Le dernier chaînon du capitalisme assassin
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Depuis la victoire éclatante du Vietnam sur la France et l’Amérique et celle de la Révolution algérienne sur la France et l’OTAN, le capitalisme, incarné par le pouvoir central de l’Occident, a décidé, pour ne plus subir des défaites aussi cuisantes, de réaffirmer au monde sa suprématie tous azimuts. Il a donc décidé d’aiguiser des armes non-conventionnelles pour mieux dominer son monde, asservir l’autre.
Sa première arme est la démocratie qui légitime la guerre auprès de ses électeurs. De toutes ses institutions, celle des médias est la plus importante. Cette dernière est sommée de qualifier le travail médiatique des autres de «propagande» et, donc, spécifique aux dictatures. D’une pierre deux coups, comme à la chasse.
Le pouvoir central de l’Occident qualifie sa guerre de «propre» et pour le prouver, il idéologise toutes les sciences sociales, les religions et toutes les méthodes qui prônent le rationalisme, dont le matérialisme et, particulièrement, le marxisme qu’il réduit à une idéologie pour nous aveugler.
L’écho que la France et l’Amérique donnent à travers leurs écrans sur le génocide de Gaza prouve qu’ils ont réussi à recentrer leurs forces, excepté celle de la rue.
Leur droit d’ingérence au nom de la liberté et la promotion de leur démocratie sont parmi les armes létales les plus performantes, puisqu’ils arrivent à retourner des pouvoirs étrangers à leur civilisation, comme l’Egypte, le Maroc, la Jordanie, etc., contre la cause palestinienne, et une minorité, certes, de citoyens dans les autres pays, mais qui a l’efficacité de nuisance d’une 5e colonne.
Pour que notre solidarité à la cause palestinienne soit efficace, nous devons nous inspirer de notre glorieuse Révolution. La Palestine subit ce que nous avons subi pendant plus d’un siècle. Nous avons été acculés à emprunter à l’ennemi ses propres méthodes. Il faut rappeler que la Zone autonome historique d’Alger n’a recouru aux bombes qu’au lendemain de l’attentat commis à la Casbah, rue de Thèbes, par un sinistre commissaire.
Nous étions contraints et forcés d’accomplir tout ce qu’il fallait pour sortir l’occupant qui ne voulait pas notre indépendance, tout en accueillant dans nos rangs tous ceux qui combattaient le colonialisme de peuplement. Notre Révolution ne faisait de distinction qu’entre celui qui était pour l’indépendance et celui qui la désapprouvait, qu’elle que fût la raison qu’il invoquait. La plus illustre d’entre ces raisons reste la lâcheté d’Albert Camus. Tout ce qu’a écrit cet écrivain lui servit à brouiller sa conscience et celle de son lecteur, de peur de la Révolution algérienne.
Si, aujourd’hui, nous sommes anéantis de voir le crime se perpétuer sans pouvoir le stopper, c’est parce que nous ne prenons pas notre histoire et l’histoire des révolutions au sérieux. Quand Arafat a été à Oslo, il était pour la paix des braves. Le guet-apens de De Gaulle tendu aux dirigeants de la Wilaya IV a été magistralement déjoué par la direction de la Révolution. Arafat a fait fi de cette expérience comme le font certains leaders et médias arabes qui combattent non pas le colonialisme israélien mais le juif, alors que la Proclamation du 1er Novembre est limpide à ce sujet, puisqu’elle déclare que, «conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme».
La Réaction veut faire croire que l’ennemi d’hier était le chrétien et, pour cela, qualifie le révolutionnaire de moudjahid, pour avoir le droit de qualifier le sioniste de juif et actualiser sa revendication à un Etat islamique. Je constate que nos médias ne dénoncent pas ce crime et je juge que leur récente autosatisfaction n’est pas seulement de la poudre aux yeux, mais un manque de conscience du danger.
Faut-il rappeler très brièvement ce que l’histoire nous enseigne ? Que colonialisme = occupation ? Que le colonialisme de peuplement = génocide ? Qu’islam = paix ? Qu’islamisme = guerre ? Et que, surtout, la croissance n’est pas toujours synonyme de progrès qui fait que l’Occident collectif se sert depuis cinq siècles de l’évolution technique et scientifique, comme d’autres se servent de la religion ?
On nous répète depuis très longtemps que le capitalisme est synonyme de progrès. Ce piège de 500 ans n’a été efficace que par la confusion, sciemment entretenue avec l’idéologie de la croissance. Sur ce, certains sachant que le colonialisme s’inscrit dans l’évolution du capitalisme, précisément dans son expansion, ont justifié les génocides aux yeux de leurs électeurs.
Pour justifier leurs génocides, ils ont fini par faire appel à la thèse de Malthus Thomas Robert qui affirme que d’après la loi naturelle – portant, par conséquent, la marque de la sagesse infinie du Créateur –, la population humaine tend, si aucun frein ne s’y oppose, face aux moyens de subsistances insuffisants, à la famine. Pour l’éviter, il préconise de supprimer toutes les aides aux pauvres, aux handicapés…
Suite à une telle thèse, Galton Francis élabora sa théorie de l’eugénisme qui prône la sélection artificielle, jugeant la sélection naturelle insuffisante.
Hitler, après les colonisations de peuplement de ses pairs, va pratiquer l’eugénisme sur les juifs. Ces derniers le pratiquent sur les Palestiniens depuis presque un siècle. On assiste au dernier chaînon du capitalisme assassin, à moins de voir l’eugénisme ressurgir dans les colonies françaises.
L’évolution de l’être vivant rend l’Homme capable non seulement de s’adapter à son environnement, mais d’adapter son environnement à ses besoins. Le capitalisme ne l’entend pas de cette oreille car il est mû par son processus qui le mène à façonner le milieu pour satisfaire ses intérêts et non ceux de l’Homme, de l’animal et de l’environnement. Pour lutter efficacement contre le capitalisme assassin, Marx nous le fait connaître par sa critique de l’économie politique cheminant le matérialisme moderne qui s’impose comme un outil de la connaissance objective.
Si Marx nous fait connaître ce qu’est le capitalisme, ce milieu qui façonne l’Homme moderne occidental, la neuroscience vient à notre secours pour nous avertir que le striatum qui loge dans le cerveau est le plus ancien organe du cortex dont la spécificité est la satisfaction des besoins immédiats et, par conséquent, non conscients. Il est à l’image d’une intelligence artificielle. Il a cette spécificité de ne tenir compte que de l’avantage immédiat. On comprend mieux pourquoi l’Homme doit être toujours plus libre et avoir le temps pour prendre conscience de tous ses actes et maîtriser son striatum qui baigne dans l’immédiat et les médias et qui en font un décervelé. Sur le fronton du camp d’extermination de Buchenwald, au temps d’Hitler, on pouvait lire sa devise : «Le travail rend libre».
Karl Marx (1818-1883) nous prévient aussi que «le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire. A 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime.»
J’avais commenté à la fin de mon recueil, en août 2020, que si Marx avait été amérindien, africain ou asiatique, le faux Maure aurait certainement précisé : «Un crime semblable à celui commis dans les colonies de peuplement, qui a transformé la classe politique dominante occidentale en anthropophage et qui, depuis des siècles, continue de dévorer les colonies et les ex-colonies, de les dépouiller de leurs richesses matérielles et immatérielles. L’avidité s’est imprégnée en eux comme une première qualité de leur humanisme, jusqu’à l’enseigner à leurs chérubins», ces pilotes d’Israël, entre autres, qui bombardent tuant hommes, femmes, enfants et animaux à Gaza, pendant que des aquaponieurs cubains redonnent vie à la nature océanique.
S. K.
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