Le recteur de la Grande Mosquée de Paris s’apprête-t-il à falsifier le Coran ?
Par Karim B. – Obscure initiative que celle que vient d’annoncer le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui compte élaborer une nouvelle traduction du Saint Coran. Chems-Eddine Hafiz, juriste de formation, à mille lieues de la théologie, de l’exégèse et de la linguistique, est-il habilité à entreprendre une telle démarche sensible ? «Après l’islam de France, maintenant c’est le Coran de France», récriminent des dignitaires religieux.
Le recteur controversé de ce lieu de culte, transformé peu à peu en un appendice au service du CRIF, abat ses cartes dès l’abord et prévient que la nouvelle mouture du texte sacré de l’islam devra «tenir compte des nuances culturelles et des contextes dans la traduction […] pour garantir que le message coranique est(*) compris de manière appropriée par les musulmans du XXIe siècle et dans un contexte culturel particulier». En clair, ce serait une version adaptée aux lois de la République française, Chems-Eddine Hafiz se pliant ainsi à ceux qui, en France, exigent que des passages du Coran soient carrément supprimés. L’exécutant, ne pouvant franchir cette ligne rouge, semble avoir été instruit de modifier le contenu de certains versets en prétextant une sorte de «mise à jour» et d’«adaptation» aux temps modernes. Au vrai, une trituration de la substance même du Coran, dont on peut deviner que la traduction pourrait déjà être prête et que l’appel de la Grande Mosquée de Paris n’est qu’une diversion.
Chems-Eddine Hafiz précise pourtant qu’une première transposition du Saint Coran de l’arabe vers le français a été effectuée du temps de Hamza Boubakeur, qui a régné sur cette institution cultuelle de 1957 à 1982. Pourquoi, alors, une nouvelle variante, que le recteur veut confier à «une équipe interdisciplinaire comprenant des linguistes, des experts en culture islamique, des théologiens et des spécialistes des études coraniques» ? «Pour dénaturer l’islam et le fondre dans la République, ce dernier plaidant pour que celle-ci soit au-dessus du texte coranique», explique-t-on à Paris, où il faut s’attendre, nous dit-on, à une levée de boucliers pour empêcher ce qui s’apparente à un sacrilège.
L’appel lancé à d’«éminents érudits en langue arabe, en langue française et en études islamiques, ayant une compréhension profonde du Coran, des grammaires arabe et française et des traditions islamiques», à des «traducteurs compétents qui ont une expertise dans la traduction de textes religieux» et à des «imams connus et respectés» pour «garantir que la traduction respecte la signification et l’interprétation correctes du Noble Coran du point de vue théologique», n’est que de la poudre aux yeux, avertit-on.
«Le but réel d’une telle action aussi malsaine que dangereuse est de déformer le sens du Coran et il est peu probable que de vrais érudits acceptent de se rendre coupables d’une gravissime profanation du Livre révélé», assure-t-on.
K. B.
(*) Nous avons laissé le verbe tel que conjugué par notre brillant jurisprudent qui devra réviser ses leçons de grammaire avant de songer à se lancer dans une entreprise intellective qui le dépasse.
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