n’avait pas sa place dans cette rencontre qui commémore la longue et douloureuse lutte armée.
Des sources présentes à cette solennité ont vécu un étonnement hors du commun lorsqu’ils ont entendu La Marseillaise, l’hymne national français, résonner dans ce lieu choisi pour célébrer une date censée rappeler les hauts faits d’armes des martyrs tombés pour la patrie face à la géhenne de l’armée française et de ses chefs politiques et militaires qui ont ordonné des crimes contre l’humanité – massacres, enfumades, corvée du bois [exécutions sommaires], torture et combien d’autres actes barbares – restés impunis.
Autre écart relevé, l’absence de personnalités auxquelles aucune invitation n’a été adressée ou qui ont été snobées. Parmi elles, Mme Anissa Boumediene, épouse du défunt président de la République, rayée des tablettes de l’ambassadeur qui a omis de la citer dans son discours ; le théologien et philosophe Ghaleb Bencheikh, président de la Fédération Islam de France, fortement pressenti à la tête de la Grande Mosquée de Paris avant qu’un coup d’Etat savamment ourdi ne l’en écarte ; Abdallah Zekri, président de l’Observatoire contre l’islamophobie, connu pour son combat acharné pour la défense de la communauté musulmane en France et son attachement à l’Algérie, son pays d’origine où, respecté, il avait concouru à la difficile extinction du feu de la discorde à Ghardaïa en 2014.
Si Mme Boumediene a signalé cette omission aux plus hautes autorités du pays, selon nos informations, le président du Collectif des Mozabites d’Europe, une association reconnue et déclarée au ministère de l’Intérieur, compte, lui, organiser un sit-in devant l’ambassade à la rentrée pour exprimer sa condamnation vigoureuse de cette exclusion qu’il considère comme discriminatoire car, explique-t-il, cela fait plus de vingt-cinq ans qu’il est convié par les différents ambassadeurs et consuls aux cérémonies officielles.
Plus grave, dénoncent des sources qui ont pris part à la cérémonie, la présence d’un sénateur français d’origine algérienne réputé, dit-on, proche du MAK, le mouvement séparatiste de Ferhat Mehenni classé organisation terroriste par les autorités algériennes. Rachid Temal s’est notamment distingué par la signature d’une pétition appelant à l’exfiltration de l’activiste Amira Bouraoui qui avait provoqué le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et créé une crise diplomatique entre les deux pays. Cet élu du Parti socialiste et membre du groupe France-Israël est, enfin, un fervent défenseur des harkis pour la reconnaissance desquels en tant que citoyens français à part entière il a introduit une série d’amendements au Sénat. Des amendements qui, a-t-il justifié, visent à «réparer l’ensemble du drame vécu» par ces supplétifs de l’armée coloniale et «correspondent aux positions défendues sur toutes les travées de [cet] hémicycle», c’est-à-dire le Sénat français.
Par ailleurs, nous apprenons que le torchon brûle entre le recteur de la Grande Mosquée de Paris et le successeur de Mohamed-Antar Daoud. Saïd Moussi n’apprécie nullement que l’ex-avocat bien introduit crie sur tous les toits que c’est à lui qu’il doit son poste actuel. Pas plus qu’il ne supporte que l’imam néophyte marche sur ses plates-bandes en multipliant les actions normalement dévolues à l’ambassade, tout en hurlant à tue-tête qu’il est pistonné par Alger.
A. S.
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