Une avalanche d’universitaires dénoncent le régime de l’apartheid !
Fait sans précédent, des universitaires, principalement états-uniens d’origine juive et israéliens dans un premier temps, mais rejoints ces dernières heures par de nombreux collègues de par le monde, appellent un chat un chat et le régime israélien un régime d’apartheid.
L’appel, intitulé «The Elephant in the Room» («L’éléphant dans le salon dont personne ne veut parler»), dont nous reproduisons ci-dessous le texte et la liste des 900 premiers signataires a été lancé à la veille du dernier week-end. Il s’est transformé depuis lors en véritable déferlante.
Plusieurs des premiers signataires de l’appel sont des opposants de longue date de l’occupation, tels les Israéliens Nurit Peled et Avram Burg, ou l’Américain juif Peter Beinart.
Mais on est manifestement en présence d’une prise de conscience considérablement élargie dans les milieux universitaires, avec des signataires enseignant dans des établissements tels que Harvard, Columbia, Yale ou encore l’Université hébraïque de Jérusalem.
Les signataires sont notamment conscients du fait que l’actuelle «réforme judiciaire» promue par Netanyahou et sa bande a pour objectif principal, au-delà de la destruction la Cour suprême israélienne, l’aggravation de la terreur exercée contre le peuple palestinien. Qu’on en juge par la lecture de ce document (traduit de l’anglais en français par nos soins).
«L’éléphant dans le salon dont personne ne veut parler
Nous, universitaires et autres personnes de la vie publique en Israël/Palestine et ailleurs dans le monde, attirons l’attention sur l’existence d’un lien direct entre, d’une part, les attaques récentes du gouvernement israélien visant le système judiciaire et, d’autre part, l’occupation illégale de millions de Palestiniens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO)
Le peuple palestinien est quasiment privé de tous ses droits fondamentaux, que ce soit le droit de vote ou le droit de manifester. Les Palestiniens sont exposés à une violence permanente : rien que depuis le début de cette année, 190 Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza ont été tués par les forces israéliennes, qui ont, en outre, démoli près de 600 structures bâties. Des colons incendient, pillent et tuent en toute impunité.
Sans l’égalité des droits pour tous, que ce soit dans le cadre d’un Etat, de deux Etats, ou d’un autre cadre politique, le danger de dictature est constant. Il ne peut y avoir de démocratie pour les juifs en Israël tant que les Palestiniens subiront un régime d’apartheid, tel que l’ont décrit des juristes experts israéliens.
De fait, le but ultime de la réforme judiciaire actuellement en cours est de renforcer l’étranglement de Gaza, de priver les Palestiniens de part et d’autre de la Ligne Verte (les frontières d’Israël au 4 juin 1967, NDLR), d’annexer toujours plus de terres et de procéder au nettoyage ethnique de toutes les populations palestiniennes vivant sous le joug israélien. Le problème n’est pas né avec le gouvernement extrémiste actuellement en place : le suprémacisme juif a ainsi progressé au fil des ans et a été sanctuarisé par l’adoption, en 2018, de la loi sur l’Etat-nation.
Les Américains juifs ont souvent été aux avant-postes de combats pour la justice sociale, qu’il s’agisse de l’égalité raciale ou du droit à l’avortement. Mais ils n’ont pas fait suffisamment attention à L’Eléphant dans le salon dont personne n’ose parler : à savoir, l’occupation israélienne depuis si longtemps qui a, nous le répétons, généré le régime d’apartheid.
Alors que la droitisation d’Israël s’accentue et que son gouvernement a un agenda messianique, homophobe et misogyne, la jeunesse juive américaine s’éloigne de plus en plus de lui. Dans le même temps, on voit des milliardaires juifs financer l’extrême-droite israélienne.
En ces heures de grande urgence, mais aussi de possibilité de changement, nous appelons les dirigeants des institutions juives américaines, fondations, universitaires, rabbins, enseignants, à :
1- Apporter leur soutien au mouvement de protestation en Israël, mais en même temps à demander à ce dernier de faire sienne la cause de l’égalité entre juifs et Palestiniens, tant à l’intérieur de la Ligne Verte que dans les Territoires palestiniens occupés.
2- Apporter leur soutien aux organisations qui défendent les droits du peuple palestinien et à éclairer l’opinion, quotidiennement, sur la réalité de la vie sous occupation et apartheid.
3- S’engager à réévaluer les normes et programmes d’éducation des enfants et de la jeunesse juive, de manière à fournir une approche plus honnête du passé et du présent d’Israël.
4- Enfin, à demander aux élus états-uniens qu’ils contribuent à mettre fin à l’occupation, à interdire l’emploi de l’aide militaire américaine dans les TPO et à mettre fin à l’impunité d’Israël aux Nations unies et autres organisations internationales.
Il n’est plus possible de se taire. Maintenant, il faut agir.»
R. I.
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