Expulsion de l’ambassadeur du Maroc à Nouakchott et fermeture des frontières ?
Par Abdelkader S. – «L’assassinat de nos frères sans état d’âme aura de lourdes conséquences, car nous ne resterons pas les bras croisés.» C’est en ces termes que les Mauritaniens ont appelé à une grande manifestation, ce jeudi, devant l’ambassade du «royaume terroriste du Maroc» à Nouakchott. L’appel fait suite à une attaque au drone qui a coûté la vie à des ressortissants mauritaniens qui traversaient le territoire sahraoui libéré. Le Makhzen, appuyé par Israël, a récidivé, après l’assassinat de trois camionneurs algériens dans les mêmes circonstances en novembre 2021. Les auteurs de l’appel à la manifestation exigent également la «fermeture des frontières», autrement dit, interdiction d’entrée aux Marocains en Mauritanie.
Cette nouvelle agression caractérisée du Makhzen coïncide étrangement avec un grand scandale de trafic de drogues dures impliquant de hauts responsables marocains à tous les niveaux. L’affaire de l’Escobar marocain a, en effet, éclaboussé l’Etat déjà pointé du doigt pour sa gestion directe de la production et l’exportation de cannabis de façon clandestine à travers toute l’Europe et vers l’Algérie, où des quantités astronomiques sont régulièrement saisies. Parmi les hauts fonctionnaires véreux dont les noms ont été cités dans ce scandale retentissant que le Makhzen tente d’étouffer sans y parvenir, des hauts gradés – généraux et colonels – des forces armées royales, des officiers du renseignement extérieur dirigé par Yassine Mansouri déployés en Afrique, des officiers de la Police judiciaire, des dirigeants de partis politiques, des ministres, des ambassadeurs et des magistrats.
Par ailleurs, cette nouvelle attaque au drone participe d’un plan plus large de déstabilisation de toute la région et au-delà. Elle intervient, en effet, au même moment que l’assassinat d’un dirigeant du Hamas au Liban et l’attentat qui a fait des dizaines de morts et de blessés en Iran. La déconfiture de l’armée israélienne à Gaza, où elle n’arrive pas à déloger la résistance, concentrant ses frappes aériennes lâches sur les civils désarmés, oblige le régime nazi de Tel-Aviv d’étendre le conflit à d’autres zones pour provoquer un embrasement général. Une conflagration censée faire oublier l’échec de la «puissante» Tsahal face à une guérilla inférieure en effectifs et en équipements, et les crimes contre l’humanité commis par l’entité sioniste et dont les responsables finiront tôt ou tard par être jugés.
Enfin, l’assassinat des ressortissants mauritaniens semble bien être une tentative d’intimidation au lendemain de l’annonce par les autorités algériennes du renforcement du partenariat économique et commercial avec la Mauritanie et le lancement prochain d’une zone franche, en attendant d’étendre cette nouvelle approche initiée par l’Algérie à d’autres pays de la région. Rabat voit d’un mauvais œil ce rapprochement stratégique entre Alger et Nouakchott et tente par tous les moyens de l’entraver, en recourant aux mêmes modus operandi violents qui, en définitive, ne font qu’accentuer son isolement. La rencontre de Marrakech, qui a vu la participation des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger, du Tchad et du Burkina Faso, est la preuve irréfutable que le Maroc cherche à éviter ce confinement, en promettant une ouverture chimérique sur l’Atlantique à des pays du Sahel avec lesquels, pourtant, il ne partage aucune frontière. Un projet voué à l’avance à l’échec.
A. S.
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