Comment les Nigériens ont réagi à la sévère mise en garde d’Alger à Paris
Par Karim B. – Les Nigériens semblent avoir apprécié la mise en garde de l’Algérie contre toute intervention militaire étrangère dans leur pays. Leur reconnaissance à l’Algérie, ils l’ont exprimée en brandissant le drapeau algérien lors des manifestations de soutien à la nouvelle équipe dirigeante issue du coup d’Etat, pourtant condamné par Alger, qui a été parmi les premiers pays à exiger le retour à «l’ordre constitutionnel». Mais l’Algérie, fidèle à sa politique de non-ingérence, a joint à sa dénonciation du putsch un sérieux avertissement à la France et à ses vassaux d’Afrique de l’Ouest qui cherchent, sur incitation de Paris, à mener une opération militaire à l’intérieur du sol nigérien. Ce que l’Algérie rejette catégoriquement pour, au moins, deux raisons.
La première est que les Nigériens doivent régler leur crise interne eux-mêmes, comme l’Algérie a réglé la sienne durant la décennie noire sans qu’aucune puissance étrangère n’ait pu s’engouffrer dans la brèche que lui offraient certains politiciens algériens qui, tout en se disant démocrates et républicains, avaient épousé les thèses extrémistes islamistes du FIS dont ils ont rencontré l’apologiste du terrorisme Anouar Haddam à Rome, venu de Washington sous la bienveillante protection de la CIA, de l’aveu d’un journaliste algérien d’Al-Jazeera qui l’avait interviewé à l’époque.
La seconde raison en est que, bien que condamnable en termes de droit, le renversement du président nigérien permet à ce pays d’éloigner un peu plus la France et son armée, qui occupe des territoires entiers en Afrique subsaharienne où elle dirige le G5 Sahel, «fondé non pas pour la sécurité et le développement mais l’insécurité et le sous-développement», ironise-t-on à Alger. La France est chassée de cette partie de l’Afrique et cela, relèvent des observateurs avisés, permettra de mener enfin une lutte sérieuse contre le terrorisme islamiste, implanté et alimenté par la France. Les derniers doutes sur l’implication de la DGSE, le service français de l’action extérieure dirigé par l’ancien ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, dont on dit qu’il est sur la sellette, a été levé par la chaîne gouvernementale française France 24 qui a diffusé une interview avec le chef d’Al-Qaïda au Maghreb auquel elle a tendu le micro et qu’elle a pu joindre sans trop de difficulté, puisqu’il est en contact permanent avec ses officiers traitants du boulevard Mortier.
La visite que vient d’effectuer le chef d’état-major de l’ANP, le général d’armée Saïd Chengriha, à Moscou où il a rencontré de hauts responsables militaires et civils russes, confirme le sérieux de la mise en garde algérienne qui a inscrit dans sa nouvelle Constitution la permission accordée à l’armée algérienne d’intervenir hors de ses frontières. Le ministre russe de la Défense a confirmé cette tendance, en affirmant que son pays était prêt à renforcer les capacités militaires de l’armée algérienne, comprendre en lui fournissant le nec plus ultra des armements russes développés ces dernières années et qui dépassent de loin leur équivalent occidental, notamment l’avion furtif Su-57 et les batteries de défense antiaérienne qui assureront à l’Algérie un dôme impénétrable.
K. B.
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