La non-adhésion de l’Algérie aux BRICS accueillie avec déception
Une contribution d’Aziz Ghedia – Peut-on dire, aujourd’hui, que la déception se lit sur les visages des Algériens d’avoir raté le coche, l’adhésion de notre pays au groupe BRICS ? La réponse est certainement OUI. Un oui en majuscules et en gras pour qu’il soit assez visible. A lire les commentaires sur les réseaux sociaux de certains d’entre eux qui se sont, à l’occasion, improvisés analystes politiques, la déception est à son comble d’autant plus qu’un pays africain dont on a, il n’y a pas si longtemps, effacé les dettes, est, lui, retenu ; il fera partie de ce gotha politico-économique du Sud global dès le début de l’année prochaine alors que pour nous autres Algériens, nous devrons encore attendre la prochaine session, la session de rattrapage si j’ose dire.
Ainsi donc, il est clair et net que sur le plan économique, certainement le critère principal pour l’adhésion aux BRICS, l’Algérie est encore un mauvais élève. Elle n’a travaillé, jusqu’ici, que les matières principales (exploitation et exportation des hydrocarbures), oubliant que pour décrocher le ticket gagnant, elle aurait dû apprendre aussi l’histoire, la géographie et la philosophie… C’est comme pour l’examen du baccalauréat en quelque sorte.
L’échec est cuisant. Il est difficile à digérer. Mais, je reprends ici ma réponse à un ami virtuel, «il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur et se dire que ce n’est que partie remise. L’Algérie devrait encore faire un progrès sur le plan économique pour pouvoir rejoindre cette organisation». Rien n’est vraiment perdu.
L’adhésion à cette organisation ne doit pas être regardée comme la panacée. Cela devrait, certes, être notre objectif à court terme mais le fait qu’on nous ait refusé (pour certainement des tas de raisons) cette adhésion ne devrait pas nous démoraliser outre mesure. Prenons les choses avec philosophie. A vrai dire, nous ne sommes pas encore prêts, économiquement parlant, car, à part l’exportation des hydrocarbures (pétrole et gaz), nous n’avons rien à proposer aux autres pays de ce bloc et nous n’avons pas intérêt à devenir «la pompe à essence» de la Chine ou de l’Inde. Cela ne devrait pas être notre vocation. Le rêve de la jeunesse algérienne est beaucoup plus grand que cela. En parlant de jeunesse, il me vient à l’esprit une chose dont personne n’a parlé jusqu’ici.
On pense que les BRICS n’exigent aux pays candidats à l’adhésion que des critères économiques tels que le PIB, par exemple, et éventuellement les réserves de change en dollars sonnants et trébuchants. Mais il se pourrait aussi qu’on porte un regard très important à la condition de la jeunesse dans les pays qui aspirent à rejoindre cette organisation. Un pays dont la jeunesse est attirée par l’exil en Occident, dont le seul vœu est de rejoindre, par n’importe quel moyen, cet Occident que d’aucuns diront décadent, n’inspire pas confiance. C’est peut-être sur ce point bien précis que l’Algérie a buté. Elle ne peut pas nier cette réalité qui porte en elle le désespoir d’une jeunesse, cette réalité qui fait que l’autre critère dont on tient de plus en plus compte, l’indice du bonheur, est au plus bas.
Cela dit, les Algériens dans leur ensemble sont, apparemment, abasourdis. Ils ne s’attendaient pas du tout à cette mauvaise nouvelle, ils ont espéré jusqu’au dernier moment. Ils pensaient que la visite du président Abdelmadjid Tebboune en Russie et en Chine allait porter ses fruits. Que nenni !
Officiellement, jusqu’à l’heure où je rédige cet article, il n’y a pas eu de réactions.
Même du côté des partis politiques, c’est silence radio. Seul le parti Jil jadid a posté sur la page Facebook de son président Soufiane Djilali une petite réaction d’amertume et de déception. Cependant, sa conclusion rejoint grosso modo notre point de vue, sur la question, annoncé dès le début de cet article : «Note déception d’aujourd’hui n’est pas la fin du monde. A quelque chose malheur est bon, dit l’adage. Prenons avec philosophie et courage cet échec pour réfléchir sur notre réalité et se décider enfin à construire par le travail, l’effort et l’intelligence notre Algérie pour laquelle trop de sacrifices ont été dilapidés au nom des illusions», dit-il.
A. G.
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