Boualem Sansal : un islamiste réactionnel doublé d’un plumitif réactionnaire
Une contribution de Khider Mesloub – Comment Boualem Sansal, pour complaire à ses maîtres occidentaux, en particulier français, travestit l’histoire ? Verse dans l’anachronisme ? Pour approvisionner son fonds de commerce antimusulman (antimusulman et non anti-islamique car son entreprise de démolissage s’apparente davantage à une fustigation pathologique et intolérante des musulmans qu’à une critique rationnelle et tolérable de l’islam), il défigure non seulement la réalité contemporaine algérienne par ses diatribes littéraires haineusement antimusulmanes, mais falsifie également l’histoire du mouvement révolutionnaire algérien, qu’il dépeint comme une organisation islamiste composée de fanatiques ennemis de la «modernité».
Dans son opuscule Gouverner au nom d’Allah, islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe, le minuscule plumitif Boualem Sansal, avec sa subjectivité analytique qui confond fiction littéraire et réalité historique, écrit : «Dans le contexte qui était celui des pays arabes sous la domination coloniale occidentale et chrétienne, le rigorisme religieux a été amplifié, l’islam était une armure, un refuge pour résister à l’emprise de la culture européenne et supporter la misère de l’indigénat et les injustices du colonialisme ; durant la guerre d’Algérie, le FLN (Front de libération nationale) faisait la guerre au colonialisme mais n’oubliait pas de multiplier les interdictions au peuple, comme l’ont fait les talibans lorsqu’ils étaient au pouvoir en Afghanistan, il interdisait aux Algériens de boire de l’alcool, de fumer, de chiquer, d’aller au café, au cinéma, au stade, à la plage, de faire la fête, jouer aux dominos, lire les journaux, de s’habiller à l’européenne pour les Algériennes… la liste s’allongeait au fil de la guerre. Les contrevenants étaient sévèrement punis, ils étaient abattus ou on leur coupait le nez, les lèvres.»
Même à notre époque de l’islamisme triomphant, les salafistes algériens n’ont jamais pu interdire aux «Algériens de boire de l’alcool, de fumer, de chiquer, aller au café, au cinéma, au stade, à la plage, de faire la fête, jouer aux dominos, lire les journaux, de s’habiller à l’européenne pour les Algériennes». A plus forte, au cours de la Guerre de libération et tout au long des années 1960-70 où les Algériens affichaient un esprit de modernité notoire.
Pour se conformer à l’idéologie antimusulmane de ses commanditaires parisiens, pétrie de stéréotypes, Boualem Sansal tord de manière éhontée le cou à la réalité sociologique algérienne. C’est plus vendeur.
Si la Révolution algérienne avait revêtu quelque dimension religieuse islamique, endossé la tunique de l’islamisme, emprunté la voie du djihad, elle n’aurait jamais pu acquérir la sympathie et le soutien de millions de personnes du monde entier, notamment des continents européen et américain.
Boualem Sansal poursuit son entreprise de falsification, cette fois de l’histoire algérienne postindépendance : «Cette démarche a été reconduite après l’indépendance. Les campagnes de moralisation sous formes de coups de poing étaient périodiques, elles étaient menées par la police, et elles faisaient beaucoup de dégâts. Elles ont fait fuir du pays des milliers de jeunes. Tous les pays arabes, sans exception, ont recouru aux mêmes méthodes, violentes, humiliantes, castratrices. En vérité, aucun colonisateur ne s’est comporté comme ont pu le faire les régimes de Kadhafi, d’El-Assad, de Boumediene, de Ben Ali, de Saddam Hussein.»
Comme j’ai eu l’occasion de le lui dire en face lors d’une conférence donnée dans une librairie française, Boualem Sansal n’est pas un écrivain ou un intellectuel, mais un pamphlétaire enragé qui a fait de l’islam (en fait, des musulmans) sa bête noire. Au vrai, Boualem Sansal n’est pas athée ou libre penseur. C’est un islamiste réactionnel. Tout comme Kamel Daoud. Je m’explique.
Boualem Sansal n’est jamais parvenu à s’extraire de la religion de ses géniteurs, de ses aïeux, de son pays. Il a sombré dans ce que je nomme «l’islamisme réactionnel». Boualem Sansal est un reptile islamique qui se mord la queue musulmane. Pour rappel, certains serpents, sous l’effet du stress et de la panique, se mettent à se mordre la queue et à s’enrouler sur eux-mêmes, dans une boucle infinie. Autrement dit, dans le cas de Sansal, son inconscient lui joue des mauvais tours au point de l’entraîner à tourner en rond en l’enfermant dans un cycle de ruminations obsessionnelles religieuses (quoique formulées négativement par mécanisme de défense), dont il ne parvient jamais à s’arracher. Et pour cause.
Du point de vue de la psychanalyse, «une formation réactionnelle» correspond à une attitude ou habitus psychologique s’opposant à un désir refoulé dans l’inconscient et en réaction à celui-ci». La «personnalité réactionnelle», par mécanisme de défense, développe un comportement opposé à ce qu’elle ressent au plus profond de son être. Le comportement réactionnel est une «attitude qui substitue un comportement acceptable à des pulsions inacceptables en s’opposant à un désir (religieux) refoulé». Du point de vue clinique, «c’est un contre-investissement d’un élément conscient dont la force apparaît équivalente et capable d’agir dans la direction opposée à l’investissement inconscient. Les formations réactionnelles peuvent être symptomatiques du fait de la rigidité ou de la fixation de ces comportements substitutifs, ceux-ci étant à la fois compulsifs et exagérés. C’est un mécanisme précoce mais fragile qui se développe avec prédilection pendant la période de latence au profit des valeurs mises en avant par les contextes historiques, sociaux et culturels (occidentaux), et au détriment des besoins pulsionnels frustes, agressifs ou sexuels directs, tout en cherchant à les drainer de façon indirecte».
Cette autre définition formulée par un psychanalyste s’applique, à juste titre, à Boualem Sansal et ses semblables (Kamel Daoud) : «Il parle pour boucher, recouvrir, habiller ce trou, et le langage n’est, d’une certaine manière, qu’une formation réactionnelle au trauma.» Boualem Sansal écrit pour colmater la béance laissée par le traumatisme de son éducation religieuse islamique. Boualem Sansal est un musulman honteux. Sa francophilie a accentué ce trait de caractère islamophobe. Sa pathologique haine de soi.
En réalité, Boualem Sansal est demeuré tellement prisonnier de l’emprise traumatique de l’islam de son enfance que même adulte, quoique doté d’une remarquable instruction moderne, il continue à s’enfermer derrière les barreaux de la prison religieuse islamique, d’où il profère ses professions de foi de liberté hypocrite. Liberté hypocrite car Boualem Sansal ne s’est jamais libéré de sa prison religieuse islamique traumatique.
Lui qui exige que l’islam doit refluer vers la sphère privée a fait de son athéisme militant un indécent combat permanent public. Toute son œuvre littéraire persifleuse gravite autour de l’islam, sa principale occupation rédactionnelle dévotieuse. Toute son étroite pensée est obnubilée par les musulmans qu’ils fustigent et brocardent à longueur de papiers furieusement griffonnés.
Un authentique athée, libéré de la pensée religieuse pénitentiaire, ne s’avise jamais à retourner s’enfermer dans la prison de l’aliénation dévotieuse pour ressasser les mêmes pensées doctrinales confessionnelles, quoique expectorées de manière outrancièrement critique et violemment dépréciative. Libéré de l’aliénation religieuse, l’athée ne s’enferme pas dans une autre aliénation : la critique pathologique récurrente et écœurante de la religion, qui est une forme de fanatisme. Il savoure en toute quiétude sa liberté de pensée qu’il s’efforce de partager et de propager en dehors des sentiers battus religieux. Sur les grands boulevards de la Science salvatrice et de la Politique émancipatrice.
Le diable de la religion habite encore le cerveau de Sansal, tourmenté par la culpabilité sacrilège. De là s’explique sa détresse psychique réactionnelle sublimée dans l’écriture religieusement rageuse et politiquement haineuse.
Quoique dotée d’une vitalité et volatilité manifeste, car elle est puissamment armée pour se régénérer et s’adapter à l’évolution de l’idéologie occidentale dominante dégénérée, la pensée de Sansal est marquée par l’immuabilité d’une personnalité clivée, rivée à l’islamisme, son tréfonds psychique religieux. Un tréfonds islamique qu’il a converti en fonds de commerce.
Au final, Boualem Sansal aura tenu boutique littéraire pour alimenter la France décadente, raciste et antimusulmane de ses écrits invariablement avariés. Boualem Sansal restera dans l’histoire comme «l’Arabe du coin», celui que les Français apprécient de loin, toujours ouvert d’esprit pour leur servir obséquieusement les mêmes livres islamiquement éculés, la même littérature pontifiante politiquement récurée.
Comme je lui avais dit lors de cette conférence, Boualem Sansal aura été également le fidèle allié et serviteur des capitalistes par sa focalisation obsessionnelle sur l’islamisme, rendu responsable de tous les maux. Par son fourvoiement dans l’entreprise de dévoiement de la critique politique opérée par le capital, critique déroutée vers le torpillage de l’islam, le démolissage des musulmans.
Eu égard à sa complaisante posture littéraire réactionnaire, il aura participé, par son œuvre collaborationniste de dévoiement, à l’entreprise d’exonération du capitalisme, véritable responsable et coupable de la misère, du chômage, du racisme, des massacres, des guerres.
L’islamisme est le produit du capitalisme impérialiste décadent. Au lieu de fustiger et de combattre le géniteur de l’islamisme, Boualem Sansal, honteusement et délibérément, aura porté la focale sur cet enfant bâtard du capitalisme, l’islamisme, épargnant ses maîtres à penser, les puissants du monde capitaliste.
Par ses écrits sulfureux et déclarations nauséabondes, il aura jeté en pâture l’islam et les musulmans à la vindicte populeuse occidentale, pour mieux défendre et protéger le capitalisme et ses maîtres. Et tenter de soigner sa maladie honteuse islamique qui gangrène son âme tourmentée, qui colonise son cerveau dérangé. Cerveau devenu étranger à son être culturel, son pays naturel.
K. M.
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