Le Makhzen abandonne des Marocains bloqués en Côte d’Ivoire depuis la CAN
Par Kamel M. – Des Marocains bloqués en Côte d’Ivoire depuis plusieurs semaines ont lancé un appel au secours pour alerter sur leur situation difficile depuis que les autorités marocaines les ont abandonnés à leur triste sort. Ces Marocains, qui ont diffusé un enregistrement vidéo sur les réseaux sociaux, expliquent avoir été victimes d’un vol et que leurs passeports figuraient parmi les biens qui leur ont été dérobés par des malfaiteurs ivoiriens. Ils ont décidé d’organiser un sit-in permanent devant l’ambassade du Maroc à Abidjan, étant dans l’impossibilité, disent-ils, de faire autrement sans argent ni papiers d’identité. Ces supporteurs, qui devaient rentrer au Maroc dès après l’élimination de l’équipe marocaine de la Coupe d’Afrique des nations, dénoncent les autorités consulaires et diplomatiques de leur pays qui, affirment-ils, leur ont clairement fait savoir qu’elles n’allaient prendre aucune mesure pour leur venir en aide.
Ce n’est pas la première fois que le Makhzen abandonne ses ressortissants bloqués pour une raison ou une autre dans un pays étranger. En 2017, des dizaines de Marocains, la plupart sans document de voyage, se trouvaient depuis plusieurs mois détenus en Libye, otages des réseaux de trafic d’êtres humains, alors que les autorités de Rabat n’avaient rien fait pour les sauver. Malgré toutes les alertes lancées à travers des proches, aucun secours n’avait été apporté à ces ressortissants en détresse qui, en plus des maltraitances quotidiennes, étaient soumis aux plus vils chantages. Partis dans l’espoir de rejoindre l’Italie, fuyant la misère dans leur pays, ces migrants marocains cherchaient désespérément à se délivrer des mains de leurs geôliers qui leur demandaient une rançon qu’ils ne pouvaient évidemment pas payer.
Un de ces otages, père de sept enfants, originaire de la région de Khouribga, avait lancé un cri de détresse qui résumait l’état d’abandon total dans lequel se retrouvaient ces ressortissants marocains : «Nous voulons seulement rentrer au pays comme les Algériens, les Egyptiens ou les Nigérians. Nous attendons toujours une intervention royale pour mettre fin à nos souffrances et à celles de nos familles.»
Un autre témoignage, recueilli par le biais de la famille d’une des victimes, confirmait la présence de Marocains parmi les personnes vendues comme des esclaves en Libye, aux côtés des ressortissants issus des pays subsahariens : «Un gang nous a séquestrés et a pris contact avec le chef d’un réseau d’immigration clandestine pour nous vendre. La transaction a eu lieu. Notre acquéreur nous a obligés à payer le double de la somme qu’il a déboursée pour nous acheter. L’armée a fini par donner l’assaut contre les maisons que nous habitions à Sabratha et nous avons fini dans un centre de rétention.»
Pour protester contre le silence des autorités de leur pays, ces malheureux aventuriers n’avaient eu d’autre choix que d’entamer une grève de la faim. Le responsable d’un centre de rétention à Zouara avait attesté de l’état d’abandon dans lequel se trouvaient ces Marocains, assurant qu’aucune autorité ni aucune ONG marocaines n’avaient visité leur centre pour s’enquérir de leur sort.
Par le passé, le Maroc avait abandonné ses propres soldats qui avaient été faits prisonniers par le Polisario. Le roi Hassan II refusait de les rapatrier, niant jusqu’à leur existence pour éviter que soient révélées au grand jour les cuisantes défaites subies par l’armée marocaine sur le font sahraoui.
K. M.
Comment (19)