L’armée israélienne adresse un message direct aux Algériens via son porte-parole
Par Abdelkader S. – Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, s’est adressé directement aux Algériens, à travers un enregistrement vidéo diffusé sur les réseaux sociaux. L’officier israélien prétend avoir été contacté par un «ami» algérien pour lui demander ce que signifiait «djihad al-fanâdiq» (djihad des hôtels), une manière de faire se retourner les Algériens, par le sarcasme, contre le mouvement palestinien Hamas, dont les dirigeants politiques, Ismaël Haniyeh et Khaled Mechaal, sont installés à Doha, au Qatar.
«C’est le djihad de ceux qui vivent dans le faste, se prélassent dans des hôtels 5 étoiles, conduisent des voitures de luxe et passent leur temps à voyager avec leur famille de pays en pays, tout en envoyant les habitants de Gaza au feu, alors qu’eux, envoient leurs enfants dans les universités les plus prestigieuses», a lancé le propagandiste israélien, en surenchérissant : «On n’a pas vu l’un d’entre eux parmi les victimes civiles ou sur le terrain», admettant, par là-même, que son armée commet des crimes de guerre en ciblant des Palestiniens désarmés.
Il va de soi que le militaire israélien n’a reçu de message d’aucun Algérien et que sa démarche relève de la pure communication de guerre. Le gouvernement, l’armée et les services secrets israéliens savent mieux que quiconque que la position ferme et immuable de l’Algérie vis-à-vis de la question palestinienne a un impact certain sur l’ensemble des peuples arabes, notamment ceux des Etats qui ont normalisé leurs relations avec l’entité sioniste et qui battent le pavé pour soutenir le peuple palestinien martyr, bravant l’interdiction qui leur est faite de manifester contre Israël.
Cette appréhension a été confirmée par un ancien directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, originaire d’Irak, qui affirmait à un journaliste algérien, à Madrid, au début des années 1990, que de tous les Arabes, les Israéliens considéraient les Algériens comme étant les «plus durs», et qu’une paix durable ne pouvait être envisagée sans un accord avec l’Algérie – l’interview peut être consultée dans un livre intitulé Affaires d’Etat, paru aux éditions Chihab.
Lors de sa participation à la guerre israélo-arabe en 1968, à la tête d’une brigade motorisée, l’ancien ministre de la Défense nationale, le général à la retraite Khaled Nezzar, raconte que les Israéliens avaient accueilli les soldats algériens d’abord avec un message diffusé par haut-parleur, leur expliquant qu’Israël n’avait rien contre l’Algérie et que sa guerre était contre uniquement l’Egypte. Comme, évidemment, la brigade algérienne n’avait accordé aucune importance à cette mise en garde «polie», celle-ci subit un raid aérien qui n’avait fait aucun blessé, grâce à l’expérience acquise sur le terrain par les combattants de l’ALN, aguerris par près de huit ans de lutte armée.
L’appel de l’officier israélien sera aussi vain que celui de ses prédécesseurs, il y a 55 ans. Il entre par une oreille et sort par l’autre, tant les Algériens ne plébiscitent ni Ismaël Haniyeh, ni Khaled Mechaal, ni Mahmoud Abbas. Ils prennent fait et cause pour les civils palestiniens qui se font massacrer par Tsahal et encouragent les résistants qui se battent contre son armée de lâches, dont ils ont vaillamment brisé le mythe de son invincibilité.
A. S.
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