De Gaza à Mayotte
Par Khider Mesloub – La décision du gouvernement français de suspendre le droit du sol à Mayotte, qui sera de facto remplacé par le droit du sang, rappelle curieusement l’adoption par Israël de la loi sur l’«Etat-nation» consacrant la suprématie juive. Cette loi adoptée le 19 juillet 2018, accorde aux juifs la suprématie sur tous les citoyens israéliens non juifs, ce que les critiques et les membres de la minorité palestinienne de l’Etat qualifient de «raciste», assimilant cette loi à l’apartheid. Cette loi, entérinant la discrimination raciale, ne stipule nullement que les citoyens palestiniens et les autres citoyens non juifs d’Israël ont droit à un traitement égal en vertu de la loi. Aussi, depuis son adoption, cette loi consacre un système de droits à deux niveaux, autrement dit l’apartheid.
Cette loi raciste, qui fonde la citoyenneté israélienne exclusivement en fonction de la religion hébraïque, dévoile la vraie nature de l’Etat d’Israël : nationaliste, ségrégationniste, suprémaciste, ethnocratique et théocratique. Au reste, cette loi fondamentale déclare notamment que les implantations juives «relèvent de l’intérêt national». Autrement dit, elle encourage, justifie et légitime la colonisation des territoires palestiniens. Et au-delà des frontières israéliennes.
A l’époque, Mazin Qumsiyya, écrivain et activiste, avait expliqué qu’Israël s’engageait dans une dérive suprémaciste et génocidaire : «Les Etats colonialistes comme Israël vont vers un extrémisme de plus en plus important avant d’arriver à l’un des trois résultats connus du colonialisme : le résultat algérien (un système ethnique à deux niveaux), le résultat australien-américain (génocide des indigènes), ou le modèle du reste du monde (coexistence dans un Etat pluraliste).» Israël a emprunté les deux premières voies.
Assurément, le gouvernement Macron s’aligne sur la politique arbitraire et discriminatoire de l’Etat d’Israël. Comme les Palestiniens, les autochtones de l’archipel des Comores sont victimes d’exactions et de répression, notamment dans la colonie française de Mayotte. Les opérations actuelles de répression policières contre les Comoriens sont complétées, depuis plusieurs mois, par de fréquentes chasses aux «étrangers», organisées par des collectifs d’individus «mahorais». Ces collectifs se livrent à des exactions contre les Comoriens, à la destruction de leurs habitations précaires.
Ces derniers mois, ces agissements se sont multipliés. Probablement encouragés par le laxisme des autorités coloniales françaises. Et, surtout, par les élites mahoraises qui alimentent un climat de xénophobie envers les Comoriens.
Ces exactions rappellent celles qui sévissent en Cisjordanie, perpétrées par les colons sionistes.
K. M.
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