Taisez-vous !
Par Mrizek Sahraoui – Faut-il ou pas répondre à Xavier Driencourt qui vient de s’en prendre une énième fois à l’Algérie ? Franchement, nous avons hésité à apporter une réponse aux confabulations de quelqu’un qui ne dort plus depuis que l’Algérie a retrouvé la place qui est la sienne dans le concert des nations. Le diplomate a perdu le sommeil et le sens des réalités – l’a-t-il eu vraiment un jour ? – depuis que l’Algérie ne fait plus partie du décor du monde, mais des pays qui ont leur mot dans l’agora mondiale. Contrairement à la France devenue, il faut bien l’admettre, la risée du même monde. Pour s’en convaincre, il suffit de revisiter les Unes de la presse internationale, anglo-saxonne notamment, depuis l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir. Beaucoup a été dit, Monsieur l’ambassadeur !
Au lieu de dénoncer les autorités de son pays, responsables d’une déroute diplomatique inédite, de la faillite et du délitement de la France, au lieu de demander la démission immédiate de son collègue Bernard Emié, le chef de la direction du renseignement extérieur qui s’est totalement planté et sur toute la ligne, Xavier Driencourt, préfère s’attaquer à l’Algérie et va trop loin. Qui plus est dans un journal acquis depuis peu par le chef de file des catholiques réactionnaires et non moins oligarque qui a fait son beurre en Afrique avec le sourire des Africains. Lequel a, désormais, la mainmise sur une bonne partie des médias français (ce qui, en démocratie, doit inquiéter chacun et, particulièrement, interpeller l’ancien diplomate, chantre, s’est-il toujours prétendu, de la défense de la liberté de la presse… ailleurs qu’en France).
Dans sa pseudo-analyse que la réalité du terrain a démentie et démontée, Xavier Driencourt explique «comment la crise au Niger pourrait bénéficier à Alger». Mêlant approximations, suppositions et délires, le diplomate va jusqu’à accuser l’Algérie d’avoir «soutenu les émeutes», suscitées par la mort du jeune Franco-algérien Naēl, tué par un policier à bout portant, afin de «déstabiliser un pays clef de l’OTAN». L’idée, selon Driencourt, aurait été «soufflée par le président russe». La logorrhée vindicative va même jusqu’à accuser nos gardes-frontières de corruption.
Mais la piètre analyse, purement anecdotique de l’ancien ambassadeur français à Alger, s’est fracassée contre la réalité diplomatique internationale. En effet, la sage et efficace position de l’Algérie qui consiste en un règlement pacifique de la crise nigérienne, en usant des voies diplomatiques, tout en mettant en garde contre toute intervention militaire étrangère, est partagée par tout le monde, sauf par la France, bien sûr, dont les intérêts dans la région sont colossaux et vitaux, notamment dans la filière nucléaire.
Y compris par les Américains qui souhaitent, eux aussi, privilégier la solution diplomatique. L’Italie, dont les médias ont tiré à boulets rouges sur la politique française en Afrique, a souscrit à la proposition algérienne. L’Allemagne est également favorable à une solution négociée. Même la CEDEAO, plus encline, au début pourtant, à envisager, après l’épuisement de l’ultimatum lancé au lendemain du putsch, une action militaire, s’est ravisée et entend à présent donner une chance aux négociations avec les nouveaux maîtres du Niger.
Des sujets sur lesquels auraient pu s’épancher le diplomate ne manquent pas. A commencer par demander des comptes à un président Macron qui mène la France tout droit au tiers-monde et, surtout, à la guerre civile. Faut-il à Xavier Driencourt une loupe pour voir les fumeroles qui ne cessent de s’épaissir dans les rues françaises en raison d’une colère populaire grandissante ? La dette publique qui se chiffre à plus de 3 000 milliards d’euros, 111,8% du PIB fin 2022 ; une gouvernance à vau-l’eau où le citoyen lambda est laissé pour compte ; une richesse nationale qui profite à une vaste caste ploutocratique ; une police facétieuse au service du pouvoir en place tournée vers l’extrême droite ; une extrême droite au perchoir de l’Assemblée nationale ; une haine de la France qui se manifeste un peu partout dans le monde, toute cette liste non exhaustive des sujets à traiter en urgence ne devrait-elle pas suffire à occuper le temps du diplomate à la retraite ?
Un virtuose en calomnie dont la haine à l’égard de l’Algérie, de son peuple et de ses institutions n’a d’égale que la largeur du fossé qui sépare les élites françaises avec le monde réel. Un monde en totale mutation qui voit se développer Chatgpt, l’Intelligence artificielle en général (IA) à vitesse grand V, mais qui, dans le même temps, voit les élites politiques, les médias français s’écharper sur l’abaya et le burkini.
A un officier bavard, Henri, vicomte de Turenne, dit un jour : «J’ai un avis à vous donner : toutes les fois que vous voudrez parler (ajoutons de l’Algérie, M. Driencourt), taisez-vous !»
M. S.
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