Les autorités saoudiennes mettent fin à la persécution des non-jeûneurs
Par Kamel M. – Nouveau «coup dur» pour les islamistes adeptes de la doctrine wahhabite en voie d’abolition en Arabie Saoudite. En effet, les autorités saoudiennes ont, par la voie de leur ministre de l’Intérieur, ordonné de mettre fin à la persécution des non-jeûneurs, même si ces derniers transgressaient ce pilier de l’islam et rompaient le jeûne sur la place publique. Riyad inscrit cette nouvelle décision dans le cadre du «respect des droits de l’Homme» et de «l’ouverture du pays sur la modernité» que l’homme fort de Riyad, Mohamed Ben Salmane, insuffle progressivement, abrogeant les uns après les autres les nombreux interdits religieux qui poussaient les Saoudiens à se rendre en Occident ou au Maroc et à Bahreïn pour assouvir leurs désirs réprimés.
Dès sa prise de pouvoir officieusement, Mohamed Ben Salmane a commencé par dissoudre la police religieuse qui était chargée de punir toute personne qui n’obéirait pas aux règles strictes imposées par le wahhabisme, battant de coups de fouet sans ménagement celles qui ne se rendraient pas à la mosquée à l’appel à la prière ou les femmes qui ne porteraient pas le voile intégral, conformément aux règles dictées par les muftis saoudiens. Ces premières mesures ont été suivies par l’autorisation accordée aux femmes de prendre le volant et l’organisation de concerts de musique à Riyad et à Djeddah.
Plus récemment, les autorités saoudiennes ont franchi un nouveau pas en rendant légale la commercialisation des boissons alcoolisées, tout en soumettant celle-ci à des restrictions, du moins, dans un premier temps. La vente est exclusivement réservée aux diplomates non-musulmans qui devront faire leurs achats personnellement et ne pourront pas déléguer une tierce personne pour ce faire. Un saupoudrage censé atténuer la colère des puritains saoudiens qui pourraient contester ce «blasphème». La vente est, par ailleurs, concentrée dans un espace réduit à Riyad, en attendant, peut-être, qu’elle soit élargie à d’autres quartiers ou d’autres villes.
En 2018, un mufti, membre d’une instance religieuse officielle saoudienne, avait provoqué un tollé général, en affirmant que le hijab dont se vêtissent les Saoudiennes n’était pas obligatoire. La déclaration du théologien avait été accueillie par des critiques, mais aussi par des soutiens émanant de Saoudiens qui commencent à exprimer librement leur rejet des contraintes imposées par le dogme wahhabite rigoriste.
Le changement de cap opéré par la monarchie saoudienne ne concerne pas que les mœurs, mais s’étend à la politique internationale, puisque les premiers signes d’un rapprochement timide avec l’Etat sioniste préludent, depuis plusieurs années, le très probable établissement de relations officielles entre Riyad et Tel-Aviv, même si l’agression israélienne contre Gaza en a retardé l’annonce.
Avec ce nouvel allégement – la non-persécution des non-jeûneurs –, l’Arabie Saoudite, qui était connue pour son islam intransigeant et violent, devient plus souple que l’Algérie où le non-respect du jeûne en public est passible de prison et d’une forte amende.
K. M.
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