Rahabi révèle les deux impacts directs d’une guerre au Niger sur l’Algérie
Par Houari A. – «Une intervention militaire au Niger affecterait les intérêts stratégiques de l’Algérie car les frontières sont plus qu’un marqueur matériel d’une limite territoriale, elles sont des lignes de souveraineté que la nation a chargé son armée de défendre», a estimé Abdelaziz Rahabi. «Celle-ci a conscience qu’elle doit assurer seule la surveillance et la protection de cette ligne de front qui se prolonge jusqu’aux confluences des frontières du sud-ouest de la Libye, elle-même en guerre depuis 2011 après l’intervention d’une coalition occidentale», a-t-il ajouté dans une tribune parue dans les colonnes d’El-Watan.
Pour l’ancien ambassadeur, «la multiplication des foyers de tension à l’est, à l’ouest et au sud de l’Algérie ne peut procéder que d’une stratégie délibérée d‘affaiblir son armée en la mettant sous tension permanente dans une guerre d’usure non déclarée». «Même si l’Algérie est confiante en ses capacités à assurer pleinement ses missions constitutionnelles sur la question des menaces globales à ses frontières, la question de la prévalence de l’option militaire chez la CEDEAO et son accueil favorable par la France notamment, l’effacement inexpliqué de l’Union africaine posent de sérieuses interrogations sur les dommages collatéraux de natures humaine, sécuritaire et économique», a-t-il ajouté.
«Sur le plan sécuritaire, a fait remarquer l’ancien ministre de la Communication, il y a depuis quelques années une opération de diabolisation de l’Algérie visant à présenter notre pays comme une puissance hostile aux intérêts occidentaux, en prenant prétexte de nos positions sur le conflit en Ukraine et sur le processus de normalisation avec Israël.» «Cela apparaît dans les attitudes diplomatiques de nos partenaires, dans l’ensemble des médias occidentaux et sur les réseaux sociaux des pays arabes qui ont signé les Accords d’Abraham», a-t-il expliqué, en précisant qu’«il faut relever aussi le fait que les acteurs majeurs dans le dossier libyen ont tout fait pour disqualifier l’Algérie et la Tunisie dans la participation à la recherche d’une solution nationale libyenne».
«Les deux pays voisins directs de la Libye sont pourtant les premiers à subir les conséquences du drame libyen marqué, tout comme le Sahel, par la présence d’acteurs étrangers», s’est étonné l’ancien diplomate qui entrevoit dans l’attitude de la CEDEAO une répétition, cette dernière ayant «consulté les puissances occidentales en s’abstenant de le faire avec le premier voisin du Nord proche», c’est-à-dire l’Algérie.
Selon lui, les acteurs engagés dans l’affaire nigérienne «mettront toute leur influence pour réduire le niveau d’indépendance de la décision diplomatique et mettre en place les conditions qui favoriseront une implication de l’Algérie dans une guerre d’usure pour affaiblir son armée et la détourner de ses missions stratégiques». Sur le plan économique, pense enfin Abdelaziz Rahabi, la crise nigérienne «pourrait amener à différer la concrétisation des projets intégrateurs dans la région comme la route Alger-Lagos ou le gazoduc Nigeria-Niger-Algérie et ses impacts sur l’autonomie énergétique dans le développement du Niger».
K. A.
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