Le pape François fortement irrité par les injonctions israéliennes
De Rome, Murad Rouighi – Pressé par le représentant israélien de prendre fait et cause pour la narration sioniste, le pape François a renvoyé au destinataire ces ingérences impromptues et à travers ses proches conseillers et rappelé les constantes d’une diplomatie vieille de deux mille ans, qui continue à dégager ses positions loin des injonctions hystériques et des amalgames frauduleux, ici et là exprimés.
Le souverain pontife qui, lors de ses récentes homélies, a toujours insisté sur la notion d’injustice que subit le peuple palestinien, a maintes fois dénoncé le deux poids et deux mesures qui mettent en risque la coexistence entre les peuples du Proche-Orient.
De fait, la représentation israélienne avait violemment attaqué, le 7 octobre, la note du Vatican, en la personne du patriarche de Jérusalem, qui s’était pourtant limité à rappeler la situation d’injustice qui prévaut en Palestine occupée.
L’Osservatore Romano, organe officiel du Saint-Siège, avait relayé, le lendemain, les critiques israéliennes à la note des patriarches et chefs des Eglises de Jérusalem, jugée, «trop décevante et frustrante» en raison de son «ambiguïté linguistique». Le patriarcat latin de Jérusalem avait, en effet, publié un texte appelant à soutenir la cessation de toutes les activités violentes et militaires qui nuisent aux civils palestiniens et israéliens.
Par ailleurs, le patriarche Pierbattista Pizzaballa avait récusé les jérémiades de la représentation israélienne, les jugeant «excessives dans le ton et dans le contenu». Ce à quoi, le délégué israélien a répondu : «Apparemment, quelques décennies plus tard, il y a ceux qui n’ont pas encore tiré les leçons du sombre passé récent.»
Une divergence de positions et de tons, remontant à bien avant le 7 octobre. Le Vatican avait condamné de manière ferme certains épisodes d’intolérance envers les fidèles chrétiens en terre sainte, de la part de groupes extrémistes juifs qui, à chaque procession religieuse à Al-Qods, crachent sur les fidèles, ce qui avait donné lieu à un appel téléphonique houleux entre le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire aux relations avec les Etats et les organisations internationales.
Et, le moins que l’on puisse dire, nous dit un fin connaisseur des coulisses vaticanes, c’est que ce ton inquisiteur et arrogant n’est pas pour plaire au Saint-Siège, engagé sous le pontificat de François à multiplier les initiatives de dialogue et de paix – dans la justice et l’équité – de par le monde. Notamment avec le vaste monde musulman, qui n’a de leçons à recevoir de personne, encore moins de la part d’un gouvernement agissant depuis des décennies hors de la légalité internationale.
M. R.
Comment (6)