Le gouvernement malien porte de graves accusations fallacieuses contre l’Algérie
Par Karim B. – Le gouvernement malien a protesté contre l’audience accordée par le président Tebboune à l’imam de la confrérie Kountia, Mahmoud Dicko, accusant l’Algérie d’«organiser des rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien et, d’autre part, avec certains mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, ayant choisi le camp des terroristes».
La déclaration du ministère malien des Affaires étrangères, qui vient de convoquer l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, comporte des faits inexacts et de vérités escamotées. Comment, en effet, peut-on accuser notre pays de recevoir sur son territoire des chefs de mouvements définis comme terroristes et de discuter avec eux, alors qu’il est de notoriété publique que l’Algérie est à l’avant-garde mondiale de la lutte contre l’extrémisme violent ? Le virulent et surprenant communiqué du ministère malien insinue-t-il que le chef de la zaouïa Kountia est lui-même un terroriste ? Ce serait une diffamation injustifiable.
La coloration politique donnée par Bamako à l’audience accordée par le président de la République au dignitaire religieux malien cache-t-elle un dessein inavoué ? La question mérite d’être posée, sachant que les confréries sont connues pour transcender les frontières et sont liées par leur fidélité envers leur fondateur. Dans le cas présent, la congrégation que dirige Mahmoud Dicko a été créée à Adrar, dans le Grand Sud algérien, et s’est étendue pour s’installer dans plusieurs autres pays africains limitrophes où elle s’est donné pour mission de répandre l’islam de la paix et du juste milieu.
Contrairement aux allégations des officiels maliens, les confréries ont joué un rôle prépondérant durant la décennie noire en Algérie, concourant à combattre les courants obscurantistes importés d’Arabie Saoudite et d’Afghanistan, et aidant à sauvegarder l’islam séculaire hérité de nos aïeux, bâti sur la tolérance, la méditation, l’effort de rénovation continue et le respect des lois de la République. Beaucoup de responsables et de membres de zaouïas ont payé de leur vie ce digne combat spirituel.
Par ailleurs, la réaction inappropriée des autorités maliennes est d’autant plus incompréhensible que l’Algérie a toujours milité avec conviction pour le respect total de la souveraineté du Mali et de tous les Etats de la région qui ont longtemps souffert de l’ingérence française qui s’est poursuivie depuis les indépendances, dans les années 1960. Même si Alger a clairement dénoncé le renversement des dirigeants politiques en place par la force, la décision des nouvelles autorités de bouter l’armée française hors du Mali a été accueillie avec une grande satisfaction par l’ensemble des Algériens. Faut-il rappeler, à ce propos, que l’armée algérienne a refusé de faire partie du G5 Sahel, un regroupement militaire mis en place par la France et rejeté par l’Algérie, qui estime que les Africains doivent pouvoir se défendre eux-mêmes, sans compter sur une quelconque puissance étrangère ?
Jusqu’où cette brouille entre l’Algérie et le Mali ira-t-elle ? Comment le ministère des Affaires étrangères va-t-il réagir à la convocation de notre ambassadeur à Bamako ? Nous le saurons bien assez tôt.
K. B.
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