Ces deux indices qui présagent un vaste remaniement du gouvernement
Par Abdelkader S. – Si, de sources généralement bien informées, on apprend qu’un mouvement diplomatique partiel a été décidé en haut lieu et que l’annonce serait imminente, deux signes indiquent que le gouvernement d’Aymène Benabderrahmane pourrait lui aussi connaître un remaniement, mais beaucoup plus vaste, cette fois-ci. Les changements en vue seraient dictés par le manque de réactivité d’un certain nombre de départements ministériels qui retardent l’exécution des décisions prises en Conseil des ministres et l’application des directives du chef de l’Etat par les subordonnés.
La réorganisation des services de la présidence de la République par un décret présidentiel qui vient d’être publié au Journal Officiel, est un de ces indices qui ne trompe pas. L’élargissement des attributions du directeur de cabinet et du secrétaire général est clairement une réponse à cette apathie dont se plaint le chef de l’Etat depuis son avènement au pouvoir, critiquant le rendement mitigé de l’Exécutif et procédant à des évictions et des remplacements à plusieurs niveaux de la hiérarchie sans que cela ne semble donner des résultats.
Ne pouvant pas tout suivre personnellement, concentré sur l’action extérieure eu égard aux enjeux stratégiques qui concernent le pays et les défis sécuritaires qui menacent sa sécurité et sa stabilité, Abdelmadjid Tebboune a décidé de déléguer un certain nombre de ses prérogatives à son directeur de cabinet et au secrétaire général qui devront, chacun dans la limite des missions les concernant, assurer un suivi permanent et direct des activités gouvernementales et d’en informer le Président aux fins d’évaluation et de réajustements, le cas échéant. Ce contrôle de l’action du gouvernement par deux hauts responsables de la présidence de la République devra être accompagné par la rigueur que nécessite cette période délicate que traverse le pays, les citoyens commençant à douter en raison de la dichotomie qui existe entre le discours officiel et la situation générale du pays.
Sur le terrain, en effet, les Algériens ne ressentent pas une grande différence, les atavismes bureaucratiques demeurent et les mauvais réflexes hérités des pratiques anciennes démobilisent et démoralisent une partie de la société qui ne comprend pas comment l’administration continue de fonctionner avec les mêmes méthodes archaïques malgré les instructions présidentielles visant à la faire évoluer par le biais de la numérisation et de la lutte contre la paperasserie et son corolaire la corruption. D’ailleurs, c’est suite à une requête des investisseurs et des industriels algériens que le président de la République a dû geler un comité interministériel censé faciliter les procédures en évitant le recours à la justice et qui, au lieu de remplir la mission pour laquelle il a été créé, a, au contraire, constitué une entrave supplémentaire à l’essor économique du pays.
Second signe avant-coureur, des députés ont confié à nos confrères du quotidien arabophone El-Khabar que le président de la République était contrarié par la léthargie constatée dans la gestion des affaires de l’Etat, notamment celles qui concernent le confort du citoyen, appelant sans cesse à assurer toutes les commodités – eau courante, disponibilité permanente des produits de large consommation, amélioration des salaires, des pensions de retraite, des bourses des étudiants, des allocations chômage, etc. –, mais recevant, en retour, des plus en plus de plaintes de la part d’une population désabusée. Ces députés se disent persuadés que le gouvernement d’Aymène Benabderrahmane vit ses dernières heures et qu’une nouvelle approche serait adoptée pour éviter les manquements constatés depuis décembre 2019 à ce jour.
A. S.
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