L’armée algérienne sera-t-elle appelée à repousser une intervention au Niger ?
Par Kamel M. – Le rejet ferme de toute intervention militaire étrangère au Niger où le président Mohamed Bazoum a été renversé a été exprimé sans ambages par les autorités algériennes. Cela signifie clairement qu’une opération ordonnée par la France et exécutée par ses vassaux de la CEDEAO sera considérée comme un casus belli par l’Algérie. Faut-il rappeler que la nouvelle Constitution autorise l’armée algérienne à intervenir hors de ses frontières en cas de menace qui pèseraient sur le pays ? Or, le chef d’état-major de l’ANP a déclaré à partir de la 1re Région militaire, à Blida, que nos forces armées étaient prêtes à affronter toute menace, de toute nature et de toute envergure.
Les propos du général d’armée Saïd Chengriha résonnent comme une mise en garde à la France, qui s’emploie à provoquer une guerre par procuration à nos frontières sud. Une France qui manifeste les soubresauts de la bête à l’agonie, perdant son pré-carré africain qu’elle a longtemps laissé dans le sous-développement depuis les pseudo-indépendances et dans lequel elle a implanté le terrorisme islamiste, comme elle l’avait fait en Algérie dans le milieu des années 1980 et au début des années 1990. Le récent déplacement du patron de l’armée algérienne en Russie est, lui aussi, teinté d’un message aux pays qui cherchent à semer le chaos dans le Sahel pour faire main basse sur les richesses de cette région qui font tourner les centrales nucléaires françaises à moindre coût et dont les peuples n’ont jamais profité.
Les déclarations des responsables politiques et militaires russes sur la disposition de Moscou à augmenter la puissance de feu de l’ANP devraient pousser les dirigeants français et leurs tributaires de l’Afrique de l’Ouest à mettre de l’eau dans leur vin et éviter de prendre une décision hasardeuse qui leur sera fatale. Le rétropédalage des présidents des pays africains membres de la CEDEAO, après avoir annoncé l’activation de la force militaire commune, est un signe que ceux-ci ont pris conscience du fait que non seulement la France ne leur sera d’aucune aide militaire – elle-même en a besoin – mais que leurs troupes sont en sous-effectif et peu qualifiées, et que le Mali et le Burkina Faso ne resteront pas les bras croisés face à une agression contre le Niger. Ils savent aussi qu’ils auront en face d’eux la diplomatie algérienne et, s’ils commettent l’erreur de déclencher une guerre aux frontières avec l’Algérie, une armée algérienne prête à en découdre, comme l’a affirmé son chef d’état-major.
Si l’Algérie ne souhaite pas la guerre, la France, qui se prépare à accueillir le président algérien à une date que ce dernier n’a pas annoncée, se contentant de dire que celle-ci était en cours de préparation, veut envoyer des soldats africains au casse-pipe et tirer les dividendes d’un conflit armé qui lui permettra, pense-t-on à Paris, sinon de garder sa mainmise sur l’uranium et l’or nigériens, du moins éloigner les Russes, les Chinois et les Turcs de sa zone d’influence d’où elle est chassée.
K. M.
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