La femme algérienne emmaillotée par une société patriarcale salafisée
Une contribution de Khider Mesloub – Sous notre démentiel ciel enténébré d’obscurantisme, en Algérie, où l’acquisition de statut de musulman, c’est-à-dire l’introduction dans la communauté islamique, ne nécessite aucun baptême ni aucun sacrement, à l’instar du christianisme, l’islamisation institutionnelle à marche forcée des Algériens, opérée u lendemain de l’indépendance par un régime plus soucieux de les nourrir de religiosité importée clé en main de l’Orient moyenâgeux que de les alimenter de savoirs scientifiques par la valorisation de leurs potentiels intellectuels, poursuit son entreprise de démolissage culturel, de défiguration cultuelle, d’abêtissement éducationnel.
Tout le système éducatif algérien, parasité par un enseignement religieux salafiste, dispensé par un corps professoral au cerveau pétri d’ignorances, pour qui l’apprentissage littéral du Coran prime sur l’acquisition studieuse des connaissances fondées sur le rationalisme, s’applique à fabriquer en chaîne des écoliers salafisés. J’allais écrire «syphilisés» (de syphilis). Car le salafisme, cette infection religieusement transmissible, vérole islamiste contagieuse, cause d’invalidité intellectuelle et de mortalité culturelle, ulcère toute la société algérienne.
Comme le souligne avec amertume Kahina Bencheikh El-Hocine dans son article «L’islamisation gagne à nouveau du terrain en Algérie : les femmes premières victimes», publié dans Algeriepatriotique le 9 août 2023 : «La pensée islamiste rigoriste a prospéré et s’est fortifiée au fil des années face à un laxisme déconcertant, à la limite consentant, des pouvoirs publics».
Depuis l’indépendance, le régime, en jouant les apprentis sorciers avec son entreprise de fabrication étatique d’un musulman nourri au salafisme, cette doctrine mortifère, a créé des «Frankenstein» de l’islam, de véritables monstres islamistes, des démons fanatisés, capables de se transformer en assassins, de terroriser la société. De voiler le ciel bleu azur algérien de leurs ténébreux projets de société salafisée.
Et, surtout, d’avilir la condition de la femme algérienne. En effet, la femme algérienne est la principale victime de la prolifération de l’islamisme. L’espace de liberté de la femme s’est réduit comme peau de chagrin. Son être social est complètement décharné.
Sa beauté personnelle, autrefois avec noblesse vestimentairement fleurie, est désormais avec obsession religieusement flétrie, avec une lugubre étoffe orientalement travestie.
Tel un enfant, la femme algérienne est maintenue sous tutelle. Pour lui rappeler son infériorité et son avilissement, la femme est mise vestimentairement en cage. Elle est emmaillotée par une société patriarcale qui refuse de se mettre à la page. «Sur la mer, personne ne vous prend en tutelle. C’est le dernier espace au monde où vous êtes responsable», notait l’écrivain Paul Guimard. En Algérie, sur terre comme sur mer (ou entre les deux : à la plage), la femme demeure sous tutelle, privée de son droit de naviguer librement, de diriger son gouvernail à sa guise.
En Algérie où l’islamisme est en vogue, la femme a intérêt à ne pas faire de vagues. La femme algérienne, plongée dans la prostration, est contrainte à la prosternation. Sans aucune possibilité de protestation.
L’Algérie salafisée nage à contre-courant. En Algérie, la plage est devenue l’endroit où la femme sans voile est excommuniée. Les maillots de bain féminins sont bannis par les islamistes.
Si nos aïeux revenaient dans notre Algérie salafisée, ils s’empresseraient de nous renier tant ils ne reconnaîtraient pas leur islam, leurs observances, leurs rites, leur religion, en un mot : leurs descendants. Et surtout nos femmes, vestimentairement défigurées et socialement infantilisées.
Sans nul doute, pour purifier le pays, s’attelleront-ils à la mission salvatrice de salubrité intellectuelle publique par la «désalafisation» de l’ensemble des Algériens afin de redorer le blason culturel et cultuel de l’Algérie.
Entreprise de déradicalisation, de «désendoctrinement», de «désembrigadement», qui passe par le congédiement de la majorité des professeurs salafistes, ces têtes de pont des pontes des pays du Golfe, ces janissaires du wahhabisme œuvrant à la déstructuration et la déculturation de l’Algérie par l’asservissement intellectuel de ses enfants soumis à la pédagogie du prosternement, ce programme de manipulation mentale et de décervelage. Œuvrant à l’asservissement et à l’avilissement de la femme algérienne, emmaillotée depuis plus de trois décennies par un corset doctrinal salafiste asphyxiant, garrottée par des mœurs orientales antinationales, dévoyée par une contre-culture salafisée nationalement dissolvante.
K. M.
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