Italie : Giorgia Meloni doublement fragilisée craint de devoir jeter l’éponge
De Rome, Mourad Rouighi – Un an après sa victoire électorale du 25 septembre 2022, Giorgia Meloni se sent doublement fragilisée. D’un côté par ses propres supporters et, de l’autre, par les marchés financiers qui lui promettent un automne glacial.
En premier lieu, ses électeurs lui reprochent avec véhémence sa mollesse dans la gestion de la déferlante des migrants, elle qui avait promis, lors de la campagne électorale, qu’elle s’engageait à disposer un blocus naval, bloquant complètement les arrivées de migrants en Italie. Or, rien de tout cela ne s’est produit. Bien au contraire, le nombre de migrants qui ont gagné la péninsule cette année est le double du temps de son prédécesseur, Mario Draghi.
Ce qui suscite une colère grandissante parmi les ultras de Frères d’Italie, son parti, qui s’exprime de manière virulente à travers les quotidiens proches de la droite italienne et notamment Il Giornale, Libero et la Verità, et qui indique à la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, que son propre camp est irrité par son action sur un sujet jugé primordial par sa base électorale.
L’autre dossier épineux qui tourmente son agenda politique est le scepticisme des marchés financiers à l’égard de ses choix en matière économique. Et une date est devenue hautement à risque que Giorgia Meloni a inscrite en rouge sur son agenda, à savoir le 17 novembre prochain. Ce jour-là, l’agence de notation Moody’s décidera de la fiabilité financière de l’Italie et si celle-ci venait à choisir la voie de la dégradation de la fiabilité du pays, les répercussions seraient catastrophiques pour la locataire du palais Chigi.
Car cela reviendrait à projeter Rome dans le club des «indésirables», de ceux qui ont du mal à recourir aux marchés financiers pour réguler les fluctuations de leurs paramètres économiques. Passer de AAA à BAA aurait un effet négatif surtout sur les investisseurs. Certains grands fonds ne peuvent pas détenir de telles obligations d’Etat dans leurs portefeuilles conventionnels.
Enfin, si la dégradation venait à s’accompagner de choix similaires de la part de deux des trois autres grandes agences, S&P et Fitch, alors l’effet sur les comptes italiens deviendrait grave : les émissions du Trésor seraient exclues de toutes les principales plateformes d’achat européennes et internationales et les financements deviendraient une affaire plus complexe et, surtout, beaucoup plus coûteuse.
Giorgia Meloni sait tout cela et n’écarte plus, comme avant, l’hypothèse d’un recours anticipé aux urnes. Mieux vaut, selon ses conseillers, repartir à zéro, plutôt que s’entêter à butter contre un horizon mouvementé, chargé de difficultés de tout genre et à maints niveaux.
M. R.
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