Le peuple de Gaza victime de l’islamophobie ancrée dans la mentalité des «démocraties avancées»
Une contribution de Mourad Benachenhou – «Jeu de réflexion sur la bombe atomique. Beaucoup au sein du gouvernement israélien pensent comme le ministre radical israélien du patrimoine culturel, Amichay Eliyahu, qui s’enthousiasme publiquement à l’idée de larguer une bombe nucléaire sur Gaza, et le Premier ministre Netanyahou le laisse largement faire. Le pays perd ainsi la sympathie de ses partisans.» (Commentaire de Richard C. Schneider, quotidien Der Spiegel, 5 octobre 2023).
«Une républicaine appelle à la mort de tous les Palestiniens dans une vidéo virale. La représentante de l’Etat de Floride, identifiée en ligne comme la républicaine Michelle Salzman, est devenue virale sur les réseaux sociaux pour avoir crié tous !, après qu’on lui a demandé combien de morts palestiniens suffiraient lors d’une session du Sénat de Floride á la suite de la demande de cessez-le-feu de la représentante démocrate Angie Nixon (James Bickerton) (*).
Les réactions au drame de Gaza, qualifié de génocide par le Washington Post, un quotidien américain pourtant acquis à la cause sioniste, n’a pas suscité, tant chez les dirigeants politiques de la plus grande puissance du monde que parmi les puissances «annexes» de ce monde, la réaction d’indignation face au tapis de bombes qui tombe sur la population désarmée de la bande de Gaza, soumise à un siège impitoyable depuis 2005, après une occupation militaire barbare de 38 années.
On va même jusqu’à tenter de dissimuler la nature répressive de cette agression, en la faisant passer pour une opération antiterroriste. De plus, au lieu de faire pression sur l’entité génocidaire, on lui fournit, en urgence, des munitions livrées à travers un pont aérien» et on lui promet des armements plus sophistiqués, valant des dizaines de milliards de dollars, tout en la «priant de bien vouloir ne pas réduire en bouillie et/carboniser trop de civils». Et, cerise sur la tarte, on envoie une armada munie d’un arsenal formidable de destruction massive pour bien montrer de quel côté on s’aligne.
Les Gazaouis, tous labellisés «terroristes», sont soumis à un tapis impitoyable de bombes qui n’épargnent ni hôpitaux, ni écoles, ni mosquées, ni églises, ni ambulances, ni journalistes, ni médecins, ni fonctionnaires des Nations unies, et, évidemment ni femmes, enceintes ou non, ni bébés, ni enfants, ni malades, ni vieillards.
C’est le peuple palestinien qui est en «danger existentiel»
Ceux qui soutiennent ce massacre et cette destruction ne trouvent comme autre justification que «le droit d’Israël de se défendre». Il ne semble pas, pourtant, que son «diagnostic vital» soit engagé. Au contraire, il montre qu’il bénéficie d’une puissance de feu dont la seule limite n’est même plus le ciel et, en outre, son protecteur lui assure un flot incessant d’armement et de munitions livrés gratuitement. Où est donc la justification de ce «droit à la se défendre» ?
Quant à la «dénonciation du statu quo», il est vraiment quelque peu exagéré de la mettre au passif du peuple palestinien. La soi-disant «solution à deux Etats» est une mauvaise et cruelle plaisanterie qui a perdu sa crédibilité depuis longtemps. Personne n’y croit plus, et c’est le comble du cynisme de la faire miroiter pour justifier le massacre en direct du peuple palestinien. Ceux qui l’agitent sont, quelles que soient leurs responsabilités, de fieffés menteurs qui n’y croient pas et font tout pour qu’elle ne se concrétise pas, tout en laissant croire que leur position ne coïncide pas, au micron près, au fait accompli sioniste qui vise à vider la Palestine historique de toute autre présence que celle des juifs.
De même, les «condamnations internationales» de telle ou telle action sioniste particulièrement outrageuse, relèvent du comique tragique, pour ne pas dire de la mauvaise plaisanterie. Dans quel tribunal et par quel article de code pénal national ou international un juge est-il porté ou autorisé à prononcer, sans l’appuyer d’une sanction, une condamnation contre un criminel ? Quelle est cette instance judiciaire qui prononce une condamnation et laisse l’accusé quitter librement la salle d’audience ? Cela ressort d’une scène de bande dessinée.
Des «aides humanitaires» pour la réussite de l’opération d’épuration ethnique à Gaza
En même temps, on promet de l’argent pour les «opérations humanitaires» qui deviennent – oh, grand paradoxe ! – des justifications à l’appui sans limite donné à cette vaste épuration ethnique.
Pour consoler les âmes sensibles, on demande à l’agresseur et tortureur du peuple palestinien, de déclarer une «trêve tactique», en fait, une suspension d’exécution permettant de livrer aux condamnés à mort que sont les Gazaouis, leur dernier repas. Et on recommande, «gentiment» et «poliment» à l’agresseur qu’on surarme, de ne pas trop tuer, ne pas trop détruire et ne pas trop massacrer car «ça ferait vraiment mauvais effet entre gens civilisés».
L’arme atomique contre le peuple palestinien
Ces démonstrations d’humanitarisme deviennent, en fait, une partie du plan génocidaire, d’ailleurs encore une fois réaffirmé sous une forme encore plus barbare par l’appel à l’utilisation de l’arme atomique contre la population martyre de cette enclave.
Cet appel irresponsable n’a suscité ni indignation ni réaction d’horreur, ce qui prouve à quel point a réussi la campagne permanente d’islamophobie financée et entretenue par les amis d’Israël, tandis qu’ils crient comme un putois pour dénoncer des actes «antisémites» qui ne dépassent pas le niveau du fait divers, mais sont transformés en «menaces existentielles pour la population juive». Il faut reconnaitre, tout de même, que ce responsable politique sioniste a été sanctionné, «mis au piquet» et interdit de «prendre son petit déjeuner» avec le gauleiter [fonctionnaire du parti nazi] qui l’a nommé dans son «équipe de tueurs».
Les résolutions des Nations unies sont religieusement et racialement neutres
Pour finir, et on ne le répétera jamais assez : le monde moderne ne conçoit pas un code de conduite, qu’il soit national ou international, où l’appartenance religieuse transforme le crime en bonne action. Par exemple, les résolutions des Nations unies s’appliquent à tous les Etats, y compris Israël, et ses dirigeants ne peuvent pas invoquer l’histoire pour justifier leur refus de respecter les lois et traités internationaux.
Les amis d’Israël ne sauraient, en toutes occasions, rappeler sa qualité de membre de l’ONU ou son «droit de se défendre» tout en couvrant ses violations flagrantes de la légalité internationale, violations continues et persistantes, systémiques et systématiques, et dont l’exemple est donné maintenant, et en direct, dans le territoire martyr de Gaza, territoire que les Nations unies considèrent comme occupé et assiégé par l’entité sioniste depuis sa «fausse évacuation» en 2005.
En conclusion
Le peuple de Palestine, en général, et de Gaza, dans les circonstances tragiques actuelles, sont victimes de l’islamophobie, dans le sens où l’agression vicieuse dont il est victime n’a pas suscité une levée de boucliers contre le tapis de bombes auquel il est soumis depuis maintenant plus d’un mois, et où rien ni personne n’y échappe. De plus, l’aide humanitaire internationale proposée n’est pas un substitut à la protection de ce peuple contre le projet génocidaire sioniste.
Enfin, cette aide humanitaire ne contrebalance nullement l’assistance militaire déversée au profit de la colonie de peuplement, pour qu’elle poursuive son œuvre de destruction, et de plus, cette aide ne peut servir à justifier la continuation de cette agression.
La justification du «droit à la défense» ne saurait innocenter la colonie de peuplement des crimes contre l’humanité qu’elle commet en flux continu, et ses dirigeants doivent recevoir de la Cour pénale Internationale le châtiment qu’ils méritent pour ces crimes horribles. Le droit pénal international ne reconnaît aux responsables d’Etats coupables de crimes contre l’humanité d’exemption ou d’immunité du fait de leur religion et/ou de leur race.
Les «démocraties» qui soutiennent sans réserve cette agression sont-elles en train d’avancer vers encore plus de barbarie, alors qu’un ministre de l’entité sioniste ne propose rien moins que de lancer une bombe atomique sur le peuple de Gaza, et qu’une députée américaine appelle au massacre de toute la population palestinienne, sans que ces «cœurs sensibles» s’indignent ?
Ces appels directs et tout récents au génocide du peuple palestinien ne font que reprendre la solution finale que Theodore Herzl proposait dans son fameux programme intitulé L’Etat des juifs (1896) pour vider la Palestine de ses habitants originels.
Voici ce qu’il proposait alors : «Si nous souhaitons fonder un Etat aujourd’hui, nous ne le ferons pas de la manière qui aurait été la seule possible il y a mille ans. Il est insensé de revenir aux anciens stades de la civilisation, comme voudraient le faire de nombreux sionistes. Supposons, par exemple, que nous soyons obligés de débarrasser un pays des bêtes sauvages, nous ne devrions pas nous attaquer à cette tâche à la manière des Européens du Ve siècle. Nous ne devrions pas prendre une lance et partir uniquement à la poursuite des ours, nous organiserions une grande et active partie de chasse, rassemblerions les animaux et lancerions une bombe à mélinite au milieu d’eux.» (p. 16, édition en ligne)
Il représente l’épuration ethnique comme une partie de chasse et considère le peuple palestinien comme un immense troupeau de bêtes sauvages, des ours en l’occurrence, dont il propose l’élimination totale par l’usage d’explosifs puissants. Et c’est exactement la même référence déshumanisant le peuple palestinien et les mêmes moyens que ceux suggérés par le fondateur du sionisme, qu’emploient actuellement Netanyahou et ses acolytes, tant à Gaza que dans les territoires occupés, supposés être sous la gouvernance des autorités palestiniennes.
Lorsqu’on qualifie le sionisme d’«idéologie génocidaire», on ne fait que reconnaître une réalité que ni son fondateur, s’il était encore de ce monde, ni ses leaders actuels ne sauraient absolument rejeter, et que le monde dit civilisé ne pourrait estampiller du terme «antisémitisme» ou «haine des juifs et d’Israël».
M. B.
Comment (37)