L’Egypte, nouveau membre des BRICS, fait face au spectre des émeutes de la faim
Une contribution de Khaled Boulaziz – Sous le soleil implacable de l’Egypte, une terre autrefois luxuriante et généreuse, se déroule un drame qui transcende les époques. Les éléments, en plein tumulte, ont façonné une toile complexe tissée de réchauffement climatique, de croissance démographique effrénée et de pénurie d’eau, formant ainsi une mise en scène sans pareille. Dans cette terre fertile, une tragédie humaine se dévoile alors que l’Egypte s’enfonce dans un modèle de développement agricole centré sur les exportations au détriment d’une population qui porte le fardeau de la faim.
Les chiffres tracent un tableau sombre. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 27 millions d’âmes égyptiennes évoluent dans les méandres de l’insécurité alimentaire, un fléau dont les nuances varient entre modération et sévérité. Les voix de ces millions se mêlent aux murmures du vent dans les rues poussiéreuses, contant l’histoire de privations invisibles et de luttes quotidiennes.
Tout en se tenant dans l’ombre des pyramides majestueuses, des citoyens tentent de se frayer un chemin dans ce labyrinthe insidieux. Certains choisissent le sentier du végétarisme, un acte de résistance solitaire pour apaiser la faim. D’autres, avec une poignée de pièces, échangent leur tasse de café pour un peu de thé, un doux remède pour les maux d’un estomac vide. Au cœur de cet affrontement avec l’adversité, le docteur Ahmed se dresse en tant que gardien des souffrances, luttant aux côtés des familles vulnérables pour apporter un peu de réconfort dans un monde en proie à la détresse.
Cette marée de faim et de désespoir s’amplifie en parallèle avec l’essor de la pauvreté, une ombre impitoyable qui enserre près de la moitié de la population. L’inflation, telle une tempête déchaînée, a fait s’envoler les prix des produits, la livre égyptienne ayant été cruellement dévaluée, entraînant une spirale de cherté de vie. Dans cet équilibre précaire, les fondations mêmes de la société égyptienne vacillent.
La nation, cependant, reste un acteur mondial dans le marché du blé, un rappel poignant de son potentiel agricole. Selon la FAO, malgré ces défis, l’Egypte devrait importer encore 12 millions de tonnes de blé cette année, conservant sa place en tant que principal importateur mondial. Cela ajoute une note de tragédie paradoxale à cette saga, car les champs qui, autrefois pourvoyaient à l’abondance, sont maintenant aux prises avec l’insuffisance.
Au cœur de cette toile de fond, un nouvel élément entre en scène. L’Egypte, désormais membre du groupe des BRICS, fait face à un dilemme déchirant : la peur grandissante des émeutes de la faim. Les voix discordantes de la société, étouffées depuis trop longtemps, trouvent dans ce nouveau statut une opportunité de se faire entendre. Les rues, jadis témoins silencieuses de révoltes, frémissent à nouveau avec le spectre des manifestations alimentées par la désespérance.
En cette ère où les festivités de la décennie de dictature militaire sont censées briller de mille feux, une toile de fond sombre s’impose, un rappel cruel que les lauriers du pouvoir ne peuvent dissimuler les lacunes dans la quête du bien-être de tous. C’est ainsi que l’Egypte, entre ses espoirs et ses épreuves, navigue dans un océan d’incertitudes, cherchant des réponses dans le désert des contradictions.
K. B.
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