Ce qui se déroule en Afrique est la gestation douloureuse d’une révolution contre l’Occident
«Le problème de l’Occident est qu’il est resté figé dans sa vision colonialiste de l’Afrique et développe sa stratégie pour accaparer les richesses des peuples qu’il maintient dans la pauvreté et l’ignorance. Mais cet Occident n’a pas réussi à utiliser ses moyens scientifiques de pointe pour sonder l’opinion. Si les décideurs en Europe et aux Etats-Unis avaient consulté les académiciens, ils auraient découvert que le sentiment de haine allait grandissant chez les Africains, désormais conscients que c’est le colonialisme occidental qui est la source de leur tragédie et de leur sous-développement, et qui les a privés de profiter de leurs richesses et d’avancer sur le chemin du progrès», écrit le politologue Slimane Saleh, dans les colonnes du journal qatari Al-Sharq.
«Les Africains, poursuit-il dans sa pertinente analyse, étaient heureux de l’indépendance qu’ils ont acquise au siècle dernier et ont défilé en chantant pour le pays dans les cortèges de soutien à leurs autorités nationales qui avaient brandi les slogans du socialisme et du développement et fait de nombreuses promesses à leurs peuples assoiffés de liberté, après de longues périodes d’asservissement et de joug colonial». «Mais, explique le chroniqueur, ces peuples se sont réveillés des décennies plus tard sur une vérité criante, à savoir que l’indépendance était fausse et que l’Occident les a empêchés d’imposer leur volonté dans des élections libres et honnêtes à travers lesquelles ils choisiraient leurs députés et leurs dirigeants, et que le colonisateur arrogant ne veut pas que l’Afrique vive des expériences démocratiques qui constitueraient le fondement d’une véritable indépendance».
Le Dr Slimane Saleh fait remarquer que «les peuples africains ont compris que la dépendance à l’Occident a constitué une base à un nouveau type de colonialisme et que les dirigeants de ces peuples n’étaient pas sincères dans leur gouvernance, censée parachever l’indépendance totale. Les Etats occidentaux ont faire croire à ces dirigeants qu’ils pouvaient leur garantir la pérennité au pouvoir en contrepartie de leur permission de piller les richesses des peuples». «L’Occident, ajoute-t-il, s’est également servi du complexe médiatique mondial qu’il contrôle pour répandre le mythe des peuples africains incapables d’investir leurs richesses et de construite une industrie moderne, et qu’il leur fallait se mettre à l’évidence qu’il fallait extraire ces richesses et les vendre à des prix bas pour que les Etats occidentaux procèdent à leur transformation en des produits manufacturés qu’elle leur revend à des tarifs exorbitants», fait constater l’auteur de la tribune.
«C’est ainsi que les pays qui ont accepté cette aliénation ont perdu leur indépendance, se sont noyés dans des dettes abyssales et leurs régimes ont opprimé les porteurs du rêve de liberté et qui aspirent encore à réaliser l’indépendance totale. Cette dépendance à l’Occident a été accompagnée d’une atteinte aux droits de l’Homme et du déclenchement de guerres civiles», rappelle Slimane Saleh, selon lequel «le monde change de façon rapide, à la lumière de la révolution de la communication qui a créé de nouveaux moyens, permettant aux peuples africains de découvrir de nombreuses vérités sur la spoliation de leurs richesses par les Etats-Unis et l’Europe». «Par ailleurs, explique-t-il, de nouvelles puissances, comme la Chine et la Russie, cherchent à obtenir une partie des richesses dont regorge le continent africain, après qu’elles ont pris conscience que l’exploitation de 10% uniquement de ces gisements suffisait à changer toute l’économie mondiale et à bâtir un nouvel ordre économique».
«Mais, pour que l’Afrique exploite ses ressources, réalise le progrès et le développement et construise son avenir, il faudrait que ses peuples se soulèvent contre les puissances coloniales et néocoloniales et aboutissent à leur indépendance pleine et entière», assure l’académicien, pour lequel «la révolution est le commencement de la vie et un nouveau départ pour les peuples africains qui n’ont plus aucune autre alternative qui puisse leur apporter l’espoir malgré les douleurs qui peuvent l’accompagner».
«Les événements qui ont lieu en Afrique sont la gestation difficile et douloureuse d’une révolution globale contre le colonialisme, l’asservissement, le despotisme et la tyrannie. C’est que la colère gronde et finira par exploser bientôt et s’éparpillera dans tous les sens», prédit-il, en estimant que «si les Etats occidentaux avaient un minimum de perspicacité, ils retireraient leurs armées, mettraient fin à leurs complots, laisseraient les peuples imposer leur volonté et instaurer leurs régimes démocratiques qui leur assureraient la liberté et l’indépendance». «Mais, relativise-t-il, il est évident que les pays occidentaux sont devenus aveugles et ne voient pas le feu qui couve et qui finira par brûler l’arrogance coloniale occidentale».
«Les années à venir sont porteuses de beaucoup de surprises qui ne feront pas plaisir à l’Occident et feront payer aux Etats-Unis et à l’Europe cher le prix de leur fatuité car les peuples africains sortiront bientôt lapider tous ceux qui ont dominé par la force, appauvri les gens, spolié les ressources», met en garde Slimane Saleh. «Le recours à la force brutale sera vain devant la colère des peuples et leur révolution totale», conclut-il.
R. I.
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