Qu’entend le président de la République par «le dossier des BRICS est clos» ?
Par Kamel M. – Le divorce est-il définitivement consommé entre l’Algérie et le groupe des BRICS ? Le chef de l’Etat a, en effet, déclaré, devant un parterre de responsables de médias reçus à la présidence de la République, que «le dossier des BRICS est clos». Qu’est-ce à dire ? Que l’Algérie rétropédale malgré tous les efforts qu’elle a déployés pour obtenir un siège parmi les cinq pays qui le constituent ? Pourquoi avoir renfloué la caisse de la Nouvelle banque de développement à hauteur de 1,5 milliard de dollars, si l’objectif d’adhésion n’est plus à l’ordre du jour ? Y a-t-il eu un imbroglio dans la gestion de cette question à laquelle les plus hautes autorités du pays semblaient pourtant avoir accordé un intérêt tout particulier ?
Par cette déclaration, Abdelmadjid Tebboune entend-il faire part de la grande désillusion de l’Algérie après que son nom n’a pas figuré parmi les pays qui ont eu le «privilège» d’être triés sur le volet par les dirigeants russe, chinois, indien, brésilien et sud-africain, pour faire partie de cette organisation étendue et qui connaîtra de nouveaux élargissements, selon les déclarations de ses responsables ? Le président de la République n’avait-il pas lui-même affirmé que l’Algérie devait d’abord remplir un certain nombre de conditions avant de prétendre à l’accession aux BRICS, accession qui devrait, avait-il dit, intervenir vers la fin de l’année 2024 ? Que s’est-il passé entretemps ?
Au lendemain de ce qui a été considéré comme une «douche froide» par un certain nombre d’observateurs, il a beaucoup été question d’une sorte de véto que l’Inde aurait imposé pour empêcher l’Algérie de faire partie du groupe. L’Inde, a-t-on laissé entendre ça et là, se serait soumise aux pressions françaises. Mais aucun élément ne permet d’accréditer cette thèse. Ce qui, par contre, a étonné plus d’un, ce sont les critères qui ont présidé à la sélection des nouveaux Etats admis aux BRICS – Iran, Argentine, Egypte, Ethiopie, Arabie saoudite et Emirats arabes unis – et qui, à bien des égards, sont loin d’égaler les potentialités de l’Algérie. Ces critères ont-ils été changés en cours de route ?
Dans cette affaire d’adhésion ou non aux BRICS, beaucoup a été dit, mais l’opacité demeure totale sur les desseins des uns et des autres, laissant entrevoir, sans doute, les premières fissures au sein de ce groupe qui se veut une alternative au G7, au G20 et autres blocs qui, jusque-là, dominaient l’économie mondiale et imposaient leurs règles au reste du monde. Le projet est-il mort-né ou est-il, à tout le moins, voué à l’échec, à terme ?
Le président de la République a-t-il donné plus de détails mis sous embargo jusqu’à la diffusion de la rencontre par la Télévision publique, dans les heures à venir ? Nous le saurons bientôt.
K. M.
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