L’Europe des peuples face aux quatre processus fondamentaux de son Etat-profond
Une contribution de Khaled Boulaziz – L’existence d’un Etat profond dans les démocraties européennes est une question qui a longtemps suscité des spéculations journalistiques et académiques. Certains y voient un complot orchestré par des forces organisées et occultes pour maintenir un modèle d’exploitation, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’un phénomène plus complexe et subtil. Ces interrogations ont été soulevées par des chroniqueurs, universitaires et politiciens de tout bord, mais ces dernières années, plusieurs activistes mettent en avant la genèse d’un Etat profond et ses agissements criminels (1).
A travers des recherches académiques approfondies, ces intellectuels ont établi de manière irréfutable l’inéluctabilité de l’émergence de cet Etat profond, directement attribuable au pouvoir quasiment absolu du grand capital corporatif, financiarisé et subversif. Ils le considèrent comme une menace significative pour toute société, soulignant la nécessité d’agir de manière proactive pour y faire face.
Pour mieux comprendre l’Etat profond, il est essentiel d’explorer l’espace ambigu entre les marchés et les institutions étatiques formelles, où ce dernier trouve sa place en tant que technocratie privée-publique. Quatre processus fondamentaux sont identifiés qui le caractérisent :
– La manipulation des prix à la consommation : cela englobe la subversion du mécanisme du marché, qui est censé être le pilier du capitalisme lui-même.
– L’exaspération des désirs à la dépense : l’influence sur l’amplification des désirs et des demandes des consommateurs joue un rôle crucial dans le façonnement de l’Etat profond.
– La création de la monnaie : les méthodes de création de l’offre monétaire, tant par les banques centrales que privées, sont un élément central au grand capital.
– La fabrication du consentement : le contrôle de l’opinion publique par les médias et la manipulation du consentement sont des aspects clés de l’influence de l’Etat profond, comme exemple de notre présent, l’assimilation de l’antisionisme à l’antisémitisme, illustré par les événements en cours.
Même si, en fin de compte, la conception traditionnelle d’un complot orchestré par des conciles est tout à fait valable, l’Etat profond dans certaines conjectures historiques très limitées peut être considéré comme une entité émergente, sans réel concepteur. Cela rappelle la manière dont l’évolution au sens darwinien produit des systèmes complexes sans maître obligatoire, ou comment le marché libre et sans contrainte régule de lui-même l’offre et la demande sans intervention humaine directe. Evidemment, pour les esprits éclairés, cette approche est une affabulation sans commune mesure.
Il est instructif de revenir aux années entre les deux guerres mondiales pour comprendre comment certains théoriciens des sciences politiques ont utilisé des approches innovatrices pour débattre de l’Etat profond. Leur objectif était de démonter les mécanismes de contrôle que certaines élites ont maîtrisé pour servir leurs propres intérêts politiques et économiques (2).
Leur conclusion est que l’Etat profond est puissant et pernicieux par essence et par naissance. Les hommes et femmes de bonne volonté ne devraient pas chercher à le détruire, mais plutôt à promouvoir la démocratie, la raison et l’humanisme. L’unité de toutes les oppositions et la réduction des divisions partisanes obsolètes sont les seuls moyens de faire reculer son influence et sa mainmise.
La défense de ces valeurs fondamentales doit demeurer l’objectif principal, permettant ainsi à l’Etat profond de s’adapter en conséquence. Pour cela, il est primordial et nécessaire d’engager des débats avec ses penseurs éminents et cela doit être entrepris.
Cette réflexion, déjà en gestation dans de nombreux pays européens, peine grandement à débuter, même très modestement dans plusieurs nations riveraines de la rive méridionale de la Méditerranée. Ce vaste débat devrait être appréhendé comme une nécessité salvatrice pour ceux qui dirigent le destin de ces nations dans un monde en perpétuelle métamorphose.
Cette réflexion appelle à une élite politique proactive et audacieuse. Malheureusement, une telle perspective semble hors de portée à l’heure actuelle, car la présente situation est illisible et pernicieuse, dévorant sur son passage les leaders capables de mener une telle entreprise. Les fondements nécessaires pour forger des dirigeants visionnaires et entreprenants paraissent ainsi être érodés par les défis constants, rendant la tâche de l’émergence d’une classe politique résolue et émancipatrice encore plus laborieuse.
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