L’Algérien Abdelhamid Hakkar répond aux «inepties» des médias français
Par Houari A. – L’Algérien Abdelhamid Hakkar, victime d’une injustice en France, qui lui a valu 27 ans d’incarcération, a adressé une mise au point aux médias français qui ont rapporté l’affaire de l’accident de circulation qu’il a eu ce 8 janvier, lors duquel il a percuté malencontreusement une piétonne qui traversait à un endroit sombre de la chaussée. Tout en affirmant ne pas objecter contre l’évocation de ce «regrettable accident» dont il «se désole», Abdelhamid Hakkar affirme contester «résolument» le fait que «prenant prétexte de cet accident», les médias français «s’autorisent à rappeler» son passé judiciaire «sans rapport aucun avec celui-ci».
L’intéressé estime que ces derniers «violent délibérément» son «droit à la réinsertion sociale», sa vie privée comme son «droit à l’oubli». Un rappel qui lui «cause de graves répercussions et préjudices» dans sa vie sociale, autant qu’à tous ceux portant le même patronyme que le sien, attentant à leur honneur et à leur réputation.
D’autre part, il s’élève contre le fait qu’ils se soient «autorisés à rajouter aux faits, sans les vérifier et sans preuves, voire sans [m’en] interroger contradictoirement, des assertions aussi mensongères que diffamatoires, en [m’]accusant de conduire sans permis, lequel, selon vous, aurait été annulé depuis l’année 2017, pour laisser penser à l’opinion publique que [je] commettais déjà ainsi une première et grave infraction qui aurait dû, déjà à elle seule, si elle avait été véritablement avérée, [me] conduire directement en prison».
«Sur ce dernier point, je réfute formellement votre accusation. Au jour de ce malheureux accident, j’étais doté de tous les justificatifs me permettant de régulièrement conduire, il s’entend : permis de conduire, assurance, carte grise, certificat de contrôle technique, autant que ma voiture était en parfait état de fonctionnement et ne présentant nulle mise en danger», explique Abdelhamid Hakkar, qui semble ne pas en avoir fini avec l’injustice qui lui colle à la peau au pays des droits de l’Homme. «Etant ajouté que je ne me livre ni à des boissons alcoolisées ni à quelque produit stupéfiant que ce soit ; malgré les résultats des tests négatifs, cela n’a pas empêché l’un des policiers de m’accuser faussement de m’être révélé – rien que ça ! –positif à la cocaïne», s’insurge-t-il.
Abdelhamid Hakkar précise qu’il a attendu sur les lieux l’arrivée des forces de l’ordre «pour autant m’expliquer sur le déroulement de ce tragique événement que leur remettre tous mes documents, dont très précisément mon permis de conduire». «Si mon permis de conduire avait été véritablement annulé ou invalidé courant 2017, comme vous le rapportez, dans la mesure où, circulant en moto 9 mois sur 12, pourquoi, lors de mes interpellations courant 2021, 2022 et 2023 pour des excès de vitesse de 5 à 20 km/h, les forces de l’ordre, après contrôle et remise de contraventions, me restituaient-elles à chaque fois mon permis de conduire ?» interroge-t-il.
Hakkar, qui dénonce une «ineptie», indique avoir appris que les services de la préfecture ont diffusé une fiche de recherche contre lui, au motif qu’il serait détenteur d’une carte nationale d’identité qu’il aurait obtenue «indûment» et «frauduleusement». Ce, «quand bien même j’avais été définitivement relaxé de ces mêmes chefs par décision de justice début 2012», assure-t-il.
«Je savais les efforts immenses que je devais déployer pour me réadapter et me réinsérer dans la société, mais je ne me doutais pas des chausse-trappes et des manœuvres mesquines auxquelles je continuerai à être confronté plus d’une décennie plus tard», s’étonne-t-il, en rappelant, à son tour, ce que le colonialisme français lui a fait subir dans son village natal.
«Toute ma vie n’a été qu’un chemin de croix, depuis mon bombardement au napalm dans ma demeure des Aurès et qui continue de me brûler dans ma chair et dans mon âme, quand les recours en réparation exercés restent vains à aujourd’hui, en passant par les affres subis dans les bidonvilles de Nanterre, comme la marche pacifique du 17 octobre 1961, dans les rues parisiennes, jusqu’à cette fatidique année 1984, me valant l’emprisonnement à vie et, à présent, par ce triste accident de circulation où l’on continue, par des moyens vils, de me pourfendre en me couvrant d’opprobre et d’anathème», peste-t-il.
H. A.
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