Israël : un fanatisme grandissant, une société qui se talibanise et un futur alyah inversé
Une tribune d’Ilyes Zouari – Parallèlement à l’effroyable et sanguinaire occupation multidécennale de la Palestine, une des occupations les plus cruelles de l’histoire, Israël mène une politique d’apartheid particulièrement hostile aux minorités ethniques et religieuses historiques présentes sur son propre territoire. Loin d’adhérer aux valeurs de l’Occident, comme le prétend la propagande sioniste dont pâtit notamment le Liban, Israël est en réalité le pays le plus raciste et le plus ségrégationniste au monde, paradis des théories raciales, et est même en train de devenir un des pays les plus misogynes de la planète. Une situation dramatique, qui ne fait pourtant que s’aggraver d’année en année, du fait d’une totale impunité et pour des raisons démographiques liées à la montée en puissance des juifs ultra-orthodoxes.
Déjà majoritairement composée de suprémacistes juifs, religieux ou non, qui représentent un peu plus de la moitié de la population totale du pays, la société israélienne va continuer à se radicaliser au cours des prochaines années et décennies, principalement pour des raisons liées à la montée en puissance démographique des ultra-orthodoxes, dont le nombre double environ tous les 20 ans. Ainsi, et grâce à une fécondité exceptionnelle de plus de six enfants par femme en moyenne – en passe de devenir la plus élevée au monde –, et, dans une moindre mesure, à l’immigration d’extrémistes religieux venant principalement des Etats-Unis – où ils sont de plus en plus nombreux, et émigrerons davantage vers Israël –, ces derniers représentent aujourd’hui 13% de la population israélienne – et près de 20 % des élèves. Ce, après une hausse de 509% entre 1977 et 2023, contre 135% seulement pour le reste de la population. Et dans les prochaines décennies, ils devraient donc représenter près de 30% de la population israélienne en 2060, puis près de 60% à la fin du siècle.
Ainsi, la société israélienne sera de plus en plus contrôlée par les extrémistes religieux, qui s’attaqueront aux femmes et à toute forme de laïcité, instaurant progressivement une société assez semblable à celle de l’Afghanistan des talibans – dont ils s’inspirent déjà, sur certains points, dans les zones qu’ils contrôlent actuellement. Par ailleurs, et avec les religieux non ultra-orthodoxes et les autres sionistes non religieux, la population juive d’Israël sera presque entièrement constituée de suprématistes juifs, qui aggraveront ensemble la persécution des chrétiens et des musulmans du pays – accélérant ainsi leur départ. Ils seront une source permanente de tension dans la région en raison des velléités dominatrices et expansionnistes de certains d’entre eux, notamment en matière de ressources naturelles, ou encore avec le projet du Grand Israël, qui engloberait, outre la Palestine, une partie de chacun des autres pays voisins.
A moyen terme, la société israélienne sera si extrémiste et religieusement fanatique, que de nombreux Israéliens porteurs de valeurs humanistes ne se sentiront plus capables de vivre dans pareil environnement, et choisiront de s’exiler à l’étranger, renforçant ainsi encore davantage le poids des fanatiques. Certains d’entre eux iront refaire leur vie dans des puissances émergentes, tandis que beaucoup iront s’installer dans des pays occidentaux, et notamment ceux qu’avaient quittés leurs parents et grands-parents, faisant ainsi une sorte d’alyah à l’envers. Mais cette émigration touchera également un certain nombre de sionistes non religieux, qui éprouveront aussi de la difficulté à vivre dans une société en grande partie contrôlée par les ultra-orthodoxes.
Cependant, si l’afflux de juifs israéliens non suprématistes ne sera guère problématique pour leur nouveau pays d’accueil, où ils s’assimileront rapidement et dont ils contribueront au dynamisme et à la prospérité, comme les membres de l’UJFP, il n’en sera pas de même pour les immigrés sionistes. Lesquels utiliseront leurs positions, comme les membres du CRIF, pour arrimer leur nouveau pays de résidence à Israël, qu’ils placeront toujours au-dessus de tout, même au détriment des intérêts supérieurs du pays qui les accueille et qu’ils tireront ainsi vers le bas.
Encore assez épargnées par l’influence néfaste des lobbys sionistes, les puissances émergentes devront faire preuve de vigilance afin de ne pas reproduire les erreurs commises par les grandes puissances occidentales, où ces lobbys sont déjà extrêmement puissants et ravageurs – et dont le poids sera potentiellement renforcé par l’immigration future de sionistes israéliens. Et ce, comme il fut donc une nouvelle fois possible de le constater en France, avec les terribles censure et propagande pro-israéliennes au sujet du conflit israélo-palestinien, ou encore avec le fervent militantisme pro-israélien de la présidente de l’Assemblée nationale française, un des personnages clés de l’Etat et descendante d’immigrés juifs est-européens, Yaël Braun-Pivet. En effet, celle-ci avait publiquement déclaré son soutien inconditionnel à Israël, le 10 octobre, et outrepassé ses prérogatives en demandant à l’Assemblée nationale de faire de même, sans se soucier le moindre instant des conséquences dramatiques sur l’image et l’influence mondiales de la France, dont les intérêts ne sont, à ses yeux, que bien secondaires par rapport à ceux d’Israël («Israël über alles»).
Une réalité qui s’est à nouveau confirmée onze jours plus tard, le 21 octobre, lorsque celle-ci se permit de se déplacer en Israël afin de réitérer publiquement son soutien inconditionnel à l’Etat hébreu, cruelle puissance occupante et Etat le plus raciste et ségrégationniste du monde, et ce, alors que celui-ci avait déjà massacré plusieurs milliers de Palestiniens, et en contradiction avec la position officielle de la Présidence française, qu’elle œuvra toujours à soumettre aux intérêts israéliens. Un voyage au cours duquel elle avait d’ailleurs choisi de se faire accompagner par les plus fanatiques des soutiens à Israël, comme le député franco-israélien et suprémaciste juif, Habib Meyer, qui s’efforce depuis de nombreuses années à défendre les intérêts exclusifs d’Israël, en contribuant notamment à la propagande et à la censure, et en soutenant l’occupation de la Palestine et l’élimination progressive du son peuple, dont il considère la présence comme religieusement illégitime en Palestine.
I. Z.
Expert en géopolitique, en francophonie et en démographie, chercheur indépendant.
Ndlr : Extrait d’une tribune intitulée Israël ou la persécution des chrétiens, des musulmans, des Noirs… et des femmes, en 10 points stupéfiants occultés en Occident
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