Normalisation entre l’Arabie Saoudite et Israël : négociations secrètes en cours
Par Kamel M. – Le patron des services secrets israéliens, le Mossad, David Barnea, se trouve aux Etats-Unis dans le cadre de démarches visant à finaliser un accord portant normalisation des relations entre l’Etat hébreu et le royaume d’Arabie Saoudite. La chaîne franco-israélienne i24 News, qui rapporte l’information, explique que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, tient particulièrement à un rétablissement des relations diplomatiques avec le régime des Al-Saoud pour, espère-t-il, transcender la crise interne qui menace son mandat, des centaines de milliers d’Israéliens manifestant chaque jour depuis des semaines pour réclamer son départ.
Selon des analystes israéliens, c’est surtout en Israël qu’une telle option suscite remous et scepticisme en raison d’une des deux conditions imposées par Mohamed Ben Salman pour que celle-ci puisse aboutir. L’homme fort de Riyad exige, en effet, de l’administration Biden qu’elle donne son feu vert pour le développement d’un programme nucléaire au profit de l’Arabie Saoudite et mette en place un pacte de sécurité américano-saoudien. Mais les assurances saoudiennes quant à l’usage strictement civil d’une telle technologie ne rassurent pas les Israéliens qui craignent que cette pétromonarchie opère un virage à 180 degrés en cas de changement de régime et transforme cette technologie pour en faire une arme de dissuasion tournée contre Israël.
Des sources israéliennes ont, par ailleurs, fait savoir qu’une coopération sécuritaire existe d’ores et déjà entre les deux pays, en rappelant que Benyamin Netanyahou a déjà rencontré Mohamed Ben Salman il y a trois ans. Dans les discussions secrètes qui ont cours entre des négociateurs israéliens et saoudiens sous l’égide des Etats-Unis, c’est Israël qui est plus à même de consentir des compromis, soulignent des observateurs avisés, en précisant que le Premier ministre israélien, fragilisé, a tout intérêt à ajouter l’Arabie Saoudite à la liste des pays arabes qui ont déjà signé les Accords d’Abraham, c’est-à-dire les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.
Lors de la réunion du directeur du Mossad avec de hauts responsables de la CIA et de la Maison-Blanche, Bernea a avancé des propositions qui permettent une normalisation sans «couac», entre autres la promesse de ne pas annexer Al-Qods, d’autant que les négociations secrètes interviennent dans un contexte tendu dans les territoires palestiniens occupés où le régime de Tel-Aviv multiplie les dépassements et les agressions contre les populations palestiniennes et les lieux de culte musulman. Ben Salman compte vraisemblablement se servir de cet «acquis» pour convaincre les opposants au rapprochement avec l’entité sioniste comme atout : il aura été celui qui aura permis la restitution de la ville sainte aux Palestiniens et, au-delà, aux musulmans. Mais cela tient moins du fait matérialisable que d’une visée ambitieuse aussi égocentrique qu’utopique.
Si normalisation il y a, elle sera encore une fois annoncée par les Etats-Unis. La seule question qui se pose est celle de savoir quand cela se produira car tout porte à croire que l’accord en est à ses dernières retouches.
K. M.
Comment (48)