Les fous de la gâchette français gâchent la vie d’une pauvre folle musulmane
Une contribution de Khider Mesloub – Chaque jour, en France, on peut croiser un homme ou une femme déséquilibrés, proférant des propos incohérents, voire menaçants. Dans la rue, dans le bus, dans le métro. Nombreux sont les malades mentaux victimes d’hallucinations auditives ou visuelles. Ils sont persuadés d’entendre des voix ou de percevoir une image qui n’existe pas. Parmi les populations malades psychiatriques très pieuses, les hallucinations, c’est-à-dire les voix entendues ou les images perçues, sont fréquemment à connotation religieuse. Notamment les personnes inscrites dans une hyper-religiosité.
En effet, les individus religieux, atteints de troubles psychiatriques, peuvent présenter des modifications du comportement comme des délires religieux, sous forme d’hallucinations auditives, telle la voix de Dieu, de Jésus, de Mohamed.
Ces personnes déséquilibrées sont, par ailleurs, très réceptives et sensibles à l’actualité à caractère religieux. En particulier quand les événements revêtent une dimension conflictuelle. Cela peut raviver leurs délires de persécution. Entraîner une identification avec les belligérants. Elles importent en quelque sorte le conflit dans leur psyché ou elles le vivent sur un mode réel, comme si elles sont directement sur le champ de bataille, prêtes au combat. Prises dans un délire d’identification, elles s’arment de haine et d’agressivité pour affronter un monde devenu menaçant, selon elles. Leur univers psychique est imprégné de bellicosité, saturé de furies vengeresses.
D’ordinaire, quand une personne déséquilibrée est en état de crise, c’est-à-dire sous l’emprise d’un délire ou d’hallucinations trop envahissantes, exprimée sous forme de propos incohérents, voire menaçants, on appelle le SAMU pour lui venir en aide. Quand bien même on fait appel à la police pour neutraliser la personne déséquilibrée se montrant menaçante, le policier dépêché sur place ne va pas faire usage de son arme, encore moins vider son chargeur.
Or, à Paris, une femme française musulmane, voilée, vraisemblablement en état de délire au point de proférer des propos désordonnés et jugés menaçants, selon seulement deux témoins subjectifs ayant alerté la police, après l’évacuation de la station et l’isolement de la passagère musulmane par les policiers intervenus pour l’appréhender, a été quasiment «exécutée à bout portant». En effet, selon les informations, les policiers auraient tiré huit balles sur cette femme voilée pour un «refus d’obtempérer». Refus d’obtempérer ? Cette notion ne s’applique-t-elle uniquement au délit de fuite routier ? Théoriquement, le refus d’obtempérer se caractérise par le fait qu’un conducteur choisisse de ne pas s’arrêter après qu’il en a reçu l’ordre de la part d’agents appartenant aux forces de police ou de gendarmerie. Or, la femme musulmane était déjà appréhendée, apparemment assise sur un banc de la station de métro évacuée. Donc, elle ne présentait aucun danger de fuite. Qui plus est, elle n’avait visiblement aucune arme dans ses mains. Pour la neutraliser, il suffisait d’utiliser des moyens non létaux.
La femme est grièvement blessée et son pronostic vital est engagé. La victime, une musulmane voilée, déjà internée en psychiatrie, n’avait ni armes à feu ni explosifs sur elle.
Selon Le Parisien, la femme criait «boum» ou encore «vous allez tous y passer, Allah akbar», faisant probablement allusion au conflit israélo-palestinien.
En France, la formule religieuse «Allah akbar» est devenue, aux yeux de l’opinion publique et des autorités françaises, un slogan terroriste. Un signe de radicalisation islamique. Vous pouvez crier «vive la République !», la formule consacrée en France pour exprimer son attachement à la nation française, son nationalisme, sans encourir la moindre récrimination ni de poursuites judiciaires. Pourtant, c’est au cri de cette formule chauviniste et belliqueuse que les militaires français bombardent des pays souverains (Irak, Afghanistan), détruisent des nations (Libye), génocident des populations (Algérie 1832-1962). Cette formule imbibée du sang des peuples décolonisés et opprimés devrait normalement inspirer répugnance, condamnation et bannissement. Or, en France, c’est la formule religieuse musulmane «Allah akbar» qui est anathématisée, criminalisée. Si quelqu’un la prononce en public, il est aussitôt signalé à la police pour suspicion de terrorisme. Il finit au commissariat et se retrouve fiché S.
Toujours selon Le Parisien, deux policiers, appartenant à la BAC 15, ont tiré sur la femme en question à sept ou huit reprises pour avoir «refusé d’obtempérer» et menacé «de se faire exploser». Question : depuis quand apprend-on à l’école de police à tirer sur une personne appréhendée qui dit détenir sur elle des explosifs et menace de se faire exploser ? Le risque n’est-il pas plus dangereux ? Cette intervention ne relève-t-elle pas des forces spéciales plus aguerries, plus expérimentées ?
Les autorités invoquent le prétexte de la «lutte antiterroriste» et la notion de «refus d’obtempérer» pour justifier l’usage de l’arme, les tirs des policiers. Néanmoins, d’aucuns accusent la police d’avoir tiré sur la femme parce qu’elle portait le voile intégral. Autrement dit, parce que musulmane.
Pour calmer cette femme déséquilibrée, la police devait plutôt utiliser des tranquillisants et non des balles. L’envoyer dans un service psychiatrique et non aux urgences. Pour le moment, elle est entre la vie et la mort.
Ces fous de la gâchette manquent manifestement de sagesse, d’humanité. Ils ont probablement eux aussi entendu des voix : celle de l’Etat fasciste français, aujourd’hui accusé de complicité de génocide à Gaza, qui leur ordonne de tirer sur tout ce qui ressemble à un Arabe «louche» ou à une musulmane «un peu trop voilée».
K. M.
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