Nettoyage ethnique à Gaza : le CFCM dénonce des «réactions irrationnelles»
Par Houari A. – «Evoquer le risque d’un nettoyage ethnique ou d’un génocide contre les populations palestiniennes suscite en France des réactions irrationnelles chez ceux qui manifestent sans gêne leur soutien inconditionnel au gouvernement d’Israël», note le Conseil français du culte musulman (CFCM) dans une atmosphère malsaine qui règne dans ce pays depuis le déclenchement des massacres commis par Israël à Gaza. «Aussi, le CFCM salue le courage et l’honnêteté intellectuelle des nombreux journalistes et analystes qui sont intervenus […] pour faire la lumière sur la réalité de ce risque», indique cette organisation cultuelle.
Rappelant les appels impunis au crime contre l’humanité émis par des membres du gouvernement israélien qui ont exhorté l’entité sioniste à «trouver des moyens plus douloureux que la mort pour les palestiniens» et à «vider Gaza de ses habitants pour permettre le retour des colons israéliens dans ce territoire», le CFCM estime que «ceux qui ne veulent voir dans ces déclarations que des propos isolés ou des provocations feraient mieux de regarder la réalité en face». «Cette réalité, c’est d’abord la déshumanisation des palestiniens qualifiés d’animaux par le ministre de la Défense israélien, quand d’autres responsables politiques militaires et extrémistes religieux ont utilisé les termes de cancer et de vermines», déplore le CFCM, une instance religieuse qui dérange de plus en plus en France, pour sa liberté de ton.
«Ce sont des milliers de civils déplacés du nord vers le sud de Gaza où ils continuent d’être bombardés indistinctement», dénonce le CFCM, en se référant aux chiffres d’organisations des droits humanitaires, selon lesquelles depuis le 7 octobre 2023, «plus de 30 000 tonnes de bombes, l’équivalent de deux bombes nucléaires, ont été larguées sur Gaza par l’armée israélienne».
«Ce sont des milliers d’enfants et de bébés ensevelis sous les décombres ou tués entre les mains de leurs parents par des snipers de l’armée israélienne», s’indigne le CFCM. «C’est la destruction systématique des maisons et de toutes les infrastructures civiles, hôpitaux, écoles, lieux de culte, les sources d’eau potable, les stations d’énergie, les stations d’épuration, etc.», poursuit-on, en soulignant qu’il s’agit d’un «blocus inhumain appliqué à Gaza ainsi que les bombardements de son seul point d’approvisionnement à Rafah, n’offrant aux survivants que la mort par l’absence de soins, la soif ou la famine» et d’«expéditions punitives de colons israéliens contre les Palestiniens de la Cisjordanie».
«Des officiels israéliens n’hésitent plus à poser comme d’autres extrémistes le font derrière une carte du Grand Israël incluant Israël, la Palestine, la Jordanie, une partie de l’Egypte, de la Syrie, de l’Irak et de l’Arabie Saoudite avec pour légende», relève le CFCM, en citant «de nombreux intervenants» qui «parlent d’éléments constitutifs d’un véritable processus de nettoyage ethnique et n’hésitent plus à faire le parallèle avec celui qui a été appliqué aux juifs d’Europe ou dans une époque plus lointaine, aux Indiens d’Amérique».
«Ceux qui, en France, s’enferment dans la prétendue légitime défense inconditionnelle d’Israël, ont encore une chance de se rattraper au regard de l’histoire, en condamnant sans réserve ce véritable projet génocidaire du gouvernement israélien extrémiste», conseille le CFCM, pour lequel «ce dernier ne doit jamais être confondu avec l’ensemble du peuple israélien et à forte raison avec [nos compatriotes] de confession juive».
Pour le CFCM, «les va-t-en-guerre ne servent ni la paix ni les trêves qui laisseront place au dialogue et la recherche d’une solution, tant ils sont engagés dans une surenchère qui glorifie les violences contre des civils désarmés». «Il est plus qu’urgent, conclut-il, de donner la parole aux personnes, éprises de justice et de paix» et «il est temps que les armes et les bombardements se taisent pour laisser place à l’espoir d’une solution juste et durable».
H. A.