Gaza : l’Egypte, la Turquie et l’Algérie pourraient être touchées par la guerre
Par Youcef Benzatat – Dans son discours du vendredi 3 novembre, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, a donné une leçon de stratégie militaire et politique à ses ennemis israéliens et à leurs alliés arabes et occidentaux, digne des grands stratèges de guerre que l’histoire a produite. Un discours tant attendu, aussi bien par les impérialistes occidentaux, alliés et complices inconditionnels d’Israël dans la colonisation de la Palestine et les crimes contre l’humanité par lesquelles elle est accomplie, que par leurs vassaux arabes à disposition pour les basses besognes, et surtout par les Israéliens eux-mêmes. A vrai dire, ils en ont été dégoûtés jusqu’à l’écœurement.
Hassan Nasrallah regardait tellement loin vers l’horizon de la conjoncture provoquée par la bataille «Déluge d’Al-Aqsa» que même ses sympathisants, à l’esprit étroit, en ont été déroutés. Ces derniers lui reprochant d’avoir abandonné les Palestiniens à leur sort face à la barbarie des Israéliens qui s’est abattue sur eux. Leur dégoût venait principalement du fait qu’il a complètement pris à contre-pied, dans son discours, leur propagande mensongère et éhontée, qui consiste à vendre à l’opinion internationale le qualificatif de «groupes terroristes antisémites» et qui vouent une haine irrationnelle à Israël, son parti, le Hezbollah libanais, ainsi que le parti du Hamas palestinien, les deux principaux partis qui résistent activement à la colonisation de la Palestine.
Contre toute attente, Hassan Nasrallah n’a pas fait de déclaration d’entrée en guerre ouverte contre Israël en solidarité avec les Palestiniens. Annihilant ainsi toute leur propagande d’usage depuis les attentats du 11 septembre, contre tous ceux qui résistent à la propension américaine de domination du monde et particulièrement, en la circonstance, contre tous ceux qui résistent à la colonisation de la Palestine, par leur désignation d’«axe du mal», qui a fait des ravages dans la crédulité de l’opinion internationale. Parmi les pays et les organisations qui constituent cet axe du mal, figurent l’Irak, la Syrie, l’Iran, la Libye, le Yémen et bien évidement ceux qui résistent activement à la colonisation de la Palestine par Israël, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.
Hassan Nasrallah a plutôt appelé à la retenue et à un cessez-le-feu immédiat, en prenant à témoin l’opinion mondiale sur la carence du droit international dans ce conflit et l’impuissance des institutions et de la communauté internationale. Ainsi, il s’est montré en tant qu’homme de paix et de raison. En ne laissant aucune place à la propagande de la partie adverse de dissuader l’opinion internationale dans son élan de solidarité en faveur du peuple palestinien. A ce propos, il a tenu à insister avec force conviction sur le fait que la bataille «Déluge d’Al-Aqsa» est une initiative proprement palestinienne, décidée et exécutée exclusivement par des Palestiniens, sans l’aide ni conseil de toute partie qui leur soit étrangère. Contrairement à la propagande de la partie adverse qui voudrait faire croire que la bataille «Déluge d’Al-Aqsa» serait un acte terroriste contre Israël, auquel ont participé ceux que leur propagande qualifie d’«axe du mal».
En fin stratège de guerre de résistance à la colonisation de la Palestine, il a fait de la bataille «Déluge d’Al-Aqsa», qui a violement secoué l’opinion internationale dans son autisme face à la cause palestinienne, une victoire décisive. Une victoire proprement palestinienne, qui atteste de l’attachement de ce peuple à sa terre et à sa patrie et sa détermination à poursuivre le combat de sa longue résistance à la colonisation, jusqu’à la victoire, quel qu’en soit le prix. En fin stratège, Hassan Nasrallah a su déjouer la propagande des ennemis de la Palestine, en axant son discours sur la capitalisation de l’élan de solidarité internationale avec la cause palestinienne et la criminalisation irréversible des Israéliens et de leurs complices, principalement américains et européens, dans ce que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié Gaza de «cimetière pour enfants».
La bataille «Déluge d’Al-Aqsa» a eu le mérite de réveiller l’empathie chez l’humanité qui en était dépourvue envers les Palestiniens et qui s’était noyée dans l’indifférence totale. Jusqu’au jour du 7 octobre 2023, lorsque, du sous-sol de Gaza, une lumière éblouissante est venue éclairer la conscience mondiale sur l’existence d’un peuple qui résiste à la plus grande injustice de notre temps. Une injustice devenue normale à force de propagande et qui fut achevée par la soumission totale des Arabes au chantage de l’alliance impérialo-sioniste, occidentalo-israélienne.
Malgré toute sa stratégie discursive, pacifique et raisonnable, qui se veut attachée au droit international, auquel d’ailleurs il ne croit nullement, de règlement du conflit de colonisation de la Palestine, Hassan Nasrallah n’a pas écarté, sous forme d’avertissement, son entrée en guerre ouverte contre Israël et ses alliés, si la guerre en cours ne déboucherait pas sur la restitution aux Palestiniens de leur souveraineté sur leur terre. Au-delà de l’exigence du cessez-le-feu immédiat annoncé. Une position partagée par l’Iran et qui a déjà été consommée par les Irakiens, en bombardant en continu les bases américaines installées sur leur sol et les attaques répétées du Yémen directement sur le territoire israélien.
Tous les ingrédients d’une perspective de régionalisation de la guerre sont réunis. Et si la déflagration aura lieu, ni l’Egypte, ni la Turquie, ni même l’Algérie ne seront épargnés. Les Américains l’ont bien compris et l’ont bien anticipé, en massant en Méditerranée une puissance de feu démesurée, si elle était destinée uniquement au Hamas et au Hezbollah. Les Américains n’ont pas intérêt à perdre cette guerre, c’est toute leur existence, en tant que puissance mondiale, qui est hypothéquée. Surtout après la «débâcle» que leur a infligée la Russie en Ukraine et la «rébellion» économique et financière audacieuse que lui ont opposée les BRICS. D’un autre côté, une régionalisation de la guerre se propagerait, inévitablement, pour une raison ou une autre, à toutes les puissances régionales, Russie, Chine, voire Corée du Nord, qui est en permanence sur le pied de guerre contre les Américains.
Une chose est certaine, la dissuasion nucléaire rend aujourd’hui toute probabilité d’une guerre régionale, voire mondiale, improbable et inenvisageable. A se demander si les conditions de cette dissuasion seraient suffisantes pour éviter une guerre totale d’anéantissement, au moment où les Américains et leurs alliés ont tout à perdre s’ils reculaient et les Palestiniens, contraints d’épouser la devise guevariste, «la Patrie ou la mort», avec leurs 20 000 à 40 000 soldats aux aguets à l’abri sous terre, qui sont prêts à combattre jusqu’au dernier homme.
N. B.
Ndlr : Le titre est de la rédaction. Titre originel : Quelles perspectives pour la bataille «Déluge d’Al-Aqsa» ?
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