Les «dé» sont jetés
Par Khider Mesloiub – Les « dé » sont jetés. A la figure, dorénavant hideuse, de la France bourgeoise en déclin. Comme tout le monde le sait, en matière grammaticale, le préfixe «dé», d’origine latine, sert à marquer l’éloignement ou la privation, mais aussi le changement d’état et l’achèvement. Lentement mais sûrement, la France capitaliste, en plein changement régressif, entre dans sa phase d’achèvement de son destin historique. D’éloignement de la prospérité. Donc dans l’ère des privations.
Le préfixe «dé» entre dans la composition d’un bon nombre de mots pour exprimer la cessation d’un état ou état inversé. La France contemporaine se décline désormais en préfixe privatif «dé», particule symbole de la cessation de sa splendeur, incarnation de l’inversion de son opulence.
La France collectionne les «dé», qui lui servent de signe distinctif. D’identité. On reconnaît désormais la France bourgeoise au nombre incalculable de substantifs flanqués du préfixe privatif, employés quotidiennement pour caractériser ce pays à la dérive. Précipité dans la débâcle. Pour décrire sa politique pestilentielle, son économie croupissante, sa culture oligarchique repoussante, sa gouvernance persécutante, sa police démolissante.
D’aucuns diraient que la France officielle, celle de la classe dominante et des élites culturelles, issues du noble monde germain et latin, rime dorénavant avec canin et catin. La France est devenue le toutou des Etats-Unis et d’Israël, ses maîtres, devant lesquels elle se prosterne, pour lesquels elle se prostitue.
Le peuple français paupérisé subit la prédation de ses gouvernants qui le rackettent. Il se résigne à supporter la dépravation de sa classe politique qui le manipule. A endurer la terreur de sa police qui le maltraite. A pâtir de la dégradation de ses conditions de vie qui rejoignent celles des pays du tiers-monde. A subir la détérioration de son système de santé. La désagrégation de son système éducatif. Le démantèlement de ses services publics. Il observe avec consternation l’inféodation de la diplomatie de son pays à Tel-Aviv et Washington. L’asservissement de ses médias au sionisme et à l’atlantisme.
La France officielle brille désormais par la prolifération des termes dépréciatifs, dévalorisants, qu’elle fabrique à grande échelle par sa politique régressive, son économie récessive, sa gouvernance répressive. Ces termes marquent la cessation ou l’inversion. Par exemple, déclassement, désindustrialisation, décroissance, dénatalité, devenus synonymes de France.
Quand on évoque la France, on lui associe spontanément les termes flanqués du sinistre préfixe privatif, synonyme de «civilisation» française en voie d’extinction. Une France capitaliste marquée au sceau de l’ablation de sa grandeur économique. De l’amputation de son rayonnement culturel. De l’extinction de sa diplomatie de la canonnière. De la mutilation de son modèle social. De l’érosion de sa démocratie financière.
La France se définit dorénavant par la particule «dé», qu’elle s’emploie à étendre à tous les aspects de la société : médical, éducatif, politique, moral. Quand on évoque la France, surgissent immédiatement à l’esprit les termes désertification, désertion, désengagement, déconstruction. Désertification médicale, privant les malades de soins ; désertion des professeurs, livrant les élèves à l’ignorance et à l’ensauvagement ; désengagement de l’Etat, abandonnant des millions de personnes nécessiteuses ; déconstruction des valeurs humaines, exposant les enfants à l’anomie et à la propagande de l’idéologie LGBT.
K. M.
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