La Russie seule face au trio infernal et machiavélique Etats-Unis-Europe-Israël
Une contribution du Dr Abderrahmane Cherfouh – Craig Mokhiber, l’ex directeur du bureau new-yorkais du Haut-Commissariat des droits de l’Homme à l’ONU, a démissionné de son poste. Dans la lettre qu’il a adressée au Haut-Commissaire Volker Türk, il a donné les raisons qui l’ont poussé à claquer la porte. «Une fois de plus, un génocide se déploie sous nos yeux et l’organisation que nous servons est incapable de l’arrêter.» Et de poursuivre : «Non seulement ces gouvernements ne remplissent pas leur obligation d’assurer le respect des principes des Conventions de Genève, mais ils arment activement l’assaut en cours en offrant un soutien économique et stratégique et en accordant une caution diplomatique et politique aux atrocités perpétrées par Israël.»
Sa lettre contient quatre pages. M. Mokhiber, qui s’est montré très courageux et dans un geste qui l’honore, n’est pas allé de main mort, accusant les Etats-Unis et l’Occident de complicité du «projet ethno-nationaliste» et d’«occupation» de la Palestine.
Bien entendu, sa lettre pleine de vérités est passée sous silence et n’a eu aucun écho dans les médias dominants. Mis à part quelques journaux, qui ont rapporté timidement l’information, et sur les réseaux sociaux où il a été agoni d’injures et a été traité d’antisémite, ce qui n’est pas surprenant de la part des nombreux intervenants qui infestent les réseaux sociaux, totalement acquis aux thèses sionistes.
Pendant ce temps, Gaza brûle. Gaza agonise. Gaza étouffe. Mais Gaza est toujours debout, résiste et rend coup pour coup avec le peu de moyens dont elle dispose.
L’agression sauvage d’Israël contre Gaza, les bombardements continuent sans relâche. Toujours aussi meurtriers. Toujours aussi dévastateurs. A côté des bombardements massifs qui font de plus en plus de victimes civiles et s’acharnent sur les hôpitaux, les voies de communication, comme les tunnels et autres objectifs économiques, plusieurs incursions terrestres ont été effectuées. Il est clair que l’on est dans une logique de destruction totale de Gaza. Seulement, la perspective d’avoir à pénétrer pendant l’offensive terrestre dans les profonds tunnels sous les feux de la résistance palestinienne constitue un obstacle de taille devant les forces d’occupation de Tsahal qui, certainement, ne vont pas évoluer sur un terrain conquis face à la volonté et à la détermination des combattants palestiniens qui les attendent de pied ferme.
Par ailleurs, la réaction brutale de l’Etat génocidaire d’Israël, attaqué pour la première fois sur «son» territoire, bouleverse la donne internationale et révèle la division profonde qu’a provoquée cette guerre. Division poussée à sa tragique limite.
L’une occidentale qui se veut judéo chrétienne, moderne, laïque, incarnée par les Etats-Unis, l’Europe occidentale, Israël et leurs alliés traditionnels, et l’autre qu’on appelle le Sud Global qui englobe les pays arabes, la Russie, la Chine, l’Afrique et les pays pauvres.
Pour les théoriciens et les adeptes de la thèse du «choc des civilisations», cette guerre israélo- palestinienne tombe à pic et va leur donner l’occasion de réaliser leurs fantasmes longtemps refoulés, pour jeter de l’huile sur le feu et amplifier les divergences entre les deux camps, sans se soucier des problèmes à connotation religieuse, militaire et culturelle que cela va engendrer. Leurs discours s’adressent généralement à un auditoire bien choisi, adepte des dérives racistes et xénophobes.
Désormais, tous ceux qui n’épousent pas les idées de cet Occident «civilisé» et ne cautionnent pas leur idéologie sont voués aux gémonies et, dans le prolongement, tous ceux qui dénoncent les exactions et les crimes sionistes envers les victimes palestiniennes vont faire l’objet d’un lynchage médiatique sans précédent, savamment orchestré dans le but de les diaboliser.
Cette classification, qui induit le bien et le mal, les bons et les mauvais, appelle nécessairement à l’exclusion de l’une ou de l’autre. Et, comme toujours, l’Occident, fort de sa puissance et de sa richesse, s’attribue le beau rôle, alors que c’est tout le contraire qui se passe. Il incarne, d’après lui, la démocratie, la civilisation, la modernité, le progrès, la liberté, l’universalité et il est le peuple de la lumière, alors que les autres sont le peuple des ténèbres. Hilarant !
Par ailleurs, les musulmans sont assimilés par une certaine frange de la population occidentale à la barbarie. Ils sont traités d’«animaux humains», de «terroristes», de «tueurs». N’appelle-t-on pas ces dérives racistes «incitation à la haine et à la discrimination» ? Des dérives qui sont punies par la loi, mais ces lois sont bafouées et violées par ceux-là mêmes qui sont censés les appliquer, les défendre et les protéger. Ce qui explique le courage et la démission de M. Graig Mokhiber de son poste de directeur du bureau new-yorkais. A juste titre, d’ailleurs.
Les agissements barbares d’Israël sur le terrain, en massacrant femmes et enfants, et son système basé sur l’apartheid et la haine, illustrent parfaitement cet Occident dit «civilisé», qui n’épargne ni les civils, ni les lieux de culte, ni les hôpitaux, ni les ambulances, qui désigne même les nourrissons par le terme de «terroristes» et propose même de les tuer – dixit l’innommable Nili Naouri,
Pourtant, les classifications entre êtres humains sont interdites et punies par la loi. Où est la démocratie ? Où sont les conceptions humanistes, laïques et civiques de ce camp qui se veut humaniste et porteur de valeurs universelles ? N’appelle-t-on pas ces classifications et ces dérives racistes «incitation à la discrimination» ?
L’alliance naturelle du trio infernal – Etats-Unis, Europe, Israël –, dont on connaissait les affinités et les rapprochements bien avant cette guerre, poursuit, aujourd’hui, avec un égal acharnement, le même objectif. Celui d’imposer sa loi et remodeler le monde à sa guise. Seul son intérêt compte. Consciente de sa superpuissance dans tous les domaines – militaire, économique, technologique –, cette alliance avance méthodiquement, avec arrogance, sans rien en face d’elle, sinon la Russie qui combat malheureusement seule et qui continue à lui tenir tête et à déjouer ses plans.
Cette situation, si elle venait à perdurer, conforterait bien entendu cette alliance qui va exercer sa domination totale sur tous ceux qui n’entrent pas dans les rangs. Aussi il est urgent de ne pas laisser faire. Mais il faut reconnaître l’indéniable disparité des forces. La majorité du monde s’opposait à cette guerre, mais elle n’a pu l’arrêter ni obtenir ne serait-ce qu’une trêve de quelques jours, vu sa faiblesse et son influence limitée. Plus pathétique encore, le monde arabo-musulman, empêtré dans ses faiblesses et ses divisions, n’a ni la volonté ni la force de faire face. Les anciens slogans de l’unité panarabe ont laissé place à la reconnaissance d’Israël par quelques pays. Les discours des dirigeants arabes, au Caire, n’ont fait, malheureusement, que confirmer la ligne politique du monde arabe qui, faite de slogans creux et surannés, consiste en un immense aveu d’impuissance et une absence de position claire face au défi que lui impose cette alliance.
Reste que, pour le moment, seule la Russie montre sa volonté de s’opposer à ce trio infernal dans une tragique solitude et pourrait stopper son avancée sournoise et déjouer son plan machiavélique, qui consiste à dominer et à exercer son hégémonie totale sur le reste du monde.
A. C.
(Canada)
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