Faux chiffres des actes antisémites : un avocat français rejoint l’imam de la GMP
Par Nabil D. – L’avocat français Fabrice Di Vizio a affirmé que Gérald Darmanin mentait sur les chiffres relatifs aux actes supposément antisémites commis en France depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier. Des chiffres qu’il gonfle volontairement pour stigmatiser les Français de confession musulmane, a-t-il accusé, en soulignant qu’il n’était pas acceptable de qualifier des signalements comme étant des actes antisémites sans que les plaintes ne fassent l’objet d’une enquête et d’une condamnation.
«Aujourd’hui, qu’est-ce qu’est en train de faire le ministre de l’Intérieur et qu’est-ce qu’est en train de faire une partie de la classe politique ? On l’a tous compris et c’est de bonne guerre. En fait, on est en train de préparer les Européennes [les élections européennes en France se tiendront le 9 juin 2024, ndlr] et sous couvert de communautarisme, parce qu’il n’y a pas d’autres mots, on est en train de fustiger une partie de la communauté française, la communauté musulmane en particulier, qu’on tient pour responsable, peu ou prou, de l’augmentation des actes antisémites», a dénoncé l’avocat d’origine italienne.
Acculant le plateau de CNews ligué contre lui, ce juriste, qui a déjà eu à contester la désinformation autour de la pandémie du Covid-19, a expliqué à ses interlocuteurs confrontés à l’accablante vérité, que la différence entre lui et eux, c’est que, contrairement à lui, eux et la télévision «font du buzz». «Je vais vous poser une question : vous avez invité, en anonyme, une dame qui, effectivement, se plaignait d’actes antisémites sur lesquels une enquête est en cours. Qu’est-ce que l’enquête tend à révéler ? Elle tend à révéler que peut-être le mobile antisémite est loin d’être aussi clair et que peut-être il s’agit d’une automutilation», a-t-il argumenté.
A un invité de l’animateur pro-sioniste Jean-Marc Morandini, qui tentait de le déstabiliser mais qui s’est tiré une balle dans le pied, le militant démissionnaire du Forum des républicains sociaux (FRS) a rétorqué, tel un adulte réprimandant un enfant baveux : «Ce n’est pas bien de mentir ! Vous avez dit que vous avez eu accès aux mains courantes déposées à la police ? C’est impossible, les mains courantes sont confidentielles».
«Tout le monde ment. Finalement, je constate qu’au-delà du spectacle, on est tous d’accord», a ironisé Maître Fabrice Di Vizio, qui rejoint, par son témoignage honnête, l’imam de la Grande Mosquée de Paris. Ce dernier, pour rappel, avait demandé, sur RMC, à vérifier le chiffre de 1 200 actes antisémites rabâché par Gérald Darmanin et les médias majoritaires acquis au sionisme et à Israël. «Moi, j’aimerais bien qu’on les dévoile pour que nous puissions être véritablement solidaires et sensibles à cette question», avait-il taclé.
«Pour que les musulmans de France soient sensibles à cette question [de l’antisémitisme, ndlr], nous ne nous contentons pas de chiffres, mais aimerions avoir des éléments concrets», avait-il insisté. L’imam avait expliqué, à ce propos, que le rabbin qui a été agressé dans le métro l’a été par des enfants et que les chants antisémites entonnés, toujours dans le métro parisien, étaient également le fait de jeunes collégiens «qui sont dans une attitude puérile dans laquelle ils ne se rendent pas compte de la gravité de ce qu’ils font». «Je ne les excuse pas, mais il faut relativiser», avait-il corrigé.
«Je condamne les actes antisémites avec fermeté et sans aucune réserve, leurs auteurs méritent toutes les punitions qu’ils doivent subir, mais je dis qu’il existe aussi une islamophobie, des actes antimusulmans qui sont tout autant détestables et dont les musulmans sont victimes», avait rappelé Abdelali Mamoun, mettant ainsi en exergue, lui aussi, la dualité dans le discours officiel et dans les médias français aux ordres, sur ce sujet.
N. D.
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