Pourquoi les puissances occidentales ne veulent pas d’une solution politique au Proche-Orient
Une contribution de Mourad Benachenhou – «Est un mensonge le mythe selon lequel les revendications du sionisme en faveur de l’indépendance nationale et de la libération des juifs peuvent être comparées aux luttes des peuples opprimés dans d’autres parties du monde au XXe siècle. En fait, le sionisme représentait un mouvement dans la direction opposée. Après la Première Guerre mondiale, elle a contribué à consolider la domination coloniale britannique sur le monde arabe. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Etat juif nouvellement créé ne deviendrait rien de moins qu’un atout stratégique pour les projets néo-impérialistes américains pour la région. Dans les deux cas, le sionisme a été entièrement dépendant des puissances impériales.» (John Rose, Le mythe du sionisme, Pluto Press, Londres, 2004, p.12).
On a tous les droits d’aller à contrecourant de l’hystérie qui a frappé les dirigeants et les médias des «démocraties avancées» depuis l’opération destinée à briser la siège de Gaza, siège qui dure depuis 2005. On a tous les droits également de prendre position de manière claire et sans ambigüité sur cette tragédie qui se déroule en direct sur les écrans de télévision, et où on assiste à la mise à mort d’un peuple au nom d’une idéologie religieuse qui ne cache ni les sources de son inspiration ni ses aspirations génocidaires.
Les accusations d’antisémitisme ne changent rien aux desseins génocidaires du sionisme
Qu’on le veuille ou non – et ce ne sont pas les accusations d’antisémitisme lancées à tout vent contre ceux qui osent aller au fonds des choses, qui vont changer la réalité tant au niveau des idées sionistes que de leurs pratiques –, on est littéralement poussés à se poser, devant cette orgie sanguinaire déclenchée contre le peuple palestinien, des questions. Non seulement sur les motivations religieuses qui servent de justification aux auteurs de cette orgie barbare, rappelant les massacres du ghetto de Varsovie, en plus sauvage, mais également sur le rôle réel programmé de l’entité sioniste dans le concert des nations en général, et dans la région en particulier.
Le génocide du peuple palestinien au centre de l’idéologie sioniste
La première question touche directement à l’interprétation sioniste du judaïsme, interprétation qui met le génocide du peuple palestinien au centre des objectifs de cette idéologie.
Le judaïsme est-il la seule religion abrahamique qui intègre le sacrifice humain dans ses croyances, ses rites et ses pratiques ?
Est-ce que la critique de cette interprétation peut être considérée comme blasphématoire et l’accusation d’antisémitisme contre ceux qui osent la mettre en cause et la combattre, comme fondée, car cette accusation mettrait en cause l’élément le plus important de la religion hébraïque ?
Ainsi, quiconque refuserait le droit au génocide, sur la base d’une croyance religieuse, du peuple palestinien par les sionistes, serait, par définition «antisémite» car il contesterait à la fois la religion juive et son interprétation extrémiste.
Le sionisme forme suprême de l’antisémitisme
Les sionistes veulent, ainsi, suivant l’expression populaire, «garder la tarte du judaïsme et la manger».
De deux choses l’une : ou le sionisme est d’inspiration juive, qui justifie les méfaits qu’il commet par les commandements de cette religion, ou le sionisme n’aurait aucun rapport avec le judaïsme et tirerait son inspiration de croyances religieuses ou d’idéologies autres que le judaïsme. Il faudrait alors qu’il articule ces sources d’inspiration pour innocenter complètement la religion judaïque de sa barbarie.
C’est le sionisme qui doit fournir la preuve que ses pratiques génocidaires n’auraient rien à voir avec la Bible juive. Sinon, il devient lui-même la forme extrême de l’antisémitisme en faisant porter par une religion avec laquelle il n’aurait aucun rapport les crimes qu’il commet en son nom.
On tombe, là, dans l’absurdité d’une affirmation et de son contraire, où, dans la même lancée, le sionisme se prétend la forme suprême des aspirations des tenants de la religion juive, tout en rejetant la liaison entre, d’un côté, les crimes qu’il commet au nom de cette religion et, de l’autre, cette religion. Le sionisme est donc d’essence antisémite, qu’il le veuille ou non, à moins qu’il ne révèle ses «sources secrètes» d’inspiration blanchissant totalement le judaïsme de ses crimes.
Israël : un prétexte ou un Etat ?
Alors, se pose le sérieux problème de la justification de l’entité sioniste d’Israël. Est-ce tout simplement un prétexte ou effectivement un Etat, dans le sens généralement accepté par la communauté internationale ?
Si c’est un prétexte, Israël a été inventé, encouragé, animé, financé et armé pour justifier une intervention continue de puissances extérieures à la région. Intervention de caractère essentiellement militaire destinée à perpétuer le désordre et la dévastation dans cette région géographique particulièrement importante dans la domination hégémonique du monde.
Le comportement tant d’Israël que de ses sponsors et protecteurs, qui lui garantissent une invincibilité militaire, cadavres et ruines en mains, laisse fortement penser que cette entité est plus un prétexte qu’un Etat.
Il faut reconnaître qu’Israël joue parfaitement ce rôle, en refusant toute solution pacifique et politique aux revendications légales et légitimes du peuple palestinien. Il joue ce rôle aussi en créant des situations de tension constante suscitant et justifiant des actes de défense légitime de la part des victimes de son oppression. Il le joue enfin en entretenant une atmosphère d’insécurité de la part des autres pays de la région, les forçant à se maintenir de manière constante sur le pied de guerre, et à utiliser une bonne partie de leurs maigres ressources à se préparer aux agressions de cette entité ethnico-religieuse.
Du Croissant fertile au Croissant de la destruction et de la mort
Toute la région est maintenue à feu et à sang par les interventions armées directes ou indirectes entretenues par Israël et financées partiellement ou totalement par des puissances non-régionales.
Il est difficile de croire que ces puissances déversent des fonds, par dizaines de milliards de dollars, et des armes de plus en plus destructrices, sur cette entité, s’ils ne trouvaient pas d’intérêts à le faire. Israël n’apparaît donc qu’un instrument, cyniquement présenté sous le déguisement de la «défense de la terre des ancêtres» d’un peuple «opprimé», qui trouverait dans la «terre sainte» son dernier refuge et «mériterait» d’être défendu contre ceux qui, par «pure et simple haine contre le judaïsme», jureraient son élimination.
Cela rapporte gros d’envelopper de vulgaires intérêts stratégiques dans une couverture de «défense d’un peuple et d’une religion opprimée». En poussant l’entité sioniste non seulement à opprimer sans relâche le peuple palestinien et à maintenir un état d’agression contre ses voisins, ces puissances extérieures entretiennent l’hostilité amplement justifiable et légitime antisioniste, donc «antijuive» de manière délibérée, pour ajouter plus de crédibilité à une entreprise soi-disant protectrice des «droits historiques» des membres d’une religion, entreprise qui s’inscrit, en fait, dans un plan hégémonique pur.
Israël est la continuité institutionnelle et judiciaire du mandat colonial britannique
A l’examen du système de gouvernement israélien, on découvre, avec une grande surprise, que ses fondateurs ont tout simplement décidé de se revêtir du manteau de l’ancienne puissance colonisatrice. Même dans ses institutions internes, Israël, proclamé «seule démocratie de la région», apparaît comme une relique de l’ordre colonial d’antan.
Ainsi, son système de gouvernement est le prolongement des institutions de représentation, instaurées pour le compte exclusif de la communauté juive et dont étaient exclus les habitants originels du pays, par décision unilatérale de l’Etat mandataire britannique, et en violation des termes du mandat qui lui avait été conférée par la Société des nations. Mandat lui ordonnant de traiter de manière équitable les membres de tous les groupes religieux et ethniques alors vivant sur le territoire de la Palestine historique.
De même, a été maintenue la législation britannique fondant l’appareil de répression qui permet, entre autres, d’emprisonner pour des durées indéterminées et sans présentation de preuves justifiant l’emprisonnement, toute personne, femme, homme et même enfant, que les services de sécurité sionistes estiment constituer un danger pour la sécurité de la colonie de peuplement.
En application de cette réglementation mise en place par l’ex-mandataire pour réprimer le peuple palestinien en révolte, plus de onze mille Palestiniennes et Palestiniens de tout âge croupissent dans les bagnes sionistes. Ces otages, qui ne savent même pas pourquoi ils sont emprisonnés, y sont soumis, sans cesse, à toute sorte de torture et d’humiliation, comme de mauvais traitements. Car le but visé n’est pas de rendre justice, mais de briser leur moral et de les confirmer dans leur statut de «sous-humains» dans un Etat d’apartheid où la «race supérieure juive élue de Jéhovah» domine.
Cette législation d’exception avait été mise en place par les autorités britanniques lors de la révolte palestinienne de 1938, réprimée avec violence par leurs forces de l’ordre, avec la participation active des milices armées juives, dont elles avaient autorisé la constitution et qu’elles avaient elles-mêmes armées.
Une Cour suprême pour légaliser l’arbitraire et la violence sionistes
On a ajouté à cette construction institutionnelle et à ce système juridique de répression, la Cour suprême d’Israël. Son rôle est de donner une base et une justification légale à la violence exercée contre le peuple palestinien, depuis la légalisation des assassinats ciblés où est assassiné non seulement le suspect, mais également toute sa famille, des bébés aux femmes enceintes, sans compter les vieillards et même, parfois, les voisines et voisins. Sans oublier les confiscations de terres, les expulsions collectives des immeubles d’habitation convoités par les colons sionistes, en y ajoutant la légalisation de la torture, la suppression des cartes d’identité et des autorisations de résidence des Palestiniennes et Palestiniens, l’interdiction de se marier ou de vivre avec son conjoint palestinien ou autre. En y ajoutant également l’interdiction faite de vivre dans certains quartiers et villes juifs, les 5 500 règlements de police spécifiquement visant les Palestiniennes et Palestiniens, les multiples barrages et autres contrôles militaires qui font partie de la routine palestinienne, etc. Il y a toute une jungle de lois et règlements, tous justifiés et autorisés par la Cour suprême sioniste, lois et règlements dont le seul objectif est de rendre la vie misérables aux non-juifs.
Human Rights Watch, Amnesty International et plusieurs autres institutions de défense des droits de l’Homme à l’échelle internationale, la Croix-Rouge, les instances spécialisées des Nations unies, une ONG israélienne intitulée Bet Selem, des associations internationales de juristes, etc., ont présenté de multiples rapports dénonçant le rôle de «légalisateur» de l’apartheid et de l’oppression «juifs» que joue la Cour suprême d’Israël.
Un Etat sans Constitution et sans… frontières
Finalement, cette entité refuse de se donner des frontières, la mettant dans une situation internationale floue quant à la dimension du territoire qu’elle contrôle. Quelle carte représente d’Israël les dimensions exactes nationalement et internationalement ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour un Etat spécifiquement réservé aux tenants d’une seule religion, au détriment des autres religions qui y ont des assises historiques profondes prouvées par des vestiges prestigieux sur le plan religieux, nul ne sait par quelles frontières il est limité et quelle est sa superficie réelle.
C’est un exemple unique dans les annales modernes de la reconnaissance par les Nations unies de l’établissement d’un Etat sur la base de frontières qui ne sont pas déterminées et que ses dirigeants refusent de déterminer.
Le refus des dirigeants de la colonie de respecter les lois et traités internationaux et de rejeter les résolutions des instances internationales constitue la reconnaissance du fait qu’elle se proclame comme étant absolument hors-la-loi et en dehors du système légal international définissant les conditions à remplir pour être légalement et légitimement reconnu comme membre de la communauté internationale.
En conclusion
84% de la population juive habitant la colonie de peuplement d’Israël a au moins une double-nationalité, et n’a donc pas d’attachement permanent et définitif envers la colonie qu’elle peut abandonner à tout moment.
Donc, contrairement aux mensonges de la propagande sioniste, Israël n’est pas le dernier refuge des Juifs sujets de discrimination antisémite dans leur pays d’origine, dont, pourtant, ils conservent précieusement la nationalité lorsqu’ils émigrent dans cette colonie.
A ajouter que 93% des terres de cette colonie ont été confisquées, dès 1948, à leurs propriétaires légaux et légitimes que sont les Palestiniens, qui ont tous les droits de contester cette confiscation et de demander la restitution de leurs propriétés.
Ils y ont autrement moins d’attaches que la population palestinienne, menacée de génocide en conséquence même de l’idéologie sioniste, qui rejette toute idée de cohabitation entre juifs et non juifs sur le territoire de la Palestine historique.
Toute l’architecture institutionnelle sioniste, à l’exception de la Cour suprême, dont le seul rôle est de rendre légales les mesures prises par les autorités d’occupation pour opprimer la population palestinienne, est l’héritage direct de la période coloniale britannique.
De plus, Israël n’a ni Constitution ni frontières définies, ce qui en fait un Etat sans base légale acceptée dans le système moderne international.
Israël est donc un non-Etat au sens légal du terme et selon les normes internationales acceptées pour la définition d’un Etat.
Si cette situation aberrante est acceptée par la communauté internationale, c’est qu’Israël est moins un Etat qu’un prétexte permettant aux membres les plus puissants de cette «communauté» d’intervenir pour maintenir dans la région un état de guerre permanent justifiant leurs interventions.
Il s’agit, pour eux, de maintenir dans une région stratégiquement importante pour leur hégémonie, un croissant de guerres et de destruction permanente donnant à leurs interventions cette justification morale que serait la préservation de la colonie de peuplement d’Israël, menacée par un «antisémitisme» ambiant dans le monde.
On comprend pourquoi ces Etats ne sont pas intéressés par une solution politique au conflit actuel, et insistent cyniquement à entretenir la chimère de la solution à deux Etats, tout en continuant à soutenir sans condition le projet sioniste. Il n’est pas dans leur intérêt que la paix règne au Moyen-Orient. Bien au contraire, car cette paix rendrait injustifiable leur maintien dans cette région et signerait la fin de leur influence sur elle.
M. B.
Ndlr : Le titre est de la rédaction. Titre originel : Israël : une colonie de peuplement hors-la-loi
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