RFI : la commission mémorielle algéro-française se réunit ce jeudi à Paris
Par Kamel M. – C’est encore une fois par le biais des médias français qu’on apprend la tenue d’une réunion de la commission mémorielle mixte, cette semaine, dans la capitale française. «C’est une information RFI», précise Radio France International, dans un article relayé par l’historien français Benjamin Stora, co-président de cette instance mise en place par les présidents Tebboune et Macron, l’été 2022, pour (ré)écrire l’histoire de la Guerre de libération nationale. «Deux mois après une première réunion en Algérie, la commission d’historiens franco-algérienne va se réunir jeudi prochain à Paris. A l’issue de ce rendez-vous, les dix membres de la commission visiteront pendant plusieurs jours différentes institutions», indique RFI.
Le média public français croit savoir que la délégation algérienne «a récemment reçu le feu vert du palais d’El-Mouradia pour participer à ce rendez-vous» et que «les historiens algériens, avec à leur tête Mohamed Lahcen Zeghidi, avaient émis le souhait que la rencontre puisse se dérouler en province, Aix-en-Provence ou Marseille par exemple, deux villes qui hébergent un grand nombre d’archives algériennes». «Mais pour des raisons pratiques, la réunion aura finalement lieu à Paris», précise RFI, qui ajoute que l’Elysée a confirmé que la rencontre se déroulera ce jeudi 25 janvier aux Archives nationales.
Fin novembre dernier, Benjamin Stora et une équipe d’historiens français se sont déplacés à Constantine pour y rencontrer leurs homologues algériens. «La commission mixte d’historiens algériens et français sur la période coloniale et de la Guerre d’indépendance a tenu mercredi, à Constantine, dans l’est algérien, sa première réunion en présentiel, après une première rencontre par visioconférence en avril dernier», rapportaient les journaux français, qui avaient été nombreux à répercuter cette information, contrairement aux médias officiels nationaux. C’est que la volonté affichée par les présidents algérien et français de mettre en place cette autorité académique pour, espèrent-ils, solder symboliquement le lourd contentieux qui divise, à ce jour, l’Algérie et la France, près de soixante ans après l’Indépendance, se heurte à une farouche opposition de part et d’autre de la Méditerranée.
En Algérie, les déclarations d’Emmanuel Macon, qui réitère sans cesse sa position consistant en un refus catégorique de présenter des excuses et de faire acte de repentance à l’égard de l’ancienne colonie, annihile de fait le rapport de Benjamin Stora sur la question. En France, c’est surtout dans les milieux harkis et pieds-noirs que les réactions les plus virulentes ont suivi la diffusion du rapport de près de 150 pages, contenant 25 propositions émises par celui qu’on qualifie d’«historien de la réconciliation». «Après la remise du rapport commandé à Benjamin Stora sur la colonisation et la Guerre d’indépendance de l’Algérie, la Présidence française n’envisagerait que quelques actes symboliques. Ce n’est certes pas une telle déclaration qui va rendre plus sereines les relations économiques, culturelles et de bon voisinage entre les deux pays», écrivait un représentant de cette communauté, connu pour son animosité viscérale envers les Algériens.
Dans son mémoire remis au président français, en janvier 2021, Benjamin Stora préconise l’institution d’un «Traité mémoire et vérité» entre l’Algérie et la France. L’historien natif de Constantine appelle à «regarder et lire toute l’histoire pour refuser la mémoire hémiplégique», en suggérant qu’«un rapprochement entre la France et l’Algérie passe par une connaissance plus grande de ce que fut l’entreprise coloniale».
K. M.
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