Les charniers nucléaires de la France au Niger
Une contribution de Khaled Boulaziz – Les relations entre la France et ce pays en matière d’exploitation minière et d’uranium sont parmi les plus controversées. Le Niger est l’un des principaux producteurs d’uranium au monde, et cette ressource a joué un rôle prépondérant dans les relations économiques et politiques entre les deux pays. La France a priorisé ses propres intérêts au détriment du peuple nigérien dans un exemple classique d’exploitation sans scrupules, sans considération pour les lois morales ou éthiques.
Exploitation minière et uranium : le Niger possède d’importantes réserves d’uranium, qui ont été exploitées dès les années 1960 pour répondre aux besoins croissants en énergie nucléaire de la France. L’uranium du Niger a été utilisé dans les centrales nucléaires françaises pour la production d’électricité et la fabrication d’armes nucléaires. Cette exploitation a généré des revenus pour le pays, mais elle a également été critiquée pour sa contribution à la dégradation de l’environnement et à la santé des populations locales.
Impact environnemental et sanitaire
L’exploitation minière de l’uranium a engendré des problèmes environnementaux et de santé colossaux pour les habitants du Niger. Les déchets radioactifs produits par cette activité ont laissé des traces de pollution dans l’environnement, contaminant les sols, les eaux souterraines et les rivières. Les populations vivant à proximité des mines ont été exposées à des risques majeurs pour leur santé en raison de la radioactivité. De plus, les conditions de travail dans les mines ont souvent été critiquées pour leur impact sur la santé et la sécurité des travailleurs.
A titre d’exemple, ce sont près de 20 millions de tonnes de déchets radioactifs laissés après la fermeture de l’une des plus grandes mines d’uranium au monde, située dans la région d’Arlit, au nord du Niger, selon une agence internationale. Les déchets sont répartis sur 120 hectares en tas atteignant jusqu’à 35 mètres de hauteur, et leurs niveaux de radioactivité restent à évaluer.
Les rapports indiquent aussi que les déchets d’uranium suscitent des craintes pour environ 200 000 habitants de la ville d’Arlit et de la région environnante. Les réserves du site étaient épuisées après l’extraction de 75 000 tonnes d’uranium utilisées pour alimenter les réacteurs nucléaires dont dépend l’approvisionnement en électricité de la France.
La principale préoccupation concerne la possibilité que la couverture sur le dessus des déchets puisse développer des fissures et laisser le radon, un gaz radioactif cancérigène dérivé de la désintégration naturelle de l’uranium, fuir et être emporté vers la ville par les eaux de crue. Les résidus radioactifs stockés à l’air libre à côté de l’ancienne mine sont le plus grand héritage négatif laissé aux habitants par l’exploitation minière de l’uranium.
Il convient de rappeler que le géant nucléaire français Areva, qui a changé de nom à plusieurs reprises, a opéré dans cette région par le biais d’une filiale locale à partir de 1978, avant de fermer le site en 2021. Toute cette complexité administrative semblait avoir pour unique objectif d’éluder les responsabilités liées aux préjudices inhérents à une exploitation irresponsable de la part de la compagnie française.
Influence politique et économique
Les relations économiques entre la France et le Niger, centrées sur l’exploitation de l’uranium, ont contribué à maintenir une certaine dépendance économique du Niger vis-à-vis de la France. Cette dépendance a été perçue par certains comme un facteur qui a empêché le Niger de bénéficier pleinement des revenus générés par ses ressources naturelles. Certains critiques ont avancé que les termes des contrats d’exploitation n’étaient pas toujours équitables et qu’ils favorisaient les intérêts français. Tout cela a contribué à ce que la France laisse derrière elle des charniers nucléaires, signant ainsi la mort de centaines de milliers de Nigériens.
Réponse des nationalistes nigériens
Ces problématiques ont suscité des débats et des critiques, tant au Niger qu’à l’international. Des groupes locaux et des militants environnementaux ont plaidé en faveur de meilleures conditions de travail, de mesures de protection de l’environnement et de la santé, ainsi que d’une plus grande transparence dans les relations économiques entre les deux pays. Certains ont également appelé à une révision des contrats d’exploitation pour garantir une meilleure redistribution des bénéfices et une prise en compte accrue des préoccupations locales.
La récente prise de pouvoir par les nationalistes nigériens doit être considérée comme une réaction naturelle visant à rectifier la situation d’exploitation des ressources minières du Niger par la France.
Cette action bénéfique et salutaire aurait dû se produire depuis longtemps. Elle représente le seul recours pour le pays de récupérer sa pleine souveraineté nationale.
Elle offrira aussi, non seulement la possibilité d’exploiter ces ressources dans le seul intérêt du peuple nigérien, mais permettra également de gérer les importants défis environnementaux et sanitaires associés à la nature de ces minerais.
La France coloniale n’aura que ses yeux pour pleurer.
K. B.
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