L’empereur Macron menace les manifestants nigériens de répression violente
Une contribution de Khider Mesloub – Décidément, la France officielle, incarnée par le pouvoir autocratique de Macron, gouverne uniquement par la répression policière violente. Le despotique pouvoir macronien ne tolère aucune manifestation de colère politique. Aucun mouvement de protestation sociale. Les manifestations et les protestations sont systématiquement réprimées dans le sang par ses forces de l’ordre.
L’espace public français, comme les Gilets jaunes, les protestataires contre la réforme des retraites et les jeunes prolétaires des quartiers populaires insurgés début juillet 2023 peuvent en témoigner, résonne régulièrement des coups de matraque, des lancements de flash-ball, des tirs de balles réelles tirées à bout portant. Contre les manifestants, la police française utilise régulièrement des armes de guerre. Preuve de l’acharnement de ces forces de l’ordre à charger et à mater violemment les manifestants. En outre, les charges sans sommation, les tirs de balles en caoutchouc et de grenades se multiplient notablement. Une chose est sûre, en France cette barbarie policière n’est nullement contingente mais structurelle, systémique. Elle reflète la banalisation des répressions policières, sources d’accroissement des tensions entre les «citoyens» excédés et l’Etat policier discrédité et délégitimé.
En effet, ces dernières années, en France aux multiples revendications socioéconomiques ou politiques ou écologiques des manifestants, l’Etat répond, avec toujours plus de férocité, par la répression sanglante. En France «démocratique», les répressions policières prennent des formes férocement brutales. Qui plus est, les forces de l’ordre usent de moyens coercitifs et répressifs hautement sophistiqués. La police s’appuie sur un armement toujours plus impressionnant et technologique pour défendre l’ordre établi. Outre l’exhibition effrayante d’un redoutable équipement répressif à la technologie militaire meurtrière effroyablement développée (Robocop), l’Etat n’hésite pas à déployer des milliers de policiers lors d’une simple manifestation pacifique. Manière épouvantable d’intimider et de terroriser les manifestants.
La militarisation des fonctions policières, autrement dit l’application des techniques d’entraînement et d’intervention répressive militarisées, induit inéluctablement une logique de violence. En France, il existe une corrélation entre l’introduction de la force paramilitaire comme technique de maintien de l’ordre, notamment par l’adoption d’équipements militaires (casques, boucliers, genouillères, armes létales, etc.) et l’augmentation du degré de violence employée dans les opérations de maintien de l’ordre. Les forces de police militarisées, matérialisées par leur déploiement inégalé de techniques et d’équipements militaires, induisent une véritable logique de guerre.
A cet égard, il est utile de relever que pour l’Etat français, puissance impérialiste en voie de radicalisation, la gestion du maintien de l’ordre à l’intérieur de son espace public, avec comme dessein l’opération de contention des foules et de neutralisation d’éléments turbulents des classes populaires, s’inscrit dans le même esprit que ses interventions militaires à l’extérieur des frontières. C’est la même logique dominatrice et répressive qui est à l’œuvre.
La classe dirigeante française impérialiste a objectivé le concept de guerre permanente et globale à l’intérieur et à l’extérieur des frontières. Pour la belliqueuse classe dominante française pétrie de cynisme, lancer des LBD ou des grenades de désencerclement contre les manifestants et lâcher des bombes contre les populations en Syrie ou en Afghanistan, avec tous les dommages collatéraux inhérents à ce genre d’interventions militaires, relèvent de la même logique de gouvernance despotique et répressive.
Dorénavant, au regard de l’Etat impérialiste français les frontières entre gestion policière et militaire du maintien de l’ordre ont éclaté. La distinction entre militaires et policiers s’estompe. Ces deux corps constitués armés remplissent les mêmes missions guerrières de combat indifféremment contre l’ennemi extérieur et intérieur. La distinction entre police et armée tend à s’amenuiser, surtout à notre époque où les frontières entre l’ennemi intérieur et extérieur se volatilisent.
Pour l’Etat impérialiste français, les interventions militaires à l’extérieur, notamment en Afrique, ont toujours constitué un terrain inégalé d’expérimentation. Car ces interventions jouissent de conditions d’entraînement et d’aguerrissement sans égal dans l’Hexagone. Et l’opération Sentinelle offre une préfiguration grandeur nature de la mission de l’armée dans le maintien de l’ordre en France. En cas de tensions sociales graves, l’armée, armature de l’Etat, chargée non seulement de la défense contre les ennemis extérieurs, peut assurer le maintien de l’ordre contre les menaces provenant de l’intérieur du pays. Comme l’histoire de France nous l’a démontré, le recours à l’armée devient inévitable dès lors que les tensions sociales s’exacerbent.
Aujourd’hui, la menace de répression contre les manifestants ne pèse pas seulement contre les Français, mais également contre les Africains, comme au temps du colonialisme. Avec Macron les frontières de la répression transcendent l’Hexagone.
La radicalisation du gouvernement Macron est telle qu’il vient de menacer les citoyens libres nigériens qui ont exprimé légitimement, dans leur pays souverain, leur colère contre la politique impérialiste devant l’ambassade de France. Ce rassemblement de la population nigérienne dénonçant l’ingérence de la France semble déplaire à l’empereur Macron.
Pour rappel, dimanche matin, à Niamey des milliers de manifestants soutenant les militaires putschistes ont convergé devant l’ambassade de France pour dénoncer la politique impérialiste de l’Etat français. Certains ont scandé des slogans et brandi des pancartes «exigeant le départ des forces occidentales», notamment françaises. «Nous sommes ici pour exprimer notre mécontentement à l’égard des ingérences de la France dans les affaires du Niger. Le Niger est un pays indépendant et souverain, donc les décisions de la France ne doivent avoir aucun impact sur nous», a déclaré Sani Idrissa, qui faisait partie du cortège des manifestants.
Aussitôt, l’empereur Macron a fustigé ce rassemblement des nigériens organisé dans leur propre pays. L’empereur Macron a prévenu les protestataires nigériens qu’il «ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts» au Niger, tout en menaçant les manifestants nigériens, en cas de violences, de «répliquer de manière immédiate et intraitable».
Macron emploie la même rhétorique comminatoire qu’il avait utilisée récemment contre les jeunes prolétaires des quartiers populaires insurgés début juillet en France.
En tout cas, la population nigérienne est prévenue : la réplique répressive de l’Etat impérialiste français sera immédiate et intraitable.
L’Empereur Macron ira-t-il jusqu’à verrouiller les réseaux sociaux du Niger pour museler la dissidence ? Pour neutraliser les protestataires nigériens ? Sanctionner financièrement toutes les familles nigériennes pour n’avoir pas empêché leurs progénitures de se révolter contre la politique impérialiste de l’Etat français ? Instaurer un état d’urgence, un couvre-feu à Niamey ? Envoyer au Niger les BRAV-M, ces braves policiers motorisés autorisés à écraser dans le sang les manifestants ?
Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a déclaré sur RTL : «La France comme toujours protège ses ressortissants, la situation cet après-midi est plus calme mais nous sommes extrêmement vigilants. (…). Des mesures de précaution sont prises, et elles seront renforcées si c’était nécessaire».
Probablement compte-t-elle dépêcher des forces de l’ordre à Niamey pour réprimer dans le sang les manifestants nigériens.
Nous savions par Clausewitz que «la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens». On découvre avec l’Etat impérialiste français que la répression militarisée internationale sera dorénavant la continuation de sa gestion sécuritaire intérieure.
K. M.
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